Google, la mutation
Sans aucun doute, le plus gros buzz médiatique 2015 constitue la mutation de Google en une entité plus grande : Alphabet. Un pari osé fait par les fondateurs du célèbre moteur de recherche, afin de réorganiser l’entreprise et de sectoriser au mieux ses différentes activités. Concrètement, que s’est-il passé ? Dans la nuit du 10 au 11 août 2015, Larry Page et Sergey Brin ont annoncé la création d’une holding, Alphabet, qui chapeautera désormais l’ensemble des activités du groupe, dont Google est une partie. Au total, à part Google, Alphabet comptera sept filiales dirigées chacune par un directeur général. Elles sont, dans l’ordre alphabétique : Calico (lutte contre le vieillissement), Capital (finance), Fiber (fournisseur d’accès à Internet), Nest (domotique et objets connectés), Sidewalk (technologies et urbanisation), Ventures (investissements) et X (laboratoire multiprojets à long terme). Quel est l’objectif stratégique derrière cette restructuration, qui a fait couler beaucoup d’encre à l’été 2015 ? D’abord, en opérant de la sorte, le groupe sépare son cœur de métier de ses métiers « annexes », ce qui a pour conséquence d’affirmer son positionnement multiple et de se démarquer de son image liée au simple moteur de recherche. Second avantage, et non des moindres : ce revirement de stratégie devrait permettre aux fondateurs de répondre aux exigences de la bourse de Wall Street, qui désire y voir plus clair dans les résultats financiers de l’entreprise en fonction de ses différentes branches d’activité. La structure sera notamment mieux armée pour lutter contre des procédures liées à l’abus de position dominante. Côté responsabilité des dirigeants, Larry Page devient directeur général d’Alphabet et Sergey Brin en sera le président. Pour marquer le coup, les deux cofondateurs ont réservé le nom de domaine https://abc.xyz.
Comment les marques ont surfé sur les sorties cinéma de 2015
James Bond 007 s’affichant dans « Spectre » ou la sortie du tout nouvel opus de Star Wars signé Disney : voilà deux sorties cinéma qui ont fait le buzz de cette année 2015. Assurément, les marques ne se sont pas fait prier pour surfer sur ces actualités brûlantes de l’univers cinématographique. En ce qui concerne l’agent secret au service de sa majesté, les entreprises ont depuis longtemps compris l’intérêt d’y associer leur image. Les films de l’agent double zéro se monnayent d’ailleurs de plus en plus cher pour quiconque désire y associer sa marque. En première ligne, les marques d’alcool. Car James Bond boit, et ce n’est pas nouveau ! Dans « Spectre », la vodka Belvédère, ainsi que la marque de bière Heineken et le champagne Bollinger se sont associés à la production pour des campagnes publicitaires. Il en va de même pour les constructeurs automobiles Aston Martin, Jaguar et Land Rover, présents dans le film sorti sur les écrans le 11 novembre 2015. On note également la présence de la marque de téléphone Sony ou de l’enseigne vestimentaire Tom Ford, parmi les 12 marques partenaires du film. De quoi donner une belle image de son entreprise aux spectateurs. D’autant que Daniel Craig, en bon ambassadeur, n’a pas hésité à faire la promotion de plusieurs de ces marques, s’invitant dans le clip publicitaire d’Heineken ou sur l’affiche dédiée à la marque de montres Omega. Succès garanti ! Tout aussi médiatisée, la sortie du nouvel opus de Star Wars (le réveil de la Force, ndlr) a donné lieu à son lot de récupération au profit du marketing de nombreuses marques. C’est le cas de Volvic, qui a édité de nombreuses bouteilles à l’effigie des héros de la saga, ou de Philips, qui a commercialisé des suspensions de lampes à l’image de Dark Vador. Duracell a sorti un spot publicitaire à la TV, dans l’objectif de montrer à quel point les piles de la marque éponyme étaient d’une efficacité redoutable pour donner vie aux gadgets Star Wars. Certaines marques ont également surfé sur la sortie du film pour communiquer de façon décalée. Marc Dorcel y est d’ailleurs allé de sa petite campagne, en mettant en valeur des sextoys phosphorescents, ressemblant étrangement à des sabres laser. Enfin, du côté des instances publiques, on a même récupéré l’événement pour attirer les foules. C’est le cas dans l’Education Nationale, qui a invité les candidats au métier d’enseignant à se faire connaître, grâce à la campagne « Je suis ton prof ». Même stratégie du côté de la gendarmerie, qui a édité une affiche similaire à celle de Star Wars, le réveil de la Force, pour communiquer sur son image. On peut y lire : « Gendarmes, la Force est déjà là pour vous ». Le marketing a également pénétré le milieu politique. Le député Les Républicains Bruno Le Maire a twitté « Je suis Le Maire, Bruno Le Maire. Le côté clair de la force politique. » Comme quoi, on serait prêt à tout pour faire le buzz…
Le succès d’un jeu de cartes grâce au crowdfunding
Décidément, Kickstarter est le lieu qui met en avant les projets les plus fous. En 2014, le projet le plus financé sur le site de crowdfunding n’était rien d’autre qu’une… salade de pommes de terre ! Son créateur avait récolté 55 000 dollars (quand même !) alors qu’il requérait initialement seulement 10 dollars. Les fonds avaient été finalement versés à une association caritative. L’année dernière en revanche, le record a été porté à plus de 8,7 millions de dollars avec… un jeu de cartes ! Exploding Kittens -c’est son nom- possède un principe simple : vous disposez des cartes sur une table, à l’image d’une bataille, mais il faut éviter de tomber sur le chaton qui explose, sous peine de se voir éliminé du jeu. Le produit a attiré 219 000 participants pour sa campagne de financement participatif. Quels sont les secrets d’une telle campagne ? La clé n°1 semble résider du côté des illustrations. Ces dernières ont été conçues par Matthew Inman, créateur du site The Oatmeal. Très attirantes pour l’œil, facilement compréhensibles à l’international même si la langue utilisée est l’anglais, elles ont été publiées directement sur la page du projet pour illustrer le concept au travers d’infographies. Second atout : le prix du produit. 20 dollars seulement pour ce jeu de cartes, et ce quel que soit le pays dont vous provenez. Preuve de son succès fulgurant, les fondateurs du jeu ont atteint leur objectif initial (10 000 dollars) en à peine 20 minutes… Bluffant !
Nescafé s’associe à Facebook pour une campagne inédite
Avec Publicis à la manœuvre, la célèbre marque de café s’est associée à Facebook fin 2015 pour développer une campagne marketing se basant sur le nouveau format vidéo sur mobile « à 360° » du réseau social. L’opération, baptisée « Good Morning World », proposait aux fans de la marque de découvrir dans la vidéo de jeunes couples issus du monde entier qui partageait ensemble un petit déjeuner en fredonnant le tube « Don’t Worry » (feat. Ray Dalton), de Madcon. Chaque couple possède évidemment son mug de café Nescafé, et les internautes peuvent les découvrir en navigant de droite à gauche pendant la vidéo. Petit plus : les protagonistes utilisent les ustensiles du quotidien (fourchettes, plats, micro-ondes) en guise d’instruments pour rythmer la chanson. Le clip, inspiré de la fameuse « Cup song » américaine (principe selon lequel les internautes créent leur vidéo et utilisent leur tasse à café comme instrument de musique), montre à quel point Nescafé entend séduire les jeunes générations et s’appuyer sur les nouvelles technologies, réalité virtuelle et mobile en tête, pour y parvenir.
Mikado, un bad buzz calculé… et efficace !
Provoquer volontairement un bad buzz pour promouvoir sa marque et ses produits, il fallait le faire. Mikado s’y est essayé en janvier 2015, et l’opération a plutôt pas mal marché. La marque agro-alimentaire a lancé une campagne de promotion toute banale pour son soi-disant nouveau produit intitulé Mikado Stick. Sur Twitter, Mikado a créé le hashtag similaire pour faire parler de la marque. Sauf que les slogans accolés à la campagne marketing avaient tout pour intriguer l’internaute. On pouvait lire « Mikado Stick, le biscuit qui ne fond pas dans la bouche », ou « Mikado Stick, sans chocolat. Sinon il y en aurait. » ou bien enfin « Mikado Stick, un biscuit entouré de rien d’autre que du biscuit ». Quelle idée ! Promouvoir un biscuit sans chocolat, la marque n’y pensait pas. à la suite de cette campagne, nombre d’internautes sont tombés sur Mikado et n’ont pas hésité à critiquer ouvertement l’enseigne sur les réseaux sociaux, invectivant au passage le community manager de la marque, qui est lui-même entré dans le jeu de la critique envers sa propre marque. Seulement voilà : la campagne était fausse de A à Z et la marque a attendu quelques jours avant de poster sur ses comptes la photo du véritable produit : le Mikado King qui, lui, comporte bien du chocolat. L’agence de publicité Romance a monté toute l’opération de concert avec Mikado. Le résultat est astronomique. Selon Christophe Lichtenstein, président de l’agence Romance, « l’engagement des consommateurs a progressé de près de 300 % sur les réseaux sociaux de la marque (…) et l’audience organique a [été estimée à] plus d’un million de personnes après 3 jours. » Les chiffres parlent d’eux-mêmes…
Uber enfonce le clou avec un jeu vidéo
Comme si le service de VTC le plus connu au monde n’avait pas suffisamment fait parler de lui en 2015… Uber, qui s’attire la foudre des chauffeurs de taxis dans le monde entier, a fait une nouvelle fois parler d’elle en juin 2015. L’entreprise a lancé aux états-Unis un jeu mobile disponible sur iOS et intitulé UberDRIVE. Le principe ? Comme dans la vie réelle, il s’agit de conduire des passagers d’un point A à un point B, le tout dans les rues de plusieurs cités américaines. Attention : vous écoperez de pénalités si vous enfreignez le code de la route. à l’inverse, vous récolterez la satisfaction de vos clients si vous parvenez à éviter les problèmes de circulation. à la fin de chaque partie, l’utilisateur est invité à rejoindre véritablement la société Uber pour gagner de l’argent en tant que chauffeur VTC, dans la vraie vie. La start-up américaine profite également de cette application pour l’utiliser en interne, comme un « Serious Game », c’est-à-dire un jeu à vocation managériale, qui vise à former ses propres chauffeurs. Stratégiquement, ce lancement est intéressant pour la marque, car il permet à la fois de faire connaître ses services au plus grand nombre, et de redorer son image, ternie par les nombreuses poursuites en justice auxquelles elle fait face dans les pays européens principalement. Pas sûr que cette nouveauté fasse encore une fois plaisir aux taxis …
Michel & Augustin enchaînent les buzz
La célèbre marque de trublions du goût a profité de 2015 pour surfer sur une bonne vague ! D’abord, en avril, l’entreprise cherchait à recruter. Sauf qu’au lieu de publier une annonce classique pour l’ensemble des postes à pourvoir sur les sites spécialisés, la célèbre enseigne alimentaire a fait encore plus fort ! Les trublions ont posté sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle on voit Anne-Claire, DRH de l’entreprise, recruter… dans le métro parisien ! Concrètement, la jeune femme propose des emplois « à la criée ». Au total, six postes étaient à pourvoir, du graphiste au community manager en passant par les commerciaux. Seule condition ? Avoir le « power » et le sourire. Une initiative originale qui a permis à la marque de se rapprocher de ses consommateurs. L’histoire ne dit pas si la jeune DRH a trouvé son bonheur !
Même entreprise, pour un buzz encore plus grand. Les trublions du goût ont eu un coup de chance l’été dernier, qu’ils ont su convertir pour créer un buzz retentissant. Le 13 juin, deux employés de la marque ont été envoyés à Seattle pour y rencontrer Howard Schultz, PDG de la célèbre marque américaine Starbucks. Ce qui a motivé ce voyage ? Un appel reçu le 11 juin au bureau New-Yorkais de Michel & Augustin. Au bout du fil : l’assistante d’Howard Schultz elle-même, qui désirait recevoir des recettes pour faire des gâteaux en vue de la tenue du comité de direction le lundi suivant. A défaut d’envoyer un colis, trop cher, les dirigeants décident d’envoyer deux employés sur place. Charlotte et Hassan, les heureux élus, improvisent leur voyage et en profitent pour relayer leur aventure au travers de vidéos au contenu drôle et décalé. Les vidéos, associées du hashtag #AllezHowardUnCafé, font le tour du web et les internautes soutiennent les deux trublions dans leur périple ! Arrivés sur place, les deux compères parviennent à s’entretenir avec Howard Schultz et aujourd’hui, les biscuits de la marque française sont distribués dans 414 magasins Starbucks sur le marché américain. Une troisième phase de développement devrait voir le jour prochainement.
Vita Liberté et LeGorafi profitent de la naïveté de la presse !
Est-ce que vous vous souvenez de ces buzz ? « LeGorafi, c’est fini », ça vous dit quelque chose ? Et le slogan de la marque de fitness Vita Liberté qui indiquait à ses potentielles clientes : « vous êtes grosses, vous êtes moches… Payez 19 euros 90 et soyez seulement moches ! » Quel rapport entre les deux slogans ? Rien en apparence, si ce n’est qu’il s’agissait de faux bad buzz, plutôt bien calculés. Dans le cas du Gorafi, il s’agissait d’une énième blague (le site est célèbre pour parodier les actualités) et d’un coup de publicité pour sa nouvelle plateforme internet prévue pour le lendemain. Pourtant, en 24 heures, les sites d’informations se sont emballés et le nombre de tweets mentionnant LeGorafi a littéralement explosé le jour de l’annonce ! Le lendemain, l’entreprise s’est justifiée en invoquant une « banale erreur de typo », alors que leur site internet était depuis la veille soumis à un processus de « redirection 302 », c’est-à-dire la redirection temporaire d’un site internet. Autant dire que c’était calculé… Concernant Vita Liberté, la presse a également rapidement relayé cette campagne jugée (à raison) très sexiste. Et au fur et à mesure des publications dans les médias, le community manager de la marque a relayé un par un les articles sur la page Facebook de l’enseigne. Une fois le buzz terminé, il ira même jusqu’à publier tous les liens en rapport avec ce faux bad buzz, tournant en ridicule la tendance de la presse à relayer tout et n’importe quoi. à la Suite de cet événement, la marque a même décliné son affiche à l’attention des hommes : « vous êtes gros, vous êtes moches… payez 19 euros 90 et soyez seulement moches ! ». Histoire de dire que tout était prévu… !