Le CBD, des initiales qui recouvrent un marché juteux qui est celui du chanvre, c’est-à-dire du cannabis. En ce qui concerne l’expérimentation du cannabis thérapeutique en France, qui doit concerner environ 3 000 patients pendant deux ans, devait initialement débuter en septembre. Elle est reportée en janvier en raison de l’épidémie de Covid-19, a annoncé mercredi de l’Agence du médicament (ANSM). Un business du CBD qui fait sensation aux États-Unis… mais qu’en est-il de l’Europe ?
La légalisation du chanvre industriel aux États-Unis en 2018 a provoqué un boom autour du CBD. On estime que ce marché au pays de l’Oncle Sam, a représenté en 2018 environ 591 millions de dollars. Selon une étude du Brightfield Group publié en 2018 (prestataire américain spécialisé en études de marché sur l’industrie du cannabis, ndlr), celui-ci devrait être multiplié par 40 d’ici 2022, soit plus de 22 milliards de dollars. Concernant l’Europe, les estimations sont un peu plus difficiles à mesurer étant donnée la volonté des autorités de contenir ce marché en forte hausse , en édictant des règles répressives.
Toujours d’après l’étude du Brightfield Group, ce marché du CBD en Europe en 2019 était estimé à 285 millions d’euros. D’ici à 2023, elle prévoit une croissance de 400 %, soit plus de 1,4 milliard d’euros. C’est le Royaume-Uni et l’Autriche qui composent les plus gros marchés européens du CBD, avec 80 millions chacun.
Le CBD s’invite sur le marché et se diversifie dans plusieurs domaines.
Légal dans certains états aux États-Unis, dépénalisé aux Pays-Bas, le cannabis attire de nombreux consommateurs pour différentes raisons, tant au niveau récréatif que médical. Si pour la majorité des pays de la planète, la consommation et la production de cette substance est interdite, un flou juridique autour du CBD (cannabidiol, composé moléculaire actif majeur du cannabis, également appelé chanvre, ndlr) permet à des entreprises notamment en France de se lancer dans ce nouveau marché en diversifiant les produits. Produits alimentaires, cosmétiques, de santé et de bien-être, elle s’invite partout, soulignant ses bienfaits notamment sur la réduction du stress ou encore de l’anxiété.
Le secteur de la cosmétique a été l’un des premiers à franchir le pas en implantant du CBD dans ses huiles et ses baumes : la marque américaine de maquillage NYX a d’ailleurs lancé en juin 2019, une collection de quatre produits à base d’huile naturelle de chanvre, intitulé « Bare With Me Cannabis Sativa Seed Oil Collection » afin d’hydrater et adoucir la peau. Au salon de l’agriculture 2020, plusieurs acteurs du secteur agricole français comme Invivo Food & Tech et Interchanvre ont multiplié les présentations de produits comme de la confiture au chanvre, des graines qui apporteraient un apport protéiné et du lait relaxant.
L’entreprise Food Chéri spécialisée dans les repas frais et faits maison, livrés à domicile ou au bureau, a quant à elle, lancé en janvier dernier, lors d’une semaine spéciale, des « menus censurés » au cannabidiol dans plusieurs grandes villes françaises : à la carte, des salades, des falafels, des pâtes, des barres de céréales et cookies contenant de l’huile de chanvre. Preuve du succès, en trois jours, la totalité du stock était épuisée.
Une consommation du CBD qui touche surtout les jeunes et les hommes.
14 % ! C’est le pourcentage des Américains qui utiliseraient régulièrement des produits au CBD selon un sondage réalisé par l’entreprise américaine Gallup. 50 % n’en utiliseraient pas tandis que 35 % ne connaîtraient même pas l’existence de cette substance. 20 % des adultes de moins de 30 ans en consommeraient aux États-Unis contre 8 % des personnes âgées de plus de 65 ans. Parmi les sondés 40 % citent le soulagement de la douleur comme principal but de sa consommation, 20 % le lient à l’anxiété.
En Europe, d’après un rapport de New Frontier Data en 2019, il y aurait plus de 500 millions de consommateurs potentiels. Via un panel, 56 % des répondants indiquent avoir entendu parler du CBD mais seulement 16 % déclarent avoir utilisé du CBD ou des produits à base de cannabidiol. Le motif d’utilisation du CBD reste pour eux, la gestion de la douleur (40 %), suivie de près par la relaxation (34 %). Dans l’Hexagone, selon une enquête réalisée auprès de 759 consommateurs français en septembre 2018, 69 % des consommateurs seraient des hommes pour seulement 31 % de femmes. 37 % du panel des consommateurs serait âgé de 25 à 34 ans tandis que 28 % seraient âgés de 35 à 44 ans. 41 % estimeraient que cela les aiderait pour des troubles dépressifs / anxieux et 24 % à mieux supporter leurs douleurs chroniques.