L’annonce immobilière raciste publiée par une agence Laforêt

Les derniers jours de 2016 résonnent d’un bruit médiatique strident, pour le réseau d’agences immobilières Laforêt, qui se révèle être une nuisance pour l’enseigne. Vous l’aurez deviné, il s’agit bien d’un bad buzz. Le moins qu’on puisse dire est que l’annonce affichée par l’un de ses franchisés, considérée comme raciste, n’aura pas été un atout pour la location du bien.

Une annonce qui stipule « pas de Noir »

L’agence accusée d’avoir affiché une annonce à caractère raciste est située aux Lilas, en Seine-Saint-Denis. Le franchisé aurait mentionné sur l’une de ses fiches techniques de location : « Attention important pour la sélection des locataires : nationalité française obligatoire, pas de Noir. » La fiche de visite dont il est question était, quant à elle, destinée à un logement basé à Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine. Photographiée puis postée par un internaute sur le réseau social Twitter, l’annonce aurait été découverte fin novembre 2016.

D’abord passé inaperçu, le tweet a par la suite pris de l’ampleur dès lors qu’il s’est vu relayé par Franceinfo. De là, une enquête a été ouverte par le Défenseur des droits, chargé de lutter contre les discriminations. Cette dernière concerne autant l’agence que la propriétaire de l’appartement à louer. L’affaire ne s’arrête pas là puisque l’association antiraciste Maison des potes-Maison de l’Egalité y a également pris part. Mettant en cause le fait d’une « subordination d’offre locative à un critère de nationalité et de couleur de peau », l’association aurait déposé plainte contre l’agence membre du réseau Laforêt, mais aussi contre la propriétaire du logement.

Suspension du contrat jusqu’à nouvel ordre

De son côté, le principal intéressé, le réseau d’agences Laforêt, a fait le choix de suspendre son contrat avec l’agence située aux Lilas jusqu’à nouvel ordre : « Un franchisé du réseau Laforêt, situé aux Lilas (93) se voit reprocher un fait d’une particulière gravité concernant des conditions de location d’un appartement situé à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) incluant une mention discriminatoire absolument contraire aux valeurs qui sont les nôtres et qui garantissent à chacun un accès équitable au logement », a-t-il déclaré en attendant les résultats de l’enquête disciplinaire. Depuis, la Commission a tranché et a pris à l’unanimité la décision d’exclure l’agence des Lilas du réseau Laforêt.

Quand Laforêt présente ses excuses

Peu de temps après que les faits furent dévoilés au grand public, l’enseigne a tenu à faire part de son sentiment face à un tel incident. « Laforêt présente ses plus sincères excuses à toutes les personnes qui ont été choquées par cette déviance qui, même si elle est isolée et ne reflète en rien le professionnalisme des 700 agences et 3 000 collaborateurs du réseau Laforêt, n’en reste pas moins inadmissible », déclare le réseau d’agences après avoir affirmé prendre des mesures significatives afin que ce type de cas ne se reproduise plus. En concertation avec l’ensemble des franchisés, une réflexion devrait d’ailleurs être menée, selon le réseau. Et pour tenter de se mettre un peu plus hors de cause, Laforêt précise également : « que tous ses mandats de location et de gérance comportent des clauses rappelant l’interdiction faite au propriétaire de refuser une location pour un motif discriminatoire ».

Et pour la propriétaire de l’appartement ?

Alors que, pour se défendre, l’agence accusée d’avoir affiché l’annonce affirme qu’elle l’a fait sur « injonction de la propriétaire qui est raciste », cette dernière prétend n’être « absolument pas raciste ». Pour l’agence implantée aux Lilas, c’est sur ordre de la propriétaire qu’une collaboratrice aurait « pris la responsabilité » d’indiquer sur l’annonce une telle précision. « Elle a été naïve et mal formée, elle a retranscrit sans savoir », ajoute-t-elle.

Du côté de la propriétaire, celle-ci affirme pourtant avoir « trois locataires maghrébins dans cet immeuble et une locataire noire ». Ce à quoi elle a semblé trouver utile d’ajouter : « Je ne m’explique pas cette annonce, ça vient de Laforêt. D’ailleurs, nous ne travaillons plus avec eux depuis le 31 octobre, je n’étais pas satisfaite de leur travail. » Difficile de se faire une idée précise sur le sujet et de savoir qui dit vrai dans l’affaire. Mais ce qui est sûr, c’est que le verdict s’est fait sans appel pour l’agence incriminée…

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