Il y a 11 millions d’aidants en France, selon le gouvernement. Autant de personnes qui soutiennent régulièrement un proche dont l’autonomie est diminuée par l’âge, le handicap ou la maladie. Alors que le nombre d’aidants est amené à croître au gré du vieillissement de la population, leur situation reste toujours aussi éprouvante. Quotidien bouleversé, charge mentale, perte financière, solitude et sacrifices, sont autant d’épreuves auxquelles font face cette catégorie de la population. Il convient donc d’aider ceux qui aident. Des grands groupes comme La Poste ou la Matmut s’engagent justement à soutenir leurs salariés aidants.
Les aidants, ces proches qui accompagnent, à titre non professionnel, un membre de leur famille malade, handicape ou fragilisé, vivent des situations difficiles. Leur quotidien est tout d’abord brutalement ou progressivement bouleversé par la dépendance. Et de nombreux sacrifices tant sur le plan financier, médical, social ou conjugal en découlent. Les enquêtes sur les aidants font état de renoncement aux soins, d’isolement, de dégradation de la santé physique et mentale.
Les aidants se sentent souvent seuls face à la maladie, l’absence de prise en charge globale ou bien le manque de reconnaissance de leur rôle. Une majorité d’entre eux décrivent aussi un épuisement, avec plus d’un aidant sur six qui consacre vingt heures par semaine pour aider son proche. Une charge mentale qui suscite inévitablement du stress. On peut aussi ajouter la solitude et les multiples restrictions sur le plan personnel et professionnel.
La situation des aidants français doit donc s’améliorer. D’autant plus que leur nombre va augmenter au regard du vieillissement de la population. 25% des français actifs devraient être concernés par ce statut d’ici 8 ans. Le sujet des aidants est donc un enjeu de société qu’il faut saisir à bras le corps.
Notons que 62% des aidants occupent un emploi. Plus de 50% des aidants sont même des salariés. Les entreprises ont donc une grande part de responsabilité vis-à-vis de ce sujet. L’engagement auprès des salariés aidants s’inscrit progressivement dans les démarches RSE des entreprises, avec de nombreux dispositifs qui apparaissent ces dernières années.
Le groupe La Poste a par exemple mis en place, dès 2016, une plateforme téléphonique d’écoute, de conseils et d’orientation (le guichet des aidants), et a édité le guide des postiers aidants. En 2017, le groupe a créé un certificat d’aidant familial qui permet aux postiers concernés de bénéficier de conseils et de prestations qui simplifient leurs vies (Cesu bonifiés, aide au répit, allocation pour des frais de séjour en centre de vacances…).
Un an plus tard, un accord social a été négocié avec les syndicats pour permettre aux postiers aidants de mieux concilier leur vie professionnelle et leur vie personnelle. « Nous avons créé un fonds de solidarité, abondé par La Poste qui donne 1 000 jours par an, et les postiers qui le souhaitent peuvent en donner aussi, de manière anonyme », précise La Poste.
L’entreprise à mission a également facilité le télétravail et le temps partiel. Elle a aussi accordé aux postiers aidants 3 jours par an d’absence possible pour accomplir des démarches médicales ou administratives en lien avec leur proche dépendant. A travers cet accord, La Poste a accompagné plus de 1 000 postiers aidants.
Une autre grande entreprise travaille à améliorer le quotidien de ses salariés aidants : la Matmut. Suite à l’accord social signé en 2019, le groupe d’assurance a décidé d’aménager le rythme et la charge de travail des salariés aidants, de leur octroyer des jours supplémentaires de congés et de sensibiliser les collaborateurs et managers sur le sujet. L’accord a également créé un fonds de solidarité, alimenté par des dons des salariés provenant de leur compte épargne temps (CET).
Plus précisément, l’accord prévoit qu’un salarié peut donner ses jours de repos non pris à un collaborateur de l’entreprise qui assure la charge d’un parent, d’un conjoint, d’un enfant, d’un cousin, d’une tante ou d’un oncle malade, dépendant ou présentant un handicap. Chaque salarié peut céder autant de jours de repos qu’il le souhaite provenant de son CET. Les aidants peuvent recevoir jusqu’à 40 jours par an, renouvelable.