Quand association rime avec tensions, mieux vaut être bien conseillé pour dépasser les crises qui pourraient être fatales à votre business. Quelques conseils pour ne pas être tenté de faire un « associé-icide » !!
En cas de conflits : que faire ?
La relation d’associés est un équilibre fragile qui peut, à tout moment, être remis en cause par l’un ou l’autre. Les sujets de tensions entre associés sont nombreux : la répartition (parts, rôles, pouvoir…), le choix d’un lieu, l’introduction ou le départ d’un associé, les visions stratégiques, les décisions financières (investissements, rémunérations, notes de frais …), l’engagement personnel, le leadership, les différences (culturelles, rythmes…), l’autonomie, l’organisation de la structure… Le conflit fait partie de la vie professionnelle, le fuir ou l’éviter ne fera que renforcer la puissance de son éclatement (principe de la cocotte-minute). Penser qu’avec le temps cela se tassera est un mauvais calcul. Au contraire le temps cristallise et « enkyste » les griefs et les rancœurs. Il est nécessaire de faire face au conflit, même si ce n’est ni facile, ni agréable. Comment traiter le conflit avec des chances de parvenir à l’apaisement et ainsi aider à dédramatiser la situation conflictuelle ?
Avant d’arriver au conflit, il est important d’investir dans la relation d’associés en prenant du temps pour échanger. Se voir tous les jours ne suffit pas pour communiquer sur l’essentiel, comme nous pouvons le voir dans l’exemple suivant.
André et Sophie sont associés depuis cinq ans dans un cabinet d’assurance. Ils ont cinq salariés. Jusqu’à l’an dernier, leur relation était fluide et l’activité chaque année se développait suivant leurs prévisions. Sophie est en charge plus spécialement de la gestion interne du cabinet. André s’occupe du commercial et de la représentation à l’extérieur. Depuis plusieurs mois les non-dits s’accumulent entre eux. Sophie n’ose pas dire à André qu’elle trouve que sa prospection commerciale ressemble plus à une accumulation de déjeuners et de dîners d’affaires qu’à une véritable stratégie de développement et que sa présence au cabinet n’est pas suffisante pour pouvoir parler sérieusement de la façon d’accroître la clientèle. André, lui, n’ose pas dire à Sophie qu’elle est trop sédentaire. Que si, de temps en temps elle l’accompagnait à l’extérieur, elle verrait la réalité du terrain ce qui lui donnerait de nouvelles idées.
Pourquoi en sont-ils arrivés là ?
- Comme dans beaucoup de petites structures les temps d’échanges et de dialogues ne sont pas formalisés.
- Par peur de la confrontation, ils n’ont pas exprimé leurs points de vue posément et au fur et à mesure des évènements. Cela a construit, peu à peu, un écart entre eux.
- Les non-dits se transforment, souvent, en jugements ce qui nourrit la tension entre associés.
Que faire ?
- Instaurer des temps de dialogues réguliers sur l’opérationnel, sur la stratégie et au moins une fois par an sur le fonctionnement de la relation entre les associés.
- A chaque structure de trouver le rite et le rythme qui lui convient.
- Il est indispensable de formaliser à minima ces échanges par un compte rendu, précis et concis, validé par les participants.
L’accumulation de non-dits, de frustrations, de rancœurs peut conduire à un conflit ouvert entre associés qui perturbera les collaborateurs et l’activité de l’entreprise comme nous allons le voir.
Une entreprise en rénovation de bâtiments, compte six associés. Elle a été fondée par Antoine et Julien, il y a 10 ans. Quatre nouveaux associés ont rejoint l’entreprise depuis 2 ans. Ils ont pris le temps nécessaire pour rédiger, avec un avocat, un pacte d’associés. Ils semblent tous engagés dans cette nouvelle dynamique. Pourtant, Antoine conteste de plus en plus systématiquement, en réunion de direction, les décisions des autres associés et les échanges se terminent toujours en joutes verbales avec Julien. Avant de s’associer, les quatre nouveaux avaient bien perçu des tensions entre eux deux. Mais ils avaient mis cela sur le compte d’une surcharge de travail et de la réorganisation de l’entreprise. Ils avaient même pensé que leur arrivée les apaiserait…. Or, rien ne s’améliore. Les nouveaux associés sont spectateurs de désaccords dont ils ne comprennent pas l’origine ou qui ne les concernent pas. Les collaborateurs disent que « l’ambiance est lourde et que c’est difficile à gérer pour eux. ». La belle dynamique créée par l’arrivée des nouveaux se défait. Julien explose lors d’une réunion et attaque violemment Antoine.
Pourquoi en sont-ils arrivés là ?
- Les nouveaux associés n’ont pas pris au sérieux le problème relationnel existant entre les associés fondateurs. Ils se retrouvent pris en otage d’une histoire qui ne les concerne pas et qu’ils n’ont pas à régler.
- Bien qu’il y ait un pacte d’associés, signés par tous, lorsque qu’un conflit n’est pas réglé entre deux personnes, tout est prétexte à un désaccord.
Que faire ?
- Les nouveaux associés doivent demander à Antoine et Julien de régler leur désaccord entre eux dans un délai donné.
- Pour Julien et Antoine : respecter les étapes de l’EPCS :
-S’écouter sans s’interrompre pour permettre à chacun de vider son sac. – Partager pour permettre à chacun de reconnaître le statut d’interlocuteur valable. Derrière le ton agressif et les déformations de la colère il y a quelque chose dont on peut débattre ensemble.- Clarifier : poser un diagnostic commun en étant factuel. Sous le coup de l’émotion, les interlocuteurs n’ont sans doute pas été tout à fait logiques, ni cohérents et ont pu déraper dans leurs propos. S’autoriser à poser toutes les questions et à bien reformuler pour valider la compréhension des réponses. – Solutionner : construire ensemble une solution, en prévoyant des engagements réciproques et des points d’étapes.
- Au besoin faire appel à un médiateur extérieur et éviter que les associés jouent ce rôle : les triangulations et alliances éventuelles pénaliseront la dynamique de l’entreprise.
Article par MARIE-LAURE VOISARD & DOMINIQUE AMBLARD Auteurs de Associés et heureux… Oser tout aborder pour durer