Devenue une appellation incontournable, l’expression « Génération Y » fait référence aux jeunes gens âgés de 18 à 30 ans. Génération du millénaire, le groupe est déjà entré dans le monde du travail ou en passe d’y accéder… en cassant quelque peu les codes de l’entreprise.
En France, la génération Y regroupe environ 13 millions de personnes, soit près de 21 % de la population, née entre les années 70 et le milieu des années 90. Elle succède à la génération X qui elle-même suit la génération des « baby-boomers ». Ces trois groupes d’individus se retrouvent actuellement dans le monde de l’entreprise. Un manager doit être capable d’orchestrer le vivre ensemble intergénérationnel sans froisser les affects de chacun et en comprenant leurs spécificités, leurs rêves et projets de carrières.
Les points que nous mettons en lumière sont des généralisations et n’ont pas de valeur intrinsèque. Peut-être y trouverez-vous néanmoins des liens avec le management de certains de vos salariés…
Une génération qui casse les codes
Biberonnée aux nouveaux médias et aux technologies digitales, la génération Y est plus interconnectée que collective. Nés dans un univers d’échanges mondialisés, de mobilités et de transferts instantanés, elle est le fruit d’un monde sans frontière géographique mais aussi sans tabou. La génération Y n’est pas crédule et se pose énormément de questions. L’origine de l’expression renvoie d’ailleurs à la question « why » en anglais (pourquoi) dont le son est identique à la lettre Y dans la langue de Shakespeare.
Curieux par nature, les Yers remettent en question leurs actions dans l’entreprise en recherchant du sens dans leur travail. Issus de la « génération Dolto », ils adoptent un rapport décomplexé à l’autorité. Dans l’entreprise, ils ont la culture de l’open space, tutoient facilement leur hiérarchie, envoient des sms au bureau, résautent sur le web et vissent leurs écouteurs dans les oreilles. L’intégration de cette nouvelle génération de salariés occasionne parfois des difficultés. Les générations précédentes leur reprochent leur légèreté et ne supporte pas leur manque d’adhésion à la culture et aux valeurs de l’entreprise. Les aînés n’apprécient pas leur faible engagement collectif, leur individualisme et le fait qu’ils se pensent une « génération spéciale » sans avoir encore fait leurs marques. Ils leur reprochent leur volonté d’instantanéité : avoir tout, tout de suite.
La recherche de l’épanouissement personnel
Paradoxalement, la génération des Yers connait rarement son premier CDI avant le seuil des trente ans. Mais ils ne recherchent plus comme leurs prédécesseurs une entreprise dans laquelle ils resteront toute leur vie et feront carrière. Pour leur évolution, ils misent sur le développement personnel et agissent avec réalisme et lucidité pour obtenir les places qu’ils veulent. Ils adoptent une culture de l’instant et ont l’envie d’entreprendre. Ils se méfient des beaux discours de la part de leur hiérarchie et attendent les actes. Leur carrière professionnelle, ils l’imaginent plutôt comme une succession de tranches de vie plutôt qu’une évolution hiérarchique. Par ailleurs, leur vie privée importe d’autant plus que leur épanouissement personnel n’est pas négociable.
En tant que manager, vous devrez cultiver l’esprit tribu et collectif de votre entreprise en privilégiant les relations entre les différents départements de l’entreprise. Plus qu’une relation hiérarchique, la génération des Yers est attachée à échanger avec des collaborateurs provenant d’autres services. En leur fournissant la possibilité de se sociabiliser et de se faire des amis, ils se sentent valorisés dans leurs activités et ce, surtout si par l’intermédiaire du travail, ils ont l’occasion d’œuvrer dans des associations caritatives ou pratiquer un sport.
Un besoin de reconnaissance particulièrement marqué
Malgré le fait que la génération Y adopte une maturité apparente face à la crise et l’ambition de se débrouiller par elle-même, elle cache une grande fragilité. Alors que les « baby-boomers » ont expérimenté un monde où les emplois leur tendaient les bras, les nouveaux venus sur le marché du travail connaissent la peur du déclassement social. Face à eux, leurs parents et grands-parents, qui se sont démenés pour gagner leur place, comptent bien que les suivants fassent autant sinon mieux qu’eux. Contre eux, un taux de chômage sans équivalent avec plus d’un jeune sur cinq (22%) en recherche d’emploi, trois ans après avoir quitté l’école. Dans un monde où l’instabilité s’est généralisée, les diplômes n’assurent plus de protection ni de garantie. Elevés à la gratification instantanée, ils ressentent, dans le monde de l’entreprise, un besoin de reconnaissance immédiat et veulent se sentir considérés dans ce qu’ils font. Ces jeunes ne sont pas plus démotivés que les autres générations à travailler dans l’entreprise et ne sont pas moins fidèles. Mais ils ont besoin de se sentir impliqués et demandent à ce qu’on réponde à leur besoin de reconnaissance.
En tant que manager, communiquez sur leur travail en leur indiquant la manière dont ils participent aux avancées de l’entreprise. Permettez-leur d’exprimer leur créativité en les lançant sur des petits projets qu’ils peuvent s’approprier. Augmentez petit à petit l’ampleur de ces projets si vous êtes satisfait des objectifs atteints. Donnez-leur également la possibilité d’utiliser les nouvelles technologies. La génération des Yers se sentira considérée et dynamisée sitôt qu’elle aura l’impression de se sentir utile à l’entreprise. Elle exprime également l’ambition de se savoir reconnue et respectée par les salariés plus âgés qui l’entourent. Votre rôle, en tant que manager, est de faciliter la communication intergénérationnelle en mettant en valeur les différentes qualités présentes au sein de votre entreprise.
La génération Y est une génération très actuelle. Certains observateurs partagent plus l’idée qu’il s’agit d’une « culture Y » indépendante de l’âge auquel elle se rapporte. En tant que managers, vous prendrez avec recul ces notions sans dramatiser une « génération extraterrestre ». Selon une étude de l’Ipsos, 75% des salariés de 30 ans et plus, considèrent que recruter un jeune est plutôt un atout pour l’entreprise. Les chefs d’entreprises quant à eux considèrent la génération Y avec positivisme et ne ressentent pas forcément d’antagonisme particulier.
Pour conclure : manager la génération Y en 5 points
• Parlez « cash » avec eux
• Lancez-leur des défis pour les impliquer dans la vision de l’entreprise
• Priorisez les “stand-up meetings” aux réunions
• Usez du storytelling pour captiver leur attention
• Soyez flexible sur les horaires, privilégiez le résultat