Coup de tonnerre dans la planète des web médias. Le 7 juin dernier, BuzzFeed a annoncé la fermeture de sa filiale française avec, à la clé, le licenciement de quatorze salariés. Le site d’informations et de divertissement présent sur les réseaux sociaux a été la cible de toutes les attentions. Au bilan, un buzz mais aussi une grève et une décision judiciaire…
BuzzFeed en difficulté
Créée par Jonah Peretti en 2006, la société américaine de médias internet, BuzzFeed, est progressivement devenue un élément puissant parmi les sites d’information et de divertissement en ligne. Un succès qu’elle doit notamment à ses contenus interactifs tels que des quiz, des listes d’images mais aussi à une présence forte sur les réseaux sociaux. En 2013, BuzzFeed décide alors de se lancer à l’international en s’implantant au Royaume-Uni, au Canada, en Inde, en Allemagne, en Espagne et en France. Mais voilà, son modèle économique, entièrement axé sur la publicité intégrée, subi un choc. En cause, le nouvel algorithme de Facebook qui privilégie les contenus publiés par le profil d’un utilisateur plutôt que ceux émanant d’une page d’un média ou d’une marque. Malgré ses 233 millions de visiteurs par mois, l’objectif de la société d’atteindre les 350 millions de chiffre d’affaires l’année dernière s’est soldé par un échec, avec un écart estimé entre 15 et 20 %. L’entreprise a également abandonné l’idée de s’introduire en bourse. Fin 2017, le site américain s’est décidé à licencier 20 personnes sur 204 salariés au Royaume-Uni et 100 sur 1 700 aux États-Unis. Et le 7 juin dernier, Scott Lamb, vice-président du développement international de BuzzFeed, a annoncé la cessation d’activité de la filiale française… Les réactions se sont faites sans appel.
Des salariés en grève pour protester
Dans le but de contester cette décision, les salariés de BuzzFeed France ont décidé d’entamer une « grève illimitée » à compter du 25 juin dernier. Ils demandaient « le droit d’être informés loyalement des véritables motifs à l’origine du projet de fermeture », « des mesures d’accompagnement dignes » mais aussi « l’indemnisation du préjudice résultant de la perte précipitée de leur emploi ». L’annonce de la fermeture a suscité l’incompréhension au sein de la rédaction. Lancée en 2014, la version française du site connaissait pourtant une bonne audience avec 2,7 millions de visiteurs en mars 2018, selon Médiamétrie ainsi qu’un bénéfice de 69 000 euros pour un chiffre d’affaires de 1,4 million d’euros l’année dernière. D’abord concentré sur des sujets légers et divertissants, le web média s’est lancé, avec son pôle BuzzFeed News, dans des enquêtes plus sérieuses et remarquées comme pour l’affaire Fillon ou le Front national. Les dirigeants de l’entreprise ont justifié leur décision par les faibles revenus générés » et par la « concurrence féroce des autres plateformes comme Konbini ou Brut. Les employés dénoncent l’inaction de la maison-mère américaine qui n’a jamais instauré de régie publicitaire malgré de nombreuses demandes. Une action en justice a donc été entamée par les salariés de BuzzFeed France.
Une décision suspendue par la justice
La procédure de licenciement économique a été suspendue par le Tribunal de Grande Instance de Paris, le 27 juin dernier. Il a considéré que la direction américaine du média mondial de divertissement n’avait pas transmis des données économiques convenables pour expliquer la fermeture de la succursale française. Une victoire judiciaire pour les salariés de BuzzFeed France. La maison-mère s’est, quant à elle, dite prête à fournir tous les éléments nécessaires qui valideront sa décision et a annoncé qu’elle ne reviendrait pas sur sa décision de cesser son activité dans l’Hexagone.