Après avoir été entrepreneur en France et en Asie, Olivier Le Faouder a créé il y a quatre ans son comparateur d’assurance santé à échelle mondiale. Portrait d’un dirigeant lancé dans l’aventure entrepreneuriale depuis près de 22 ans.
Quel parcours avez-vous effectué avant de devenir entrepreneur ?
J’ai débuté ma carrière dans l’administration fiscale, ou j’ai passé 5 ans avant de bénéficier d’un détachement à la CNP Assurances. A la suite de cette première expérience dans le monde du privé, j’ai décidé de démissionner de la fonction publique et de monter ma première société de conseil et d’expertise financière et courtage d’assurance en 1995. Je ne souhaitais pas particulièrement m’établir dans ce domaine d’activité mais j’étais sans cesse rattrapé par mon premier métier. De nombreuses entreprises me demandaient constamment des conseils fiscaux et financiers pour les accompagner dans leur projet ! Je me suis donc naturellement retrouvé dans cette filière alors que le monde de l’assurance m’intéressait davantage. Après presque 17 ans dans le conseil dédié aux entreprises, j’ai décidé de faire un break et de partir en Asie. L’idée de créer un comparateur en assurance santé internationale pour expatriés m’est venue à ce moment-là. Des amis et entrepreneurs qui vivaient sur place m’avaient confié les difficultés qu’ils rencontraient dans ce domaine pour choisir le plan santé expatrié représentant le meilleur rapport garantie prix avec des services de proximité dans leur pays d’arrivée. J’ai d’ailleurs été directement concerné par la question après avoir été victime d’un accident sur place, qui m’a conduit à m’y intéresser davantage. J’ai donc effectué une étude de marché et rencontré tous les assureurs qui étaient les acteurs de la santé internationale pour bien appréhender le fonctionnement de l’assistance, de la gestion des remboursements et des services qui pouvaient être offerts aux expatriés. Ce préalable a duré un peu plus d’un an et je me suis ensuite lancé dans l’aventure créant AOC Insurance Broker, un comparateur d’assurances santé internationale, il y a un peu plus de quatre ans.
Pourquoi créer votre boite ? Vocation ou expérience ?
Je n’ai été salarié qu’une seule fois et c’était dans l’administration ! A bientôt 50 ans, j’ai presque 22 ans d’expérience en tant qu’entrepreneur. J’ai toujours dirigé, créé, revendu des entreprises. Mes activités sont toujours restées liées au conseil. Celles-ci s’adressaient à des dirigeants, détaillaient la réalisation de levées de fonds, développement, restructuration avec des plans sociaux, etc… A un moment de ma vie, je voulais revenir dans l’assurance, qui m’avait toujours attiré. Cette niche de marché s’est alors présentée à moi et j’ai sauté le pas.
Pouvez-vous nous rappeler le concept de votre entreprise en quelques mots ?
Nous sommes un comparateur d’assurances dédié aux expatriés. Nous avons développé une plateforme web de comparaison multilingue qui combine toutes les offres santé du marché, en fonction des besoins et des destinations. Cette plateforme définit l’assurance qui convient le mieux aux besoins des expatriés (particuliers/familles/entreprises/organisations internationales) et assure le meilleur rapport garantie / prix. Nos services s’adressent aussi aux entreprises qui gèrent la mobilité internationale de leurs collaborateurs à l’étranger. Pour elles, nous analysons, comparons et créons des plans santé sur-mesure avec des services digitaux liés à la prévention et au bien-être. Nous pouvons gérer un appel d’offre dans son intégralité, de la détermination des besoins à la souscription et en assurer le suivi en tant qu’intermédiaire. Le but consiste à accompagner nos clients dans la durée en intégrant ces derniers au cœur de leur santé. Pour ce faire nous lançons actuellement une application mobile en relation avec notre plateforme de comparaison qui comprend la santé digitale liée à des objets médicaux connectés accompagnée d’un programme de reward (fidélisation / récompense) pour nos clients.
Notre développement nous a valu de recevoir un label du pôle de compétitivité mondial Finance Innovation, en relation avec la French Tech dans la catégorie des « Insurtech » innovantes avec un modèle disruptif.
Quelles grandes difficultés avez-vous rencontré avec cette société ?
Au départ, notre première difficulté consistait à aborder un marché global et international mais aussi un marché de nationalité et d’en comprendre tous les tenants et aboutissants. Personne n’aborde les questions d’assurance santé de la même manière. Un Américain ou un Anglais ne recherchent pas les mêmes garanties qu’un Français à l’étranger, cela repose sur ce qu’ils connaissent dans leur pays d’origine.
Actuellement, notre défi et celui des assureurs santé consiste, à mon sens, à travailler de plus en plus en amont de la chaîne, c’est-à-dire en prévention des risques. Les coûts liés à la santé augmentent partout dans le monde, de même que les primes d’assurances, qui grimpent en moyenne de 9% à 10% par an.
Comment souhaitez-vous évoluer ?
Nous cherchons sans cesse à regarder devant nous et essayons de faire preuve d’innovation mais aussi de réalisme. Depuis sa création, AOC se présente sous une forme 100% digitale. Aujourd’hui, nous allons mettre à disposition notre plateforme au grand public via cette application mobile, des conseils interactifs, un chatbot et de la santé connectée, permettant ainsi au plus grand nombre d’accéder aux meilleures solutions santé internationale et au meilleur prix.
Votre business model a-t-il évolué depuis sa création, avez-vous quelques détails ?
Il a évolué avec les nouvelles technologies et les nouveaux acteurs dans la healthtech. Toutes ces nouveautés vont permettre d’apporter des solutions complémentaires que nous avons intégrées à notre business model. Notre engagement envers nos clients se fait sur le long terme. Notre programme de fidélisation « AOC The Family », leur permet d’accéder à des solutions médicales en ligne avec des objets connectés pour mieux se protéger et prévenir des maladies graves. Notre programme de « reward » invite nos clients à la recommandation et à la fidélisation tout en leur faisant bénéficier des dernières avancées en matière de technologie sur la santé connectée.
Quel est votre chiffre d’affaires ?
Aujourd’hui, notre volume de commission récurrent atteindra environ 600 000 euros en fin d’année. Notre croissance s’élève à 30% en moyenne. Nous pourrions faire plus, sauf qu’il nous faudrait recourir à l’aide de tiers avec des capitaux et surtout partageant une vision commune du marché dans lequel nous nous trouvons. Nous sommes restés concentrés, les premières années, sur une clientèle de particuliers et de petites entreprises, ce qui nous a apporté une certaine stabilité sans aucun financement extérieur. Désormais, notre stratégie et notre modèle éprouvé nous amènent à traiter des entreprises de taille plus importante. Par conséquent, nos revenus devraient augmenter plus rapidement encore, nous amenant à gérer notre croissance organique avec de nouveaux collaborateurs.
Quelle est la plus grande réussite de votre entreprise ?
L’une de nos grandes réussites réside dans le développement de notre plateforme de comparaison multilingue AOC Expatcare ainsi que d’un algorithme puissant permettant de traiter tous les besoins des assurés à l’étranger, quelle que soit leur nationalité.
La reconnaissance de la part de l’ensemble des assureurs dans notre secteur d’activité ainsi que la labellisation par le pôle de compétitivité mondial Finance Innovation, reconnaissant le caractère innovant et disruptif de notre activité, constituent également de très belles réussites !
Prévoyez-vous de vous étendre encore à l’international ?
Nous avons commencé en Asie et sommes depuis toujours présents à Hong Kong avec notre responsable Romain Camillo, en charge du développement de cette zone. Celle-ci demeure une priorité car ce marché s’avère dynamique et l’acquisition de nouveaux clients est importante. Depuis la fin de l’année 2016, Guillaume Fernandes nous représente en Amérique du Sud et nous continuons de nous intéresser aux pays qui représentent un fort développement en assurance santé privée. Nous recherchons des zones à fort potentiel d’expatriés et travaillons notamment beaucoup sur l’Afrique. Ce continent compte énormément d’expatriés et leur nombre est en forte croissance chaque année.
Quel conseil pourriez-vous donner aux entrepreneurs d’aujourd’hui ?
Je dirai qu’il faut faire preuve de pugnacité, de professionnalisme et de patience. J’ai appris la patience en Asie, car la négociation dans les affaires exige cette qualité. Les asiatiques peuvent vous recevoir, vous répondre « oui » mais lorsque vous revenez vers eux ils peuvent avoir changé d’avis et renégocier. Se montrer patient en tant qu’entrepreneur réclame également d’avoir suffisamment de cash pour se donner le temps de faire les choses correctement et de manière professionnelle.