La bienveillance est devenue un mot à la mode dans une société où la violence est omniprésente. A l’occasion de la publication du livre « Oser la Bienveillance », la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais avait commandé à l’Ifop une enquête sur cette valeur. Réalisée auprès d’un échantillon national représentatif de 1 000 personnes, cette étude riche en enseignements sur la « bienveillance » nous aide à lui donner la place qu’elle mérite. Décryptage.
Le palmarès Workplaces des entreprises où il fait bon vivre met en exergue, depuis quelques années, que pour ressentir le bien-être, il faut que les entreprises aient à cœur de le mettre au centre des valeurs. Selon Sophie Jasmin Roy en 2019 « La bienveillance est donc une approche nécessaire à la création de relations saines et de qualités. En 2019, le concept de bienveillance reste encore méconnu de la majorité des Français, il serait opportun d’investir pour en faire la promotion et, surtout, de s’entendre sur une définition claire et propre à toutes et tous.
Le sondage révèle une dichotomie étonnante puisque 95 % des Français se trouvent bienveillants, tandis que seulement 45 % des Français trouvent les autres Français bienveillants. Cette opposition révèle, entre autres, une difficulté à faire confiance à ses pairs, une mauvaise perception égocentriste de la bienveillance et un besoin urgent à inviter la population à mettre en place des mesures permettant de développer leurs compétences émotionnelles et relationnelles. ». Mais les choses ont-ils évolué depuis.
Que pensent les français de la bienveillance ?
Si les choses ont évolué avec des chiffres légèrement en hausse depuis, l’étude nous montrait que moins d’un Français sur deux (46%) a entendu parler du concept de « bienveillance » dont seulement 19% voient même précisément de quoi il s’agit. Force est de constater que la connaissance de cette notion est connue par 61% des jeunes âgés de moins de 25 ans contre 37% des personnes âgées de 65 ans et plus. Elle revêt donc tout son sens dans cette période fort perturbée. Parmi les catégories les plus aisées de la population, la connaissance du concept est elle aussi plus forte (70%) contre seulement 36% des ouvriers. La bonne connaissance du concept semble fortement corréler non seulement à l’âge mais aussi au niveau de diplôme, et donc à la catégorie socio-professionnelle.
Mais le sens que les Français donnent à la bienveillance n’est pas bien cernée ce qui corrobore le fait qu’elle se situe à un plus faible niveau chez les moins diplômés. « L’empathie aux autres » (90%) qu’à l’idée de « prendre soin de soi pour bien prendre soin des autres » (83%). Cependant, la bienveillance est une attitude perçue très positivement par les Français. En effet, 94% d’entre eux y voient plus une qualité qu’un défaut (6%) et 88% un signe de force plutôt que le marqueur d’une faiblesse (12%).
Moi, je suis bienveillant
Les Français marquent une différence de point de vue selon qu’ils s’auto-évaluent ou qu’ils jugent les autres : unanimement, les Français se trouvent quasiment tous bienveillants (95%). La bienveillance est pourtant une qualité qu’il est bien difficile de maîtriser quand les circonstances ne s’y prêtent pas et lorsque les relations professionnelles se fondent sur une notion de pouvoir hiérarchique. Le problème commence donc dans l’autoévaluation comme dans de nombreux cas où beaucoup se pense meilleur que ce qu’ils ne sont en réalité.
Et pour cause : ils sont plus d’un sur deux (55%) à estimer que les autres ne le sont pas. Parmi les 45% de Français jugeant les autres bienveillants, on retrouve en premier lieu 48% des Français se percevant eux-mêmes comme bienveillants mais aussi 52% des ouvriers, 50% parmi les 65 ans et plus et 46% des habitants de communes rurales.
Bienveillant mais avec prudence et parcimonie
Malgré la large popularité de la notion, les freins à la bienveillance restent puissants, notamment parmi les hommes chez qui elle suscite la crainte d’être trop sollicité (83% contre 82% dans l’ensemble) ou de ne pas se faire respecter (76% contre 73% dans l’ensemble). La bienveillance associée à l’intrusion de l’autre est un sentiment souvent partagé et il est clair que certains ont tendance à abuser de la gentillesse comme de la bienveillance pour justifier de comportements parfois inacceptables.
Bienveillant mais avec son entourage
Le degré de bienveillance varie beaucoup en fonction du niveau de proximité avec la personne fréquentée. Ainsi, 98% des Français déclarent être bienveillants avec leurs enfants et 96% avec leurs amis ou leurs parents. Ce taux tombe à 71% avec des inconnus dans la rue ou 76% en voiture, signe que le côté anonyme des relations fait baisser le degré de bienveillance vis-à-vis des autres. La notion de proximité si souvent décrite en journalisme pour susciter l’intérêt des actualités corrobore cette attitude.
Selon Robert Waldinger, psychiatre de l’université Harvard et 4e directeur d’une étude longitudinale portant sur la santé et le bonheur chez l’être humain qui a duré 75 ans, « c’est la qualité des relations sociales qui nous rendrait heureux et pourrait même contribuer à nous garder en bonne santé. Être proche de sa famille, de ses amis et de sa communauté serait bon pour nous ; ces connexions sociales contribueraient à une vie plus longue et saine. Il a été démontré que les individus heureux sont 55 % plus créatifs et 31 % plus productifs. »
Si l’on voulait donner un guide de la bienveillance, on dirait selon Sophie Roy Jasmin que la bienveillance c’est :
- Prendre soin de soi pour bien prendre soin des autres
- Prendre soin des autres (attention : ne veut pas dire de le faire pour l’autre ou à sa place).
- Démontrer que l’autre personne est importante.
- Communiquer avec délicatesse, être sensible à l’autre dans nos échanges
- Considérer l’autre, inclure les autres, être accueillant.
- Écouter les autres avec ouverture, démontrer de l’intérêt.
- Soutenir, démontrer de l’empathie.
- Vouloir le bien de l’autre, être attentif.
Qu’en pensez-vous ?