L’application Adblock et ses déclinaisons mobiles ont constitué une petite révolution du Web. Le bloqueur de publicités intrusives et autre pop-ups a en effet obligé les annonceurs à changer leur modèle économique, d’où un manque à gagner évident pour les publicitaires et sites. Dans quelle mesure les applications telles Adblock et autres options anti-pub ont-elles changé Internet, dont la publicité représente un important chiffre d’affaires ?
La publicité principale ressource sur Internet
Essentielle afin d’assurer un modèle économique viable des sites Internet surtout pour ceux gratuits, la publicité génère un chiffre d’affaires mondial semestriel de plus de 750 milliards de dollars au 1er semestre 2014. Principalement ciblée par les réseaux sociaux tels Facebook ou Twitter et les moteurs de recherche comme Yahoo et Google, la publicité représente une part importante de l’économie digitale. Ce sont ainsi plus de 1,4 milliards d’euros en France de revenus qui sont générés par cette publicité numérique chaque semestre, et les dirigeants de Google admettent que 89% de leur chiffre d’affaires est constitué par celle-ci.
Un manque à gagner qui menace la gratuité du Web
Toutefois les bloqueurs de publicité et autres applications à l’instar d’Adblock et d’Adblock Plus viennent bouleverser ce schéma économique. Lancé en 2005 par les développeurs, Adblock est aujourd’hui disponible sur la plupart des navigateurs Web : Mozilla Firefox, Google Chrome et Safari Opéra. Adblock constitue sans nul doute l’application anti-pub la plus téléchargée au monde avec plus de 200 millions d’utilisateurs. Disponible également en version mobile pour les smartphones et tablettes tactiles, Adblock Plus constitue une référence pour les utilisateurs. Jusqu’à 40% des bannières publicitaires, pop-ups et autres publicités envahissantes peuvent ainsi être bloquées lors de la navigation Internet, ce qui accroît largement le confort d’utilisation. Cependant les annonceurs et publicitaires dénoncent un manque à gagner conséquent sur le display de l’ordre de 264 millions d’euros au 1er semestre 2014, selon l’observatoire de l’ePub SRI. Les éditeurs dénoncent alors les applications anti-pub qui pourraient mettre à mal à terme la gratuité sur Internet. Ceux-ci sont en effet forcés de s’adapter à ces bloqueurs et filtreurs de publicité, qui peuvent néanmoins être paramétrés pour autoriser un contenu moins intrusif.
Un système anti-bloqueur et des publicités moins intrusives
Différentes technologies sont mises en place par les éditeurs et créateurs de site, à l’instar de solutions qui détectent si un plug-in Adblock Plus est installé. De nombreux utilisateurs se sont ainsi vu interdire l’accès à des sites qui requièrent dorénavant de désactiver le logiciel bloqueur de publicité. Plusieurs start-ups ont de même été créées dans cette optique, offrant à leurs clients des solutions clé en main pour bloquer Adblock. Lancée en septembre 2013 par l’éditeur français de services web Jean-philippe Lannoy, la société numérique Adunblock affiche déjà près de 7,8 M de bloqueurs désactivés. Le service permet d’obtenir des statistiques précises de blocage, d’afficher un message pédagogique sous forme de barre en haut de page mais également un « message plein écran » qui masque le site et affiche un message un peu plus insistant pour désactiver le bloqueur. De nouvelles règles sont ainsi progressivement instituées afin de satisfaire utilisateurs et professionnels et obtenir un statu quo. Un cahier des charges a été institué offrant des publicités moins intrusives et moins présentes sur le Web. Compromis idéal qui garantit une gratuité de navigation sur les sites mais aussi qui génère des revenus publicitaires pour les annonceurs et éditeurs, cette charte semble être la solution adéquate afin de satisfaire les exigences des deux parties.