En une décennie, les terminaux mobiles tels les smartphones et tablettes tactiles ont développé des capacités incroyables au niveau technologique permettant à tous d’accéder à Internet, de discuter facilement avec des amis sur les réseaux sociaux ou communiquer rapidement avec le monde entier. Des applications se sont peu à peu multipliées pour améliorer notre quotidien, transformer nos habitudes de consommation et de communication ainsi que faciliter notre vie professionnelle. WhatsApp, il y a quelques mois, restait l’une des applications les plus populaires dans l’univers des messageries instantanées. Mais une simple annonce a provoqué un véritable bad buzz plombant littéralement sa notoriété. Retour sur cet événement qui a marqué le début de l’année 2021.
Une application devenue leader en moins de dix ans
Créée par Jan Koum et Brian Acton en 2009, WhatsApp s’est imposée dans l’univers des messageries instantanées, au point de devenir en moins de dix ans, l’un de ses leaders. Ayant pour ambition de remplacer le SMS, son système séduit notamment par l’absence de publicités et par la simplicité de son utilisation. En 2014, face à la popularité grandissante de l’application dont le taux d’engagement dépasse celui de Facebook, la firme de Mark Zuckerberg rachète la messagerie pour un montant de seize milliards de dollars, dont quatre au comptant et douze en actions Facebook. Ce passage sous le giron d’un GAFA accélère sa croissance et elle se développe progressivement dans des pays comme le Brésil ou l’Inde.
En février 2020, WhatsApp franchit la barre des 2 milliards d’utilisateurs dans le monde, devenant le deuxième réseau social le plus populaire au monde. Entre 2018 et 2020, l’application aura ainsi gagné plus de 500 millions d’utilisateurs. En France, elle suscite l’engouement. Selon une étude réalisée en août 2020 par Statista, 61 % des Français utiliseraient WhatsApp, ce qui place l’application de messagerie à la deuxième place, derrière Facebook Messenger et devant Snapchat et Skype. Si l’application et son entreprise mère Facebook se sont retrouvées à de nombreuses reprises au centre de critiques et de polémiques notamment pour la diffusion de fausses informations et de l’absence de modérations des contenus, la dernière polémique qui est survenue en ce début d’année a provoqué une véritable onde de choc.
Une annonce qui met le feu aux poudres
Début janvier 2021, WhatsApp annonce à l’ensemble de ses utilisateurs que pour pouvoir continuer à utiliser la messagerie instantanée et à y accéder, ils devront accepter de nouvelles conditions d’utilisation avant le 8 février. Si les conditions sont acceptées, les données que WhatsApp récoltera seront partagées dans l’écosystème de la maison mère Facebook. Cette décision provoque la colère de nombreux aficionados qui craignent pour la protection de leur vie privée en ligne et la mise à disposition de leurs informations personnelles à des entreprises et des personnes tierces.
Depuis la fameuse annonce polémique, l’application essaye tant bien que mal de rassurer ses utilisateurs. Notamment en repoussant de trois mois l’entrée en vigueur de ses nouvelles conditions d’utilisation et postant plusieurs statuts comme « WhatsApp ne peut pas lire ou écouter vos conversations personnelles, car elles sont chiffrées de bout en bout » ou « une chose qui n’est pas nouvelle est notre engagement envers votre vie privée ».
Un problème ne venant jamais seul, l’application est mise en cause pour violation du Règlement général sur la protection des données (RGPD), mis en place en 2018 sur tout le territoire de l’Union européenne. L’Europe aurait ainsi l’intention de réclamer une amende de 50 millions d’euros à la maison-mère Facebook. Des failles de sécurité sont aussi survenues notamment un bug sur la version Web de WhatsApp donnant l’accès sur Google à plusieurs numéros de téléphone et messages de milliers d’utilisateurs ou la propagation d’un mystérieux virus via un lien de téléchargement envoyé sur la messagerie permettant aux pirates informatiques de dérober les identifiants de ses victimes.
Des concurrents qui profitent de ses déboires
Déçus et énervés par ce manque de considération, plusieurs millions d’utilisateurs ont décidé de quitter l’application WhatsApp pour d’autres concurrents comme Telegram ou Signal. Selon l’étude de Statista menée bien avant le bad buzz, 5 % et 2 % des Français utilisaient respectivement Telegram et Signal. Mais avec les déboires de l’application de messagerie rattachée à Facebook, leur nombre d’abonnés ont littéralement explosé en quelques semaines. La première, créée en 2013 par les frères russes Dourov fait de la sécurité son cheval de bataille et refuse la plupart du temps de collaborer avec les autorités. Cette dernière a été téléchargée 33 millions de fois entre le 4 et le 17 janvier, d’après les données de l’institut Sensor Tower.
La deuxième, qui a vu le jour en 2014, est reconnue par de nombreuses organisations comme l’une des applications de messagerie les plus strictes en matière de sécurité et de protection des données, et a le soutien de nombreuses personnalités comme Elon Musk et Edward Snowden. Signal a ainsi été téléchargée 47 millions de fois dans le monde entre le 4 et le 17 janvier, toujours selon l’institut Sensor Tower. Quant à WhatsApp, elle aurait perdu à cause de ce bad buzz au moins 32 millions d’utilisateurs au mois de janvier d’après le journal anglais, The Guardian.
Les codes de vérification sont actuellement retardés pour plusieurs opérateurs parce qu’il y a beaucoup de nouvelles personnes qui essaient de rejoindre Signal en ce moment (nous pouvons à peine enregistrer notre excitation). Nous sommes actuellement en train de résoudre ce problème le plus rapidement possible.