« Ne jamais présenter un problème sans exposer de solutions ». Voilà le meilleur conseil que l’on ait donné à ces deux jeunes entrepreneures pétillantes et conquérantes ! Créé il y a 1 an et demi, le réseau social dédié aux attachées de presse et aux médias prévoit un chiffre d’affaires de 400 000 € pour 2014. A l’origine de ce succès : Hannah Oiknine et Sarah Azan, plus connues aujourd’hui sous le nom des « sœurs Babbler »…
Encore étudiante à l’ESC de Grenoble, Hannah ébauche son projet pendant un cours, à priori moins intéressant. « J’étais en apprentissage chez Microsoft et c’est pendant une des semaines à l’école que j’ai eu l’idée de Babbler, en m’inscrivant sur Twitter ». Avec peu d’argent et aucune expérience professionnelle dans le domaine des relations presse, elle se lance pourtant corps et âme dans son idée après l’obtention de son diplôme. Mais c’est le coup de fil passé à sa sœur aînée, Sarah, qui va donner vie au projet.
Babbler, premier emploi d’Hannah
L’aventure commence lorsqu’Hannah s’inscrit sur Twitter il y a 3 ans. Le concept des « followers » lui fait comprendre qu’il existe de nouveaux influenceurs, des journalistes avec parfois une véritable audience de 200 000 followers. Elle prend conscience de l’importance des « retweets » pour partager des informations avec les « followers » d’une personne. La jeune femme a alors l’idée de créer le premier réseau social uniquement entre les attachées de presse et les médias. Babbler se définit comme une plateforme interactive où les marques font la promotion de leur produit ou de leur service auprès de journalistes cibles. Une véritable innovation qui facilite la gestion des relations presse ! « Les journalistes peuvent s’inscrire et définir un ou plusieurs domaines de rédaction. Les marques quant à elles choisissent les médias qu’elles veulent cibler » affirme Hannah. Grâce à ce système de « matching » les « followers » sont forcément des journalistes intéressés.
Hannah, jeune femme persévérante et spontanée, mène une étude qui lui permet de se rendre compte que les relations presse sont un secteur très traditionnel et qu’il n’y a jamais eu de réelle nouveauté. Elle constate surtout deux problèmes : d’un côté les journalistes reçoivent beaucoup trop de mails ou de communiqués mal ciblés ou qui tombent au mauvais moment, et de l’autre côté les attachés de presse ont quant à eux de plus en plus de mal à faire la différence, à retenir l’attention des médias et passe encore trop de temps à échanger des contenus « lourds » par mail (ex : visuels HD). Les associées travaillent alors sur l’élaboration de fonctionnalités répondant aux besoins des deux acteurs. Avec Babbler l’échange de contenus lourds comme les vidéos ou visuels HD est par exemple simplifié. Les journalistes bénéficient d’un outil simple et interactif leur permettant de télécharger l’actualité chaude et viable depuis la plateforme avec des recherches avancées et ciblées au moment où ils en ont besoin. Ils peuvent aussi rentrer en contact facilement avec les attachées de presse via un chatlive ou appels.
Un service innovant sans concurrence
Pour financer le projet, Hannah et Sarah ont recours à la love-money, ce qui leur permet de récolter 50 000€. Très vite elles recrutent une équipe pour développer le réseau, les deux sœurs misent sur des talents de juniors très créatifs et investis mais qu’il faut former et sensibiliser ; en plus du travail que prend l’évolution de l’entreprise ! « Souvent, rien ne se passe comme on le prévoit, il ne faut pas regarder les difficultés parce qu’il y en a toujours. Il vaut mieux se projeter en avant, soutenir ses objectifs et ne jamais lâcher prise » conseille Hannah. Et la motivation finit par payer ! Les fondatrices ont fait une levée de fonds de 200 000€ il y a 6 mois auprès du groupe de télécommunications Korum. Aucune difficulté pour convaincre le groupe : Sarah et Hannah viennent de remporter le prix du concours Imagine Cup de Microsoft. « On a eu beaucoup de visibilité car beaucoup d’investisseurs étaient présents dans la salle de remise des prix ». D’autant plus qu’aucun bureau de presse ne propose une telle offre. « Babbler est un outil inédit dont les prix font partis des plus attractifs du marché. C’est un vrai gain d’argent et de temps à la fois pour nos clients et pour les médias ».
« Servez-vous de ce que vous connaissez et adaptez-le dans votre entreprise. » C’est un peu ce que l’on pourrait retenir du discours d’Hannah qui encourage les jeunes à entreprendre ! Son stage dans l’entreprise Coca-Cola et Microsoft puis aux Etats-Unis lui permet de reproduire avec ses salariés un modèle de management américain dans lequel la confiance et la motivation priment. « Ces entreprises travaillent avec des jeunes qui n’ont pas forcément fait de grandes écoles mais qui ont des fortes capacités de travail et d’investissement. Donner sa chance à toutes les idées et solliciter la créativité ses salariés. C’est cette culture américaine que j’essaye d’appliquer à mon équipe pour mettre en avant leur potentiel, les faire s’élever, tout en faisant en sorte qu’ils aient de la considération et du respect pour le travail engagé par ma sœur et moi ». La force de Babbler réside majoritairement dans cette équipe, soudée et investie où tous sont fiers de faire partie de l’aventure.
Forte de 9 salariés aujourd’hui, la société regarde vers l’avant et espère se développer à l’international pour que les annonceurs soient suivis à travers le monde. Hannah et Sarah déclinent leur modèle par secteur d’activité et ont déjà ouvert trois catégories supplémentaires (mode, beauté, design). « Chaque journaliste est souvent spécialisé sur un thème précis et l’objectif est de continuer à toujours plus se diversifier ». Le réseau Babbler vient de passer en mode SAAS, c’est-à-dire en logiciel qui se revend à d’autres agences de presse, en vue de devenir un outil global de référence.
3 questions à Hannah Oiknine, fondatrice de Babbler
Sincèrement, est-il compliqué d’être une femme entrepreneure ?
Non selon moi il n’est pas plus difficile d’entreprendre pour une femme car je pars du principe que L’homme et la femme sont égaux. En revanche être mère, épouse et entrepreneure n’est pas impossible, mais déjà plus compliqué à gérer. C’est à travers ma sœur déjà mariée et avec une famille que je me suis rendue compte que c’était parfois beaucoup de sacrifices ! Je pense que le bonheur est un équilibre en sa vie personnelle et sa vie professionnelle et l’un ne doit pas sacrifier l’autre.
D’où vient le nom « Babbler » ?
A la genèse du projet, le nom du réseau devait être « Profession pipelette ». Mais nous avons trouvé que ce nom sonnait trop girly, pas assez grand public et qu’il n’allait par conséquent pas toucher le public voulu. On a cherché des synonymes de pipelettes ou bavards parce qu’un attaché de presse passe la majorité de son temps au téléphone ! Lors de mon voyage aux Etats-Unis je tombe sur un mot qui veut dire bavard dans le langage familier américain et qui représente aussi les piaillements d’un oiseau : Babbler. Ce nom ressemble à Twitter, il est court, facile à retenir, et comme j’ai eu l’idée de Babbler le jour de mon inscription sur le réseau social j’ai pensé que c’était une très bonne idée !
Comment réagiriez-vous si votre sœur et associée vous annonçait un départ de la société ?
Si ma sœur venait à vouloir arrêter, il est évident que je respecterais son choix mais je mettrais en place des solutions pour que son départ n’ait pas de conséquences sur Babbler.
Mais qu’on se rassure, aucune des deux jeunes femmes ne compte mettre fin à l’aventure Babbler pour notre plus grand bonheur !