Home Entrepreneur Advanced Schema : champion français de l’analytique & du big data !

Advanced Schema : champion français de l’analytique & du big data !

Advanced Schema : champion français de l’analytique & du big data !

Depuis 2001, l’entreprise Advanced Schema accompagne ses clients dans la mise en oeuvre de systèmes d’informations analytiques et data ainsi que la relation client. Son fondateur Hervé Seban, ingénieur de formation, s’est lancé afin de proposer une offre globale sur ce marché. Avec l’arrivée de Fabrice Haccoun en tant que CEO, l’ambition à l’international s’est révélée plus forte. Interview croisée de ces deux dirigeants.

Comment vous est venue l’idée de la création de l’entreprise ? Et comment l’avez-vous financée ?

Hervé Seban : il faut repartir de la genèse. Nous sommes à l’époque en 2001. Je suis passé par plusieurs DSI de grands groupes et notamment celle d’une grande banque. J’occupais un poste assez stratégique et je me situais du côté utilisateur de systèmes d’information et de services informatiques. J’ai constaté alors l’immense carence malgré la multiplicité d’intervenants avec des intégrateurs, des éditeurs de logiciel, de cabinet de conseils… d’offre globale dans le domaine de la data. J’ai pensé à ce moment-là qu’il y aurait à l’avenir une explosion des volumes de données et des usages. Le développement de l’entreprise a été auto-financé, ce qui se révèle être une très grande force pour nous aujourd’hui. La recherche et le développement représente 20% de notre effectif.

Quels ont été les plus grands défis avant l’arrivée de Fabrice ?

Hervé Seban : Il fallait maintenir malgré la croissance, l’ADN de l’entreprise. C’est très compliqué quand on grandit vite. Le deuxième défi est qu’il fallait garder nos convictions et ne pas écouter tous ceux qui pouvaient chercher à normaliser notre vision. On m’a souvent dit que passé 50 salariés, je n’arriverais pas à maintenir cet esprit. Je restais pour ma part persuadé que je pouvais croître en conservant le même niveau de qualité.

Aujourd’hui nous n’avons pas de direction commerciale, pas de DRH… Nous avons un modèle horizontal. Je pense que nous avons fait preuve d’une grande force de conviction et que la vitesse nous a permis de garder ce cap. Il n’y a quasiment pas de délai entre le temps où nous prenons une décision et le moment où nous la mettons en oeuvre. Si je dois prendre une image un peu martiale, il y a des armées où les officiers occupent les positions arrières et d’autres où ils vont au contraire au feu. Notre fonctionnement s’apparente plus à celui d’un commando qu’à celui d’une armée régulière. Je pense que notre taux de rétention collaborateur et d’attractivité RH viennent de cet engagement et de cette proximité.

Pourquoi faire appel à Fabrice Haccoun ?

Hervé Seban : Je pense qu’une des forces d’un dirigeant, c’est de se dire qu’il existe un certain nombre de domaines pour lesquels sa compétence est moindre et qu’il faut accepter d’être accompagné. Il me fallait un profil complémentaire et avec lequel je puisse m’entendre, une expertise forte dans le métier et une personne solide sur le plan commercial, RH et social et qui soit un peu surdimensionnée par rapport à la taille de l’entreprise, car je voulais accélérer la croissance. J’avais dans l’optique de trouver quelqu’un d’opérationnel et de complet.

Comment avez-vous rejoint Advanced Schema ?

Fabrice Haccoun : J’ai intégré l’entreprise il y a trois ans. La société avait déjà 13 ans et Hervé voulait que je le rejoigne pour engager la nouvelle phase du développement puisque c’est le moment où il fallait développer des filiales et aller à l’international. Je connais très bien l’histoire de la société, car je l’ai suivie depuis le début. Cela fait 17 ans que nous nous connaissons avec Hervé.

Pendant des années, nous nous sommes dit que nous allions travailler ensemble, car nous avions des profils complémentaires. Mon parcours s’est principalement déroulé dans les grands groupes. J’ai commencé en tant que directeur commercial chez CAPGEMINI puis j’ai été patron de la filiale française de TECH MAHINDRA, entreprise indienne qui compte 200 000 salariés dans le monde. Nous connaissions un fort développement mais j’ai décidé de revenir à la PME car c’est dans ces entreprises de tailles intermédiaires que se trouve l’essentiel de l’innovation dans le domaine de la data.

Ce n’est pas pour rien que les grands groupes se rapprochent des PME innovantes. Ensuite, je voulais être associé dans une entreprise et pas être seulement un manager. Nos destins se sont croisés à nouveau et nous avons été convaincus que c’était le moment. Nous étions à l’époque 120 et nous sommes désormais 200. Je suis arrivé au moment où nous créions des filiales dans le domaine de l’édition logicielle et de la santé connectée. Mon rôle est d’accompagner, de générer de la croissance en France et de développer l’international.

Comment s’est passée votre arrivée ?

Fabrice Haccoun : À l’époque, le groupe dans lequel j’évoluais tardait à investir et je suis allé voir le patron Europe qui m’a expliqué qu’il ne le ferait pas maintenant. Je pense qu’on ne peut pas créer de valeur sans les RH. Nous avons décidé de nous séparer en juillet 2015 et je suis parti en week-end. Je tombe nez à nez avec Hervé car nous étions dans le même hôtel le 14 juillet. La première chose qu’il prononce est : « Dis-moi que tu quittes les Indiens pour venir me rejoindre ». Je lui réponds alors « oui ». Nous sommes rentrés et nous avons posé les jalons de notre collaboration. Le temps de passer le relais dans la société dans laquelle je me trouvais et j’ai rejoint l’entreprise en septembre 2015 l’alignement de planètes était parfait.

Comment vous êtes-vous répartis les tâches ?

Fabrice Haccoun : Hervé incarne l’entreprise et il est le fondateur. Je suis plutôt en charge des fonctions marketing et commercial et nous nous partageons la direction générale. Hervé a une appétence plus prononcée pour la recherche et le développement, l’innovation technologique et le delivery. C’est un ingénieur de formation. Nous n’avons pas de matrice précise, mais chacun des compétences. Personnellement, le juridique, le RH, le commerce et le marketing sont plus mes domaines de prédilection.

Quelles ont été les différentes phases de l’entreprise ?

Fabrice Haccoun : Les fondamentaux ont été présents très tôt, car dès le début nous savions que nous ne voulions pas être une SSII traditionnelle. Immédiatement nous voulions un maillage très serré entre les individus, le refus d’une hiérarchie pyramidale et un esprit d’expertise. Nous pouvons parler d’un ADN profond. Il y a eu ensuite des phases de croissance rapide de 2001 jusqu’à 2009 – 2010. Avec un palier et une opportunité avec la crise car les grands groupes ont remis à plat leur système et leur méthode. Ils ont fait appel à de nouveaux acteurs capables de travailler davantage en mode commando. En 2010, nous avons décidé de freiner la croissance pour se réinventer. Nous ne pouvions pas courir tous les lièvres à la fois et c’est à ce moment-là que nous avons décidé de créer un pôle de recherche et développement qui représente aujourd’hui 20 % de notre effectif.

Quel est l’objectif d’Advanced Schema dans les années à venir ?

Fabrice Haccoun : Nous nous positionnons aujourd’hui comme une alternative aux acteurs existants dans le domaine de la data. Actuellement dans ce domaine, il y a d’un côté les grands éditeurs de logiciels américains, mais qui ont des modèles propriétaires vieillissants aux prix très élevés et de l’autre, les prestataires traditionnels, les ESN, qui sont elles aussi en difficultés, avec un modèle de prestation dont la valeur ajouté délivrée est limitée. Ils ont de plus en plus de mal à recruter. Enfin il y a les GAFA, qui ont des offres de plateforme qui correspondent assez bien aux besoins du client, mais qui ne sont pas structurées pour délivrer des services.

Un agrégateur d’offres

Advanced Schema se positionne comme un agrégateur d’offres. Nous avons créé une filiale logiciel NODATA (Not Only DATA) qui propose une plateforme de data management intégrée et modulaire distribuée en mode Saas. Elle décuple la capacité des grands groupes qui l’ont adoptée à exploiter et valoriser leurs données. Avec l’acquisition récente d’Arforia, dans le domaine de la réalité virtuelle & de la réalité augmentée, nous proposons des nouveaux modes de contextualisation et de visualisation de la donnée. Kernel 42, filiale spécialisée dans l’intelligence artificielle et le machine Learning et Connexin dans la santé connectée complète notre proposition de valeur. L’activité prestation de service originelle d’Advanced Schema apporte du liant à l’ensemble de ces offres.

Tous les grands groupes veulent devenir data driven en exploitant le potentiel que représente la data. Nous leur apportons le meilleur à la fois des services et de la technologie. L’avantage concurrentiel réside dans le fait que nous avons mis en œuvre des data plateformes pendant 17 ans. Ce qui nous rend pertinent c’est que nous avons décortiqué les outils du marché et nous nous sommes confrontés aux besoins des clients. Nous avons un plan de développement européen qui pourrait déboucher sur un développement mondial via NODATA.

Quels conseils donneriez-vous à un dirigeant ?

Fabrice Haccoun : La révolution du numérique a complètement rebattu les cartes. Nous arrivons aujourd’hui à voir des petits acteurs émergents qui vont concurrencer même les grands groupes, les obligeant à se remettre en cause. Nous n’aurions jamais pu penser cela il y a 20 ans. Qui aurait pu imaginer que le leader de la vente en ligne de vêtements serait Vente-privee.com et pas La Redoute ?

Cette révolution doit être abordée en tant que telle et les entreprises ne doivent pas transposer leur métier traditionnel dans le domaine du numérique. Il faut repenser son modèle économique et managérial. La détection des talents est révolutionnée ; un apprenti peut se révéler être une pépite. Il faut changer de paradigme. La transformation de l’entreprise est un préalable si l’on veut pleinement profiter de la révolution digitale. Le modèle managérial pyramidal et matriciel a vécu ; il doit désormais laisser place à un modèle collaboratif et horizontal limitant le nombre de strates hiérarchiques. Il faut aussi y croire. C’est un peu de l’ordre de la foi et de la transcendance. Rien n’est vraiment rationnel dans l’entrepreneuriat, et même si nous savons où nous allons, nous ne savons pas forcément comment nous y allons.

Quelle est la différence entre un grand groupe et une PME ?

Fabrice Haccoun : C’est la capacité à laisser libre court à la créativité et à l’inventivité. Les grands groupes sont des carcans, mais ce n’est pas volontaire, c’est structurel. Quand vous avez 150 000 personnes, la place pour la créativité et l’innovation diminue naturellement. Il n’y a plus de liberté managériale, car nous sommes dans un métier où les ressources sont rares et difficiles à recruter et garder. Si un manager n’a pas un tant soit peu de liberté et les mains déliées pour adapter son management, cela ne fonctionne pas. Dans mon cas, être un rouage, même en or, ne me convenait plus. C’est ce qui m’a remis dans l’entrepreneuriat.

6 Conseils de Fabrice Haccoun

  • Ne pas hésiter à aller à contre-courant de la pensée conformiste environnante dans notre business et à inventer un modèle différent. La récompense sera à la hauteur du risque pris.
  • Prendre garde à soigner les fondamentaux en particulier en matière de gestion (souci de la rentabilité, limitation des charges fixes).
  • Travailler la technicité. Quel que soit le business, il faut devenir le plus pointu techniquement. C’est un gage de pérennité et de compétitivité.
  • Trouver des axes de développement commerciaux qui génèrent du chiffre d’affaires récurrent.
  • Savoir détecter les talents et capitaliser dessus.
  • Être un bon manager qui s’approprie les défaites et partage les succès. C’est malheureusement souvent l’inverse dans la culture managériale française.

« Si je dois prendre une image un peu martiale, il y a des armées où les officiers occupent les positions arrières et d’autres où ils vont au contraire au feu. Notre fonctionnement s’apparente plus à celui d’un commando qu’à celui d’une armée régulière. Je pense que notre taux de rétention collaborateur et d’attractivité RH viennent de cet engagement et de cette proximité ».

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