Faut-il valoriser l’intrapreneuriat ?

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Depuis quelques années, l’innovation est au cœur des aspirations des entrepreneurs mais aussi de leurs salariés. Le besoin de créativité dans l’entreprise se fait de plus en plus sentir et l’intrapreneuriat semble une solution séduisante dans ce cadre. Cependant, certains chefs d’entreprise restent sceptiques face à cette démarche. Pour les sociétés, est-il véritablement bénéfique de promouvoir et valoriser l’intrapreneuriat ?

Une source d’innovation

L’intrapreneuriat est une pratique propre à la vie de l’entreprise qui consiste à donner aux employés les moyens matériels de créer les projets qui leur tiennent à cœur. Un rapport du Global Entrepreneurship Monitor a montré que 3 % des salariés dans le monde ont été concernés par des activités intrapreneuriales durant les trois années précédant l’étude. Ce chiffre montre la volonté des employés de prendre des initiatives et d’innover en lançant leurs propres produits, épaulés en cela par l’entreprise pour laquelle ils travaillent. Encourager l’innovation est une démarche positive de la part des sociétés, qui peut même faire partie de leur culture d’entreprise.

Un risque pour les entreprises ?

Pour autant, le concept de l’intrapreneuriat compte aussi ses détracteurs. Le même rapport souligne le fait qu’un intrapreneur sur cinq évoque son désir de quitter son entreprise dans les trois ans pour lancer sa propre affaire. Les dirigeants peuvent donc freiner les initiatives internes de ce type, de peur de voir non seulement leurs meilleurs salariés les quitter dans un avenir proche, mais aussi devenir de possibles concurrents. Les études estiment toutefois ce risque comme réduit, les intrapreneurs n’étant au final que 11 % à abandonner leur emploi pour devenir indépendants. Au contraire, l’intrapreneuriat peut devenir une formidable source de partenariats pour l’entreprise.

La construction d’un futur réseau

Fondatrice de la société de conseil en management Human Ventures, Valérie Blanchot Courtois y voit un incontestable avantage pour les entreprises. Le système de l’intrapreneuriat incite plutôt les salariés lançant leurs projets à collaborer avec l’entreprise qui les emploie dans le cas d’un futur départ, ou à lui faire profiter de leur capacité d’innovation. Les intrapreneurs demeurent redevables à l’entreprise qui leur a mis le pied à l’étrier et n’hésitent pas à nouer des collaborations à long terme ou à céder des parts à leurs anciens dirigeants lors de la création de leur start-up. Les chefs d’entreprise ont donc tout intérêt à valoriser l’intrapreneuriat dans leur société, tant pour le bien-être de leurs employés que pour les retombées économiques à long terme.

Des exemples de succès

La défense de l’intrapreneuriat est de plus en plus en vogue et compte quelques belles réussites dans des entreprises de toutes tailles. La société canadienne Frima spécialisée dans les jeux vidéo a activement défendu ce principe, avec des conséquences très positives. Elle a su attirer des employés brillants en leur proposant de mettre au point librement leurs propres projets en interne, ce qui a fortement contribué à l’essor de la société. Parmi les grands groupes, le cas de Google reste le plus célèbre. La firme offre 20 % de leur temps de travail à ses employés pour qu’ils montent des projets personnels, une pratique innovante qui a permis de forger l’excellente réputation de l’entreprise.

Pionnier en France, l’équipementier télécoms  Alcatel Lucent a lancé une trentaine de projets. Ainsi, trois nouvelles lignes produits ont été créées, dont une station de radio mobile autonome en énergie qui a généré 25 millions d’euros de chiffre d’affaires en trois ans.

 « De plus en plus d’entreprises permettent à leurs salariés d’entreprendre en interne, et ainsi de se développer. Ce n’est pas un effet de mode. C’est quelque chose de structurant, une autre façon de travailler, qui les oblige à repenser leur organisation, et leur relation avec les collaborateurs »

Olivier Leclerc, cofondateur du mouvement Les Hacktivateurs

De même, le fabricant de moteurs pour l’aéronautique et le spatial Safran Aircraft Engines,  un Fab Lab de 240 mètres carrés propose depuis plusieurs années pour que tous les salariés puissent prototyper leurs idées ; le programme DARE (Disrupt, Act, Risk to be an Entrepreneur) de LVMH (propriétaire du Groupe Les Echos) cherche également à concrétiser les idées innovantes des collaborateurs.

La Société Générale et son programme d’intrapreneuriat n’est pas en reste pour démontrer la valeur de l’intrapreneuriat.

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