Vapoter n’a jamais été aussi populaire. Face à la hausse du prix du tabac et ses répercussions sur la santé, la cigarette électronique est devenue une alternative au paquet classique. Inventée et brevetée depuis 2005 en Chine, ce vaporisateur, qui produit par le biais d’un liquide « une fumée artificielle » aromatisée, s’est démocratisé à partir de 2010 notamment grâce au e-commerce et à l’amélioration technologique. Alors que le marché est, aujourd’hui, en plein boom, les entreprises sont toujours plus nombreuses à tenter d’innover dans le domaine.
Faisant l’objet de nombreux débats concernant son impact nocif ou non sur la santé, l’e cigarette reste appréciée par les Français. Plus de deux tiers d’entre eux pensent que son développement a joué un rôle primordial dans la baisse du nombre de fumeurs, soit plus d’un million entre 2016 et 2017 (selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting réalisé en mai 2018 pour le journal Le Figaro et le média France Info, ndlr). 15 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles utilisent régulièrement la cigarette électronique et 30 % qu’elles en ont exclusivement recours. 69 % cumulent son usage avec celui du tabac traditionnel. Quoi qu’il en soit, le secteur de la cigarette électronique s’avère en pleine expansion.
Un business mondial florissant
Le marché mondial de la cigarette électronique a généré plus de 10 milliards de dollars en 2017 et devrait rapporter environ 30 milliards de dollars d’ici 2023, selon le rapport « Global E-Cigarette Market » publié par Research Cosmos (plateforme contenant des rapports de recherches haut de gamme sur différents domaines, ndlr). Réglementé par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, ndlr), ce business connaît un boom en raison des problèmes de santé liés à la cigarette traditionnelle mais aussi à cause de son prix, qui ne cesse d’augmenter. Le continent nord-américain est d’ailleurs celui qui détient la plus grande part du marché, avec 5,9 milliards de dollars en 2017, selon le cabinet d’études P & S Market Research.
Du côté de l’Hexagone, le marché serait estimé à 1 milliard d’euros, faisant de lui, le deuxième au monde en matière d’e cigarette, après les États-Unis, selon la FIVAPE (Fédération Interprofessionnelle de la Vape, organisation représentant les professionnels de la cigarette électronique en France, ndlr). Suivant la même source, le business a engendré plus de 14 000 emplois tandis que 2 500 boutiques et 200 sites d’e-commerce sont actuellement en place dans le pays. Au total, on chiffre à trois millions le nombre de consommateurs français, et certains vont même jusqu’à dresser un comparatif de la meilleur cigarette electronique. Le secteur a explosé en 2012-2013, avec une croissance de plus de 140 % et 2 700 ouvertures de magasins spécialisés. Néanmoins entre 2015 et 2016, il a accusé un recul de 10 %, puis 5 % avec la fermeture de plus de 600 « vape shops ». Parmi les causes de ce reflux, une campagne négative autour de l’e cigarette notamment concernant des études qui affirment qu’elle provoquerait des risques de cancer. Mais loin du déclin, le secteur français est reparti à la hausse à partir de 2017, profitant de la montée du prix du tabac, avec plus de 350 millions d’euros de ventes, selon l’institut Xerfi.
L’innovation pour se hisser au sommet
Pour profiter de ce marché florissant, des start-up n’arrêtent pas d’innover afin de mettre en avant un ensemble diversifié d’e cigarettes. Les professionnels du business veulent battre la concurrence en proposant des produits novateurs notamment avec les cigarettes électroniques intelligentes et connectées. Aux États-Unis, une jeune entreprise, Juul Labs, a su s’imposer et créer un vrai phénomène, particulièrement chez les jeunes. En moins de trois ans, elle est parvenue avec son appareil, le « Juul », à occuper plus de 70 % du marché américain. La firme de James Monsees et Adam Bowen, PAX Labs a créé cette e cigarette en 2015 puis a décidé de fonder Juul Labs, société indépendante en 2017. Son originalité : elle a la forme d’une clé USB, se recharge via un ordinateur et contient une quantité de nicotine comparable à celle d’un paquet de cigarettes. Ce concept séduit les adolescents qui se filment en train de vapoter sur les réseaux sociaux. Évaluée actuellement à 15 milliards de dollars outre-Atlantique, la start-up souhaite lever 1,2 milliard de dollars afin de se développer à l’international. Une ambition qui semble bientôt atteinte puisqu’elle a déjà récolté plus de 650 millions de dollars en juillet dernier. La jeune pousse vient d’ouvrir son premier siège international à Londres et 250 magasins à travers le Royaume-Uni vendent son appareil depuis mi-juillet, sur un secteur anglais estimé en 2017 à 1,73 milliard de dollars. Juul Labs prévoit de conquérir d’autres pays comme la France, l’Allemagne, l’Italie et Israël.
Dans l’Hexagone, la start-up Enovap, créée en 2015 par Alexandre Scheck et Julien Abulfeda, a conçu une e cigarette intelligente et connectée qui permet aux fumeurs de gérer leur consommation en nicotine. Un double réservoir est intégré et contient, pour l’un, un liquide sans nicotine et, pour l’autre, de la concentration nicotinique. Grâce à la technologie Hit Control, l’apport sera ainsi géré selon les besoins de l’utilisateur. Une fonctionnalité appelée Flavor Mix permettra de mixer deux saveurs suivant les goûts du client. Via une application installée sur son Smartphone, il pourra suivre sa consommation et sera accompagné afin de la diminuer, par le biais d’algorithmes et d’une intelligence artificielle qui apprennent de ses habitudes. La cigarette électronique Enovap sera disponible à la vente fin 2018.
Le business de l’e cigarette ne cesse de progresser et ses acteurs misent sur l’innovation pour devenir des leaders du marché. Le débat autour de ce phénomène est toujours vivace. Pour ses défenseurs, elle constitue une solution de sortie du tabagisme : Public Health England, agence de santé publique du Royaume-Uni, estime que la cigarette électronique est 95 % moins dangereuse que le tabac. Pour ses détracteurs, elle serait mauvaise pour la santé : selon une étude publiée récemment par des chercheurs de l’Université de Birmingham, elle endommagerait des cellules immunitaires dans les poumons.