La start-up alsacienne de biotechnologie, Dynacure, qui développe de nouveaux traitements pour les patients atteints de maladies orphelines graves, a annoncé le vendredi 6 juillet une levée de fonds d’un montant de 55 millions de dollars, soit 47 millions d’euros. Le tour de table a été mené par Andera Partners (anciennement EDRIP, Edmond de Rothschild Investment Partners) avec les investisseurs Pontifax, Kurma Partners, Bpifrance,et IdInvest Partners. Une somme record qui la propulse dans le rang des entreprises françaises bénéficiant d’investissements conséquents. Objectif pour la société : développer son programme thérapeutique phare, le oligonucléotide anti-sens, touchant au traitement de la Myopathie Centronucléaire et des maladies neuromusculaires rares.
Une start-up issue des laboratoires de recherches strasbourgeois
Fondée en 2016 par Kurma Partners (firme de gestion spécialisée dans le financement de la santé et des biotechnologies, ndlr), SATT Conectus (Société d’Accélération du Transfert de Technologies, dédiée à la recherche collaborative et à l’accompagnement à l’innovation, ndlr) et Ionis Pharmaceuticals (établissement pharmaceutique américain, ndlr) Dynacure est une entreprise privée issue de l’IGBMC (Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire) de l’Université de Strasbourg. La SATT Conectus découvre en 2013, une innovation apportée par Jocelyn Laporte, responsable de l’équipe « Physiopathologie des maladies neuromusculaires » issue de l’institut de recherche scientifique de la faculté strasbourgeoise. Avec ses collègues, Belinda Cowling et Hichem Tasfaout, ils ont travaillé sur une stratégie thérapeutique s’adressant aux myopathies rares, maladies neuromusculaires qui se traduisent par une dégénérescence des tissus musculaires. Des maladies qui sont pour 70 % des cas mortels pour les patients enfants et handicapantes pour les adultes. Ils ont découvert qu’en limitant le gène Dynamin 2 (issu de la famille de protéines, ndlr), une souris atteinte de la maladie peut guérir. Ils déposent donc un dépôt de brevet la même année. Pour développer un médicament, la SATT Conectus met alors en place un premier investissement de 40 000 euros via son fonds dédié au développement de projets de recherche, et contacte le fonds d’investissement Kurma Partners avec qui elle signe un accord de co-conception, lui permettant de rassembler experts et réseaux pour stimuler le projet de recherche. La SATT Conectus réussit à lever de nouveaux fonds en 2014, plus de 21 000 euros, pour tester le pouvoir de la découverte sur la myopathie de Duchenne (maladie caractérisée par une atrophie et une faiblesse musculaire progressive due à une dégénérescence des muscles squelettiques et cardiaques, ndlr). Les résultats sont positifs et entraînent le dépôt d’un second brevet. Kurma Partners fait entrer un nouveau partenaire dans le projet, la biotech californienne Ionis Pharmaceuticals, spécialisé dans le développement de molécules qui limitent l’expression de gènes. En 2015, la Société d’Accélération du Transfert de Technologies investit 380 000 euros pour le projet thérapeutique puisse s’effectuer sur l’homme. La start-up Dynacure voit ainsi le jour.
La mise en place du candidat médicament, Dyn101
La start-up compte 12 personnes aujourd’hui et s’organise autour de Stéphane Van Rooijen, président directeur général et de Frédéric Legros, directeur des opérations. L’un des programmes phares de l’entreprise est la Dyn101, candidat médicament développé en collaboration avec Ionis Pharmaceuticals. Oligonucléotide anti-sens (fragment de molécules d’acide ribonucléique généralement synthétisé en laboratoire, ndlr), il a pour objectif de soigner la myopathie centronucléaire, ensemble de maladies musculaires qui provoque des faiblesses au niveau de la mobilité, de la respiration et de la déglutition. À ce jour, il n’existe pas de traitements efficaces pour traiter la maladie. Les patients sont alors cloués dans un fauteuil et doivent être accompagnés tout le temps pour pouvoir se déplacer, respirer ou se nourrir. Dyn101 vise à combattre deux formes cliniques de la myopathique centronucléaire. Avec la levée de fonds effectuée, vendredi dernier, la start-up a pour ambition de développer et d’administrer ce médicament chez l’homme, à l’horizon 2019.