Y a-t-il une limite morale au business ?

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Il est des chemins qui ne justifient pas qu’on les prenne. Surtout s’ils vont conduire de personnes à la souffrance parce que ceux qui vont acheter risquent de prendre le chemin de l’addiction, se détruire et détruire leur famille. Rien n’est plus précieux que  la vie et le bonheur des êtres humains.  Le succès rencontré par les sites de rencontres extra-conjugales, l’industrie de l’armement qui présente des résultats économiques encore une fois de plus au beau fixe, les marchés de la drogue qui se développent de plus en plus en France mais aussi à travers le monde… Le business est partout, et même dans des domaines qui pourraient sembler être à la limite de la moralité. Sexe, drogue, armes, tous ces secteurs n’ont pas l’aval d’un grand nombre de personnes mais, force est de constater, qu’économiquement, ils rencontrent un succès indéniable.

Faut-il apposer des frontières morales au business ? La loi de l’offre et de la demande est-elle encore et toujours maîtresse dans notre économie à l’heure où les business parallèles fleurissent et où on franchit souvent les limites de l’éthique ?

L’opportunisme au cœur de ces business

La première piste de réponse, et sûrement la plus probante, concerne bel et bien le fait que ces business qui s’établissent aux frontières de la moralité sont souvent le fruit d’un opportunisme assumé.

L’exemple des frères Truchot, les fondateurs du site de rencontres extra-conjugales Gleeden est symptomatique de tous ces business. Après la revente d’une de leurs premières entreprises n’ayant pas rencontré un succès à la hauteur de leurs espérances, ces deux frères prennent la décision, avec l’aide d’un grand fonds d’investissements américain, de créer trois sites Internet différents, dont Gleeden. L’idée part de deux considérations pourtant bien distinctes : les sites de rencontres connaissent un succès grandissant à travers le monde et les chiffres de l’infidélité ne cessent d’augmenter. Les frères Truchot mettent en rapport ces deux constats pour fonder Gleeden. Le succès est immédiat, ces deux entrepreneurs ont réussi le pari de répondre à une demande (jugée immorale par certains, justifiée pour d’autres). Le succès est là et bien présent.

Autre exemple qui illustre à merveille l’idée : la légalisation du cannabis dans l’Etat du Colorado aux Etats-Unis. Depuis cette décision légale, les commerces fleurissent de partout et de nombreuses personnes commencent même à se constituer une petite fortune après l’ouverture de plusieurs points de vente. Le succès est tel que l’État du Colorado, recevant des taxes sur chaque produit vendu, ne sait plus vraiment quoi faire avec tout l’argent récolté et hésite même à le redistribuer aux contribuables. Là encore, le business est à la limite de la morale (vente libre de drogue) mais les résultats économiques sont indéniables. On pourrait d’ailleurs dire tout à fait la même chose pour la vente d’armes, dont les résultats économiques sont chaque année plus importants.

La loi de l’offre et de la demande 2.0

Le seul constat qui peut être fait ici est le suivant : la loi de l’offre et de la demande régit encore et toujours notre économie. Oui, il pourrait exister des limites morales au business, mais ces limites, ce sont les consommateurs qui peuvent les dessiner. Une entreprise qui ne trouve pas de réponse à son offre ne peut se développer. Si des entreprises qui axent leurs activités sur des commerces moralement fragiles (armes, sexe, drogues) trouvent une demande certaine, pourquoi s’en priveraient-elles ? Le marché a cette capacité d’auto-régulation qu’il faut prendre en compte avant d’aborder les questions de morale et d’éthique, c’est là une chose certaine.

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