Le bien-être en entreprise serait-il devenu une obligation ? On ne saurait le dire mais il n’y a qu’à voir les nombreuses entreprises qui se sont créées autour de ce thème et la floraison de livres et de formations sur le sujet pour se dire qu’il est considéré comme un véritable enjeu pour les entreprises. Tendance ou effet de mode, on ne saurait le dire même si les conséquences du confinement ont mis en exergue de nouvelles réalités dont il faut absolument tenir compte.
Des collaborateurs longtemps malmenés
Le bien-être en entreprise, il y a quelques années : on n’en parlait pas et ne semblait avoir que peu d’importance. L’essentiel était la rémunération, le métier s’il était intéressant ou valorisant ou encore la position dans la pyramide hiérarchique. L’arrivée des nouvelles technologies et notamment internet a profondément transformé les entreprises et a eu un impact considérable sur la masse salariale et sur les mentalités. Il faut dire que la performance des outils, qui ont remplacé bon nombre d’humains, ont conduit à malmener les collaborateurs et à remettre en cause leurs postes.
De nombreux métiers dont certains pouvaient s’enorgueillir grâce à leur savoir-faire et leur expérience, sont devenues obsolètes et les salariés à ces postes ont été à maintes reprises mis en difficultés. Ils ont dû recommencer à zéro et souvent avec des plans de licenciements qui ont humilié bon nombre d’entre eux avec des politiques de RH inhumaines.
Les multiples procès, qui se sont souvent déroulés parfois pendant 20 ans pour enfin obtenir gain de cause, ont engendré une peur qui est l’opposé du bien-être. Selon l’Edelman Trust Barometer 2021, 84 % des collaborateurs se sentent concernés par la perte de leur emploi, et 53 % en ont peur. Par ailleurs, 56 % des répondants sont inquiets d’un remplacement accéléré de leur emploi par des solutions d’intelligence artificielle à la suite de la pandémie.
La dévalorisation du travail répétitif
Par ailleurs, le travail répétitif a aussi connu une dévalorisation. Associé le plus souvent à une moindre rémunération, il est surtout aujourd’hui perçu comme un travail qui ne demande pas forcément de solliciter son intelligence. Pourtant, il requiert souvent beaucoup d’attention car les erreurs peuvent coûter cher et il est fréquent que celui qui a commis une erreur soit pointé du doigt par ses managers et les services dans lesquels ils évoluent. Si autrefois, le travail était valorisé en tant que tel, il faut bien constater que bon nombre ont désormais un véritable mépris envers certains métiers. Et il faut le constater : les leaders ou collègues parfois pervers, caractériels ou lunatiques ont bien contribué à cette considération. Il est clair que le fameux « il n’y a pas de sot métier » en a pris pour son grade.
Un travail désormais basé sur les compétences
Les compétences sont devenues une référence et la norme mais elles ajoutent une compétivité qui est souvent mal vécue. Si autrefois les compétences étaient définitivement acquises, aujourd’hui on constate une course contre la montre car chaque compétence peut être remise en question en raison des innovations, des nouveaux process et signifier pour certains … le placard (ou une démission qui impactera non seulement le collaborateur en question mais aussi toute l’entreprise). Les rumeurs qui vont bon train sonnent parfois comme un avertissement pour les équipes « A bon entendeur, salut ».
Certes, de nombreuses formations sont mises en place mais désormais le collaborateur doit avoir en quasi permanence le désir de se former. Or, l’humain n’est pas toujours capable d’être dans cette disposition et certains salariés se laissent dépasser. La formation prend alors l’aspect d’un épouvantail et il leur est difficile d’acquérir le contenu sous cette pression. Il a donc fallu proposer de tenir compte de l’humain pour ne pas le mettre dans une impasse. De ce constat et depuis un peu plus d’une décennie, les entreprises forment leurs managers à diriger leurs équipes. Elles l’ont bien compris la productivité des salariés passe par la bienveillance et le respect de la dignité de la vie de chaque personne. Ils sont donc devenus une dimension essentielle pour le succès des entreprises.