CharLi, la start-up qui croît sans levée de fonds

Après être passée de 175 000 à 380 000 euros de chiffre d’affaires en un an, l’entreprise compte bien poursuivre sa croissance. Portée par sa marque phare CharLi Charger, solution de communication et de rechargement mobile, elle revendique une stratégie sans levée de fonds. Rencontre avec ses deux cofondateurs, Mikael Bes et Jean-Baptiste Antonini.

La naissance de CharLi.

L’idée du concept trouve son origine en Italie, en 2011, lorsque Mikael Bes fait la rencontre de Livio Valdemarin, un ingénieur : « Il faut s’imaginer le personnage comme celui d’un retraité, ayant dans la soixantaine, avec une moustache et très sympathique », raconte le dirigeant de CharLi, le sourire aux lèvres. L’ingénieur lui présente alors l’une de ses inventions, une borne permettant de recharger des Smartphones sans avoir recours à une prise électrique.

De retour en France, Mikael parle de cette invention à Jean-Baptiste Antonini, ancien camarade de son école de commerce et qui deviendra l’autre cofondateur de CharLi. Le processus enclenché, les deux associés mettront près de six mois à se lancer sur le marché. « Nous avons réalisé une étude approfondie afin de ne pas faire n’importe quoi. Il fallait penser notre stratégie tant sur le plan commercial que marketing que de la communication avant de présenter cette solution sur le marché français », explique Jean-Baptiste Antonini. En 2014, l’entreprise Smart Mobile Solutions, dont est issue la solution CharLi Charger, née.

Partir d’un besoin actuel et s’adapter selon ses évolutions.

L’aspect technique du produit CharLi Charger répond simplement à un constat, « celui de se dire que nous avons tous des problèmes de batterie. 71 % de la population qui possèdent des Smartphones sont nomophobes (« no mobile phobia », ndlr), c’est-à-dire qu’ils sont anxieux quand ils n’ont plus de batterie ou sont séparés de leur appareil », affirme Mikael Bes.

Peu importe le modèle du téléphone, la solution permet, selon lui, de recharger tout type de Smartphone grâce à ses cinq câbles rétractables, prévus pour les iPhones 5,6 et 7 ou Android, et à un port USB. « Ce dernier sert à recharger un sixième appareil tel qu’un eBook, une cigarette électronique ou un téléphone, à partir du moment où l’on dispose du câble sur soi », ajoute l’autre cofondateur, Jean-Baptiste Antonini. L’un des points forts de CharLi Charger demeure toutefois sa capacité d’évolution : « Même si les constructeurs prévoient de changer la connectique, nous pourrons procéder à la mise à jour en changeant les câbles ou port USB. »

Une borne de rechargement comme support de communication.

Doté d’un plexiglas sur sa partie supérieure permettant d’insérer une image telle qu’une offre promotionnelle ou un logo, « CharLi Charger est avant tout un support de communication », rappelle Jean-Baptiste Antonini. Le cofondateur précise sa pensée : « Capter l’attention des utilisateurs de Smartphone en rechargeant leur batterie implique qu’ils visualisent le message figurant sur le plexi, ce qui permet au propriétaire ou locataire d’un CharLi de communiquer avec ses clients. »

Grâce au NFC (Near Field Communication ou « communication dans un champ proche », ndlr) intégré, CharLi Charger permet également un « call to action », qui vise à ce que son utilisateur rejoigne, par exemple, l’établissement en question sur les réseaux sociaux. Au-delà d’une simple relation vendeur/client, entre CharLi et les professionnels qui ont recours à sa solution, il est aussi question d’un partenariat avec échange de visibilité, d’après les cofondateurs.

Ils prévoient d’aller encore plus loin en intégrant un écran HD, en phase de finalisation de prototypage et qui devrait être lancé sur le marché courant de cette année. « À court terme, cette forme de diversification devrait nous permettre de devenir une véritable régie média », s’enthousiasme Jean-Baptiste. Autrement dit, ils misent principalement sur le DOOH (Digital Out-Of-Home), qui « n’est pas l’exclamation que fait Homer Simpson en permanence (rire) », comme le rappelle le cofondateur, mais la notion désignant de la publicité extérieure digitale ou numérique.

Entreprendre sur des fonds propres…

L’une des particularités de CharLi demeure sa croissance sans levée de fonds. Partis sur des fonds propres d’un montant de 3 000 euros, les deux cofondateurs revendiquent un développement progressif et organique. « Lorsqu’on pense à une start-up, on a tendance à se dire que cela décolle tout de suite, qu’il faut lever des fonds et aller directement taper dans le mille. Notre philosophie s’avère de rester notre propre patron, d’accomplir nos objectifs et de suivre notre propre vision », explique Mikael Bes. Pour cette raison, ils ont préféré rester indépendants et ne pas faire appel à des investisseurs. Aujourd’hui, ils ne s’alimentent, selon eux, qu’avec leurs revenus commerciaux et leurs fonds propres. « Nous impliquons réellement nos collaborateurs, qui partagent ce parti pris de se construire au fur et à mesure. Pour être efficace, chaque euro dépensé doit en rapporter trois », ajoute-t-il.

… tout en poursuivant sa croissance.

Au cours de leur aventure, les deux associés ont, à plusieurs reprises, été confrontés à certains stéréotypes : « L’idée qui subsiste est qu’une start-up ne réussit pas sans lever des fonds. Nous nous battons contre cela en mettant en avant une belle croissance », témoigne Mikael. Passée de 175 000 à 380 000 euros de chiffre d’affaires en un an, CharLi justifie d’une croissance de l’ordre de 117 % sur l’année 2016.

Pour le cofondateur, il faut toutefois veiller à ne pas confondre développement lent et « slow business » (qui consiste à réintroduire une meilleure gestion du temps dans l’entreprise, ndlr). « On met souvent en opposition la notion de « slow business » avec une start-up qui croît rapidement alors que les deux ne sont pas incompatibles. Nous essayons de le prouver en montrant qu’il est possible de décoller à partir de fonds propres », explique-t-il. Pour 2017, Mikael et Jean-Baptiste placent la barre encore plus haut en se fixant un objectif de 800 000 euros de chiffre d’affaires, avec 4 000 CharLi Charger vendus, contre 2 500 l’année précédente.

Cibler des comptes clés.

Dès le départ, les cofondateurs se tournent vers ce qu’ils appellent des « comptes clés » et ciblés au préalable. En d’autres termes, des franchises. Fort de leur présence sur de nombreux salons et en activant leur réseau, ils décrochent un rendez-vous avec l’enseigne Columbus Café & Co et leur présentent CharLi Charger. « Ils ont adoré le concept. Ils proposaient déjà le Wifi à leurs clients et l’idée du rechargement rentrait parfaitement dans cette direction », raconte Jean-Baptiste Antonini.

Un véritable coup d’éclat pour les deux associés qui leur permet de mettre le pied à l’étrier : « L’enseigne a décidé d’utiliser CharLi dans l’intégralité de son réseau français, soit 150 points de vente, sans compter un taux d’ouverture de l’ordre d’une vingtaine d’établissements par an », ajoute-t-il. S’installer dans les lieux où il y a une fréquentation et un passage importants fait partie de leur stratégie. Une telle implantation leur a permis d’accroître leur visibilité au sein de lieux publics tels que des gares et de se faire repérer par la SNCF, particulièrement iDTGV, qui a intégré CharLi Charger dans ses trains.

Personnifier son produit pour le rendre plus accessible.

« La plus grosse erreur lorsqu’on parle de CharLi est de dire que c’est un chargeur », lance Jean-Baptiste Antonini. Les cofondateurs aiment personnifier leur produit. Sur leur site internet, une rubrique dédiée intitulée « Adoptez-le » semble suggérer l’idée que les gens qui achètent CharLi Charger doivent en prendre soin : « Il fait partie intégrante de l’entreprise étant donné qu’il rend service à tout le monde, en permettant de recharger sa batterie et en constituant le moyen de communiquer ». Récemment, les cofondateurs ont organisé le concours « Dessine-moi un CharLi », ouvert à tous les artistes. Jean-Baptiste revient sur son fonctionnement : « Nous fournissions un CharLi blanc et les artistes devaient le customiser en y apportant leur univers. La gagnante a pu éditer son œuvre en 50 exemplaires, réalisés à la main. » Une petite entorse à leur business model, basé sur le B to B, leur permettant de toucher un plus grand nombre de personnes.

Continuer d’innover grâce à la R&D.

Faisant appel à des prestataires externes tels que des écoles ou cabinets d’ingénieur pour toute leur partie développement, les cofondateurs bénéficient d’aides à la recherche. Leur statut de jeune entreprise innovante leur permet de ne payer qu’un tiers des charges patronales pendant sept ans et de profiter de subventions telles que le Crédit d’Impôt Recherche. « Cela est un peu comme une boîte de Pandore : nous avons accès à différentes expertises et bénéficions de subventions publiques », explique Mikael Bes. « Malgré notre croissance organique, notre objectif demeure de faire évoluer notre produit et ces aides permettent de débloquer certains verrous technologiques », précise-t-il. D’ores et déjà présent au sein de huit pays, CharLi compte bel et bien poursuivre son développement notamment grâce à l’innovation et surtout, sans levée de fonds !

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