Les licornes, kezako ?

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Dans le domaine de l’économie, le terme de licorne, traduction de unicorn en anglais, désignait initialement une start-up installée sur le sol américain, ayant moins de 10 ans d’existence et valorisée sur le marché avec une estimation dépassant le milliard de dollars, avant même sa cotation en bourse. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Créé en 2013 pour désigner des start-up américaines au succès financier sans égal, le terme de licorne s’est désormais intégré au vocabulaire économique du monde entier et n’est plus seulement réservé aux entreprises américaines.

Il y a environ 300 Licornes dans le monde en 2019 et la très grande majorité se trouve en Chine et aux US. A ce jour, la France ne compte officiellement que six Licornes :  BlaBlaCar, OVH, Daitaku, Meero,  Ivalua et Doctolib depuis sa levée de fonds.

Les principes pour être une licorne

Il ne suffit pas de peser financièrement très lourd sur le marché pour intégrer le très prisé classement des licornes mondiales. L’origine du terme appliqué aux entreprises provient d’une étude économique réalisée en 2013 par Aileen Lee, fondatrice du fonds d’investissement Cowboy Ventures, qui avait réalisé un état des lieux des entreprises les plus prospères créées après 2013. Cette étude a conduit à démontrer que moins de 0,1 % des entreprises ayant bénéficié de financement par un capital risque atteignait une valorisation de plus d’un milliard de dollars dans la décennie suivante.

Pour souligner la rareté de ce phénomène, elle choisit le terme de « unicorn », en référence à l’animal fantastique, fascinant et mystérieux. à l’image des très talentueuses start-up américaines Airbnb, Dropbox ou encore Snapchat. Ces entreprises sont installées sur le sol américain (même si ce n’est pas forcément leur pays d’origine). Elles possèdent la particularité d’avoir moins de dix ans et une valorisation supérieure à un milliard de dollars. Enfin, toutes les entreprises classées comme licornes ne sont pas (ou pas encore) cotées en bourse. 

Les origines du succès

Mais comment ces toutes jeunes entreprises peuvent-elles alors connaître un tel succès financier sans même entrer en bourse ? Elles surfent sur deux tendances fortes de ces dix dernières années. La première ? Les nouvelles technologies. Par-dessus tout, les licornes profitent d’un contexte monétaire qui leur est très favorable, dans lequel les investisseurs ont choisi de miser massivement, après que de nombreux fonds en capital-risque aient fait le mauvais choix de ne pas investir dans l’entreprise alors naissante de Facebook.

Si on prend souvent en compte la valorisation d’une entreprise pour définir s’il s’agit d’une licorne ou non, celle-ci reste cependant une donnée très subjective. Une start-up peut lever plusieurs millions de dollars de fonds, basculer ainsi au-delà du milliard de dollars de valorisation, mais ne pas être très rentable ou avoir une rentabilité forcée. Les investisseurs posent des conditions drastiques de retour sur investissement nullement prises en compte dans la valorisation utilisée pour l’établissement du classement. Il convient de regarder les chiffres parfois vertigineux de la valorisation avec une certaine mesure, pour bien appréhender le poids réel de ces entreprises.

Un phénomène pas si rare dans l’économie mondiale

Le phénomène est désormais en pleine expansion, puisque l’on comptait « seulement » 82 entreprises valorisées à plus d’un milliard de dollars en janvier 2015. Elles étaient 134 mi-septembre de la même année. Les dernières études économiques font état de près de 300 licornes dans le monde en 2019. BlaBlaCar, OVH, Daitaku, Meero,  Ivalua et Doctolib ont ainsi réussi à se hisser dans le très convoité classement des 300 start-up pesant plus d’un milliard de dollars. Les analystes ont désormais inventé un nouveau terme, pour désigner les entreprises remplissant les mêmes critères que les licornes, mais à la puissance 10 : les decacorn. Celles-ci suivent le même principe mais sont valorisées à plus de 10 milliards de dollars.

Le continent européen, terre potentielle ?

À l’échelle mondiale, les licornes sont au nombre de 300 dans le dernier classement émis par CB Insights, société de conseil et d’analyse dans le domaine de l’économie, dont quarante proviennent du continent européen. L’organisme GP Bullound, dans son étude « European Unicorns : Do The Have Legs ? » se penche sur le phénomène des licornes européennes, pour mieux cerner leur profil.

De Skype à Zalando, en passant par le français BlablaCar, l’étude a passé au crible les 40 entreprises européennes valorisées à plus d’un milliard de dollars. L’Europe n’a pas à rougir de ses entreprises, puisqu’en 2014, 13 nouvelles start-up intégraient le classement mondial des licornes, contre 22 la même année aux Etats-Unis.

Il convient de noter que la valorisation entre les deux continents est sans commune mesure, puisque l’ensemble des licornes européennes pèsent 120 milliards de dollars au total, alors que Facebook en pèse 230 milliards à lui seul. Ainsi, la valorisation moyenne des licornes européennes avoisine les 2,1 milliards de dollars, pour un âge moyen se situant autour de 8 ans. Les licornes européennes se sont essentiellement développées dans le domaine de la fintech (nouvelles technologies appliquées au domaine de la finance), de l’e-commerce, du software et du market place. En Europe, c’est le Royaume-Uni qui compte le plus de licornes en Europe, suivi par la Suède, l’Allemagne et la Russie. La France se positionne elle en 5e position avec six entreprises en course.

Un succès français à l’américaine

Le succès des six entreprises françaises au milieu de très grands noms de l’économie mondiale a de quoi surprendre au premier abord, et pourtant, il semblerait bien qu’il existe un modèle de succès économique en France. Les six entreprises, aujourd’hui considérées comme des licornes sur un plan international, se sont développées dans des domaines totalement différents, avec des méthodes bien distinctes. Alors quel est le secret commun de leur réussite ? Les six dirigeants s’accordent à dire que l’essentiel demeure de trouver le bon modèle économique et de s’y tenir, pour pouvoir se développer très vite et à l’international. Les marchés français et européens s’avèrent trop restreints et ne suffisent pas à réaliser une success story capable de faire rentrer l’entreprise dans le royaume des licornes.

Pour y parvenir, il reste donc nécessaire de trouver des créneaux novateurs encore inexploités dans ces pays. Un succès que Vente-privée a failli ne pas connaître sur le marché américain. Celui-ci ayant été freiné par un modèle de vente auquel les marques américaines n’adhéraient pas du tout. Le recrutement joue également un rôle prépondérant pour gravir rapidement les échelons des classements. Et à ce jeu-là, les Américains ont bien souvent un temps d’avance. Développeurs, webmasters,… sont autant de domaines dans lesquels il importe d’opérer un recrutement de choix pour pouvoir faciliter les levées de fonds.

Les futures licornes internationales, européennes et françaises

Les experts s’accordent tous à dire que les entreprises qui intégreront le classement très prisé des licornes représentent l’avenir pour les investisseurs de capitaux. Il est devenu indispensable de pouvoir prédire au plus juste quelles start-up émergeront dans les deux à six prochaines années. Elles sont ainsi scrutées à la loupe, pour suivre leur évolution. Des listes de noms d’entreprises très prometteuses émergent régulièrement, que ce soit sur le plan international, européen ou français. Ces pronostics sont susceptibles de conditionner fortement les levées de fonds futurs de ces start-up.

Au niveau international, une quinzaine d’entreprises sont pressenties pour atteindre le statut de licornes dans les mois à venir. Cette relative proximité fait quelque peu perdre son prestige au statut de licorne, mais il n’en reste pas moins que le cap du milliard de dollars demeure très attractif. En Europe, sans surprise, c’est le Royaume-Uni qui semble abriter le plus grand nombre de potentielles futures licornes, suivie par la Suède. 

Les licornes, phénomène de mode ?

Le phénomène a certes de quoi fasciner tous les chefs d’entreprise, mais de quoi inquiéter également. Rappelons que la valorisation de ces entreprises est sans lien avec la bourse, puisqu’une licorne n’y est pas encore par définition. La richesse de ces start-up provient quasi exclusivement des levées de fonds qu’elles peuvent réaliser. Mais c’est ici que le bât blesse puisque le niveau de valorisation des start-up classées comme des licornes est parfois sans commune mesure avec les profits réellement générés sur le marché. Ces dernières années, les investisseurs se sont montrés prêts à investir des sommes colossales, si le concept s’avérait être séduisant et prometteur, faisant penser à la création d’une nouvelle bulle. De peur de passer à côté d’un nouveau phénomène technologique comme ont pu l’être Facebook, Google ou Uber, les détenteurs de capitaux ont injecté des sommes folles dans des entreprises ayant peu d’années d’existence. 

Un ralentissement de l’investissement

Au cours du deuxième semestre 2015, on avait assisté à un ralentissement des levées de fonds, y compris par les plus importantes entreprises, telles qu’Airbnb. De même, un tel afflux de quantités d’argent dans des jeunes entreprises, qui pour certaines ne sont même pas encore rentables, a de quoi mettre en péril l’équilibre économique. Autre limite des licornes, elles se résument bien souvent à une valorisation, ce qui fait totalement oublier l’humain derrière, en ne mettant pas en lumière les salariés et leurs actions. Ce point faible des licornes pourrait aisément devenir leur talon d’Achille dans les années à venir. 

Infographie: D'où viennent les licornes ?  | Statista

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