Face à un monde en pleine mutation, l’entrepreneuriat peut-il représenter l’espoir du changement ?
Les perspectives ne sont pas glorieuses : un monde en crise, avec des taux de croissance revus à la baisse en Europe, de la pauvreté accrue pour les classes moyennes qui protestent, des citoyens de pays sous dictature qui sont tués alors qu’ils crient leur droit à la liberté. Un monde en mutation, un monde qui souhaite le changement sans savoir très bien sous quel nom l’appeler. Un nouveau monde vert ? Solidaire ? Un nouveau monde plus équitable ? Un nouveau monde plus innovant ? Les paris du futur sont ouverts et à la roulette des projets en présence on veut tous jouer. Pour aller où… ?
Entrepreneuriat et changement
Parmi les vecteurs du nouveau monde, l’entrepreneuriat reste une valeur sûre. Pourtant, l’observation du réel nous apprend bien que le changement peut parfois être source d’immobilisme, comme celui-ci peut conduire au changement. Toute action entrepreneuriale ne saurait donc pas être source de changement, comme tout changement ne saurait pas être bénéfique pour tous les acteurs en présence…
Comment alors jouer l’entrepreneuriat contre la fin du monde ? Et d’ailleurs, est-ce sa mission première ? Peut-être pas, si l’on revient aux origines de la démarche entrepreneuriale qui se veut avant tout d’ordre économique : son rôle serait de créer de la valeur marchande, afin de répondre aux besoins du marché tout en assurant un retour financier pour l’entrepreneur. Toutefois, l’entrepreneuriat social a tenté d’inverser ce rapport premier de l’économique par rapport au social, à travers une démarche critique visant à montrer que les deux peuvent se penser ensemble, dans une dynamique productrice et protectrice de valeurs sociales autant que financières.
Argent et emploi
Aujourd’hui, les critères mêmes selon lesquels les nouvelles entreprises sont évaluées en situation d’incubation sont doubles : dans quelle mesure la nouvelle structure saura-t-elle produire de l’argent et renforcer l’emploi ? Argent et emploi comme les deux facettes complémentaires de l’entrepreneuriat actuel. Et voilà que de nouvelles aspirations font jour, notamment chez les jeunes souhaitant se diriger vers la création ou la reprise : pour eux, le rêve serait de « transformer le monde », une ambition accueillie avec des sourires condescendants ou blasés par le monde déjà là, fatigué par ses routines et ses échecs, mélancolique par conviction, paresseux par défaut.
Les entrepreneurs : bâtisseurs d’un monde nouveau
Alors, l’entrepreneuriat saura-t-il participer à la transformation de notre monde ? Saura-t-il convertir la fin d’un monde en un monde renouvelé ? Et quel sera ce monde futur ? Quelles seront les valeurs pour lesquelles il faudra se battre et travailler ensemble ? Parions que les jeunes entrepreneurs d’aujourd’hui sont déjà en train, subtilement, discrètement, d’y œuvrer en silence.