L’épidémie n’a pas mis à terre le domaine de l’art. Dans les mentalités, l’art, le domaine du rêve, a peu de rapport avec l’entreprise et pourtant… Même si les entrepreneurs restent peu nombreux à se lancer dans ce marché, il s’avère très florissant. Les petites galeries sont parfois devenues de grandes entreprises et certains artistes sont désormais mondialement connus. L’art ne s’arrête pas seulement aux œuvres, c’est aussi du business, de la vente, du marketing et du networking.
Un marché très florissant
D’après le dernier rapport sur le marché de l’art en ligne publié en juillet par Hiscox, les transactions digitales de Sotheby’s, Christie’s et Phillips ont généré 370 millions de dollars (313 millions d’euros) au premier semestre 2020, soit plus de cinq fois plus que pour la même période en 2019
Après des années plutôt difficiles, le marché de l’art retrouve une seconde jeunesse. En 2015 et 2016, il y avait un net recul de -10% et -23% sur le marché de l’art. L’année 2017 a su rebondir avec une croissance de 20%. Grâce aux grandes fortunes mondiales et aux œuvres qui se vendent mieux, à des prix exorbitants, un réel engouement s’est produit.
Une croissance continue
La croissance continue avec les millionnaires et les milliardaires qui se multiplient et se consacrent très souvent à l’achat d’œuvres hors du commun. D’autant plus que tout le globe est concerné, des acheteurs du monde entier se ruent lors de vente aux enchères ou encore de ventes privées. Ils ne sont pas les seuls à venir de tous les continents, les entreprises aussi. En 2017, la Chine est arrivée première des ventes dans le monde entier avec 5,1 milliards, les Etats Unis, eux, obtiennent la deuxième place et la France est seulement quatrième avec 5% du chiffre d’affaires mondial.
Si une telle croissance s’est produite en 2017, c’est essentiellement grâce aux acheteurs venus de tous les horizons qui diversifient la demande. Férus d’art, ils préfèrent en général se cantonner aux œuvres de leur patrimoine national. Mais le vaste marché de l’art dispose d’une telle diversité que les acheteurs n’hésitent plus à acheter des œuvres qu’ils ne ciblaient pas avant.
Selon Julie Hugues, Responsable Marché Art et Clientèle Privée Hiscox «
Cependant, la Covid-19 semble rebattre les cartes et pourrait agir comme un catalyseur, donnant à la fois un nouvel élan et un nouveau souffle à la vente en ligne. Nous sommes impatients de voir comment le marché va évoluer dans les prochains mois et les années à venir ».
En 2019, les ventes du marché de l’art en ligne ont atteint environ 4,82 milliards $, soit une augmentation de 4% par rapport aux 4,64 $ enregistrés en 2018. Certes, il existe un ralentissement du marché mondial de l’art, 80 % des plateformes d’art en ligne prévoient une augmentation des ventes en ligne au cours des 12 prochains mois. 65 % d’entre elles ont déclaré s’attendre à ce que la pandémie ait un impact permanent et significatif sur le secteur.
Christie’s et Sotheby’s : deux gros géants
L’impact du Covid-19 a accéléré les ventes en ligne : les ventes aux enchères en ligne de Christie’s, Sotheby’s et Phillips ont généré 370 millions de dollars (329,3 millions d’euros) au cours du premier semestre 2020, soit 436 % de plus que pour la même période en 2019. Les ventes en ligne ont représenté 28,3 % du total des ventes de ces trois acteurs au cours du premier semestre 2020, contre seulement 1,2 % en 2019.
Si les affaires se portent bien sur le marché de l’art, c’est aussi grâce à deux entreprises mondiales qui possèdent une grande part du marché. Elles se font concurrence depuis plusieurs années et ne cessent de dévoiler des ventes démesurées. La plus remarquée des deux, Christie’s, s’est démarquée en 2017 avec une vente qui a fait la une des journaux. Celle du célèbre « Salvador Mundi », un tableau de Leonard de Vinci vendu pour 450,3 millions de dollars. La vente vertigineuse a permis de départager Christie’s de Sotheby’s dans le palmarès. Les deux entreprises sont les plus réputées du marché de l’art et adjugent de célèbres œuvres vendues à des milliardaires. Mais Christie’s prend les devants grâce à son leadership dans tous les domaines, elle a obtenu une hausse de 53% des ventes en 2017.
Ces deux grandes maisons s’affrontent dans un coude-à-coude depuis plusieurs années. Elles représentent l’image du marché de l’art et de sa réussite. Même si l’art n’interpelle pas sur son côté entrepreneur, Christie’s et Sotheby’s sont la preuve même que des sociétés existent et se démarquent dans le domaine. Chaque année, elles réalisent des chiffres mirobolants et Sotheby’s, la new-yorkaise est même cotée en bourse.
Les petites entreprises : les galeries
L’art devient vendeur et certains l’ont bien compris. Partout, dans le monde, les galeries d’art se multiplient à vue d’œil. Elles présentent parfois des œuvres très célèbres qui peuvent rapporter gros, mais aussi de petits artistes qui font leurs premiers pas. Sur le marché de l’art, la vente est la première activité, mais beaucoup de galeristes ces dernières années refusent de voir une forme d’industrialisation.
Selon Georges Philippe Valois, le président du Comité professionnel des galeries d’art, certaines « ne s’embarrassent pas de frais de production ou de catalogue et ont un discours décomplexé de vendeur de vêtements » (propos recueillis par Le Monde). Les amateurs d’art reprochent justement à ces galeristes de valoriser la côte de l’artiste au lieu de favoriser l’œuvre et les émotions qu’elle dégage. Ils précisent aux clients ce que les œuvres vaudront dans dix ou vingt ans sans forcément s’attacher à ce qu’elles représentent. Les remarques fusent depuis la démocratisation de l’achat d’œuvre d’art.
Ce marché par son côté lucratif attire de nombreuses personnes qui n’ont pas toujours le goût de l’art, mais celui du gain. Bien entendu, il est plus avantageux pour une galerie d’être rentable, mais les grands galeristes reprochent à d’autres de s’attacher seulement à l’attrait financier. Cette situation provient aussi d’un absence d’éducation artistique de certains clients. Ils préfèrent parfois épargner dans des œuvres au lieu d’y mettre de l’envie et des émotions.
Un marché lucratif mais particulier
Certes, le marché de l’art devient lucratif, mais depuis l’ascension des géants comme Christie’s et Sotheby’s certains y voient un business juteux sans l’attrait émotionnel. Le directeur général de Christie’s, François Pinault dans une interview au journal Les Echos préfère y voir un phénomène de globalisation. Les acteurs du marché ont besoin de s’étendre à l’international, ce qui produit un phénomène de célébrité pour l’art et les achats se multiplient. Lors de la vente aux enchères du « Salavador Mundi », 450 000 personnes étaient présentes sur le live Facebook.
Comme tous les secteurs, l’art se démocratise, pas forcément pour les porte-monnaies mais pour les mentalités. Comme il se développe de plus en plus, lors de sa croissance en 2017, le nombre d’artistes a aussi doublé.
Pour certains, il s’agit seulement d’un business, pour d’autres, c’est une passion qui rapporte. Même s’il est fructueux, l’art reste un domaine particulier qui n’a pas les mêmes critères et spécificités que les autres secteurs. Il est réservé à une certaine élite et créer son entreprise dans ce domaine peut relever de la folie. Mais ce n’est pas impossible, s’entourer des bons experts et d’un carnet d’adresses bien fourni peut vous aider à vous lancer.