Le secteur de la santé connaît une véritable révolution, induite par le numérique. Une foule de dispositifs voit le jour, créés par des scientifiques et entrepreneurs ambitieux, souvent dans le but d’augmenter la précision des appareils médicaux, mais pas que ! Petit tour d’horizon des jeunes pousses françaises qui vont changer la face de la médecine.
Le projet “médecine du futur”
Comme toutes les sciences, la médecine fait, depuis toujours, l’objet des idées de transformation les plus folles. Depuis les décoctions magiques du temps de l’Antiquité romaine en passant par le vaccin contre la rage de Pasteur, les scientifiques ont parcouru un très long chemin pour développer cette discipline indispensable à l’homme. Cette perpétuelle évolution se poursuit toujours : au mois de novembre 2015, le gouvernement lançait le projet “médecine du futur”. Ce programme, qui faisait suite aux trois plans dédiés à la médecine proposés par Arnaud Montebourg, visait notamment à “stimuler les projets industriels qui voient le jour dans le domaine de la médecine personnalisée, encourager le développement des dispositifs médicaux connectés, faire bénéficier le plus grand nombre de ces avancées majeures en regroupant nos efforts jusqu’à présent dispersés”. Les jeunes entrepreneurs se sont, jusqu’à maintenant, montrés plutôt réceptifs à cet appel du pied et la médecine du futur prend forme de jour en jour. Ultra connectée, accessible partout, spécialisée, concernant toutes les pathologies et parties du corps, cette science paraît à l’aube d’une transformation totale, qui s’opère notamment dans des jeunes pousses de l’Hexagone.
Les micro-pompes de CorWave pour réduire l’insuffisance cardiaque
Commençons par un des organes les plus importants : le coeur. Plus de 80% des personnes souffrant d’insuffisance cardiaque subissent des effets secondaires dus à une pompe LVad (left ventricular assist device, ndlr). Louis de Lillers, actuel DG de CorWave, ne le sait que trop bien. Sa première entreprise, PlugMed, fabriquait des composants destinés à ces dispositifs. Ceux-ci servent à améliorer l’irrigation du sang dans le coeur mais se trouvent aussi à l’origine de nombreux effets secondaires pouvant se révéler très graves. Parmi eux, on observe souvent la formation de caillots de sang, des saignements incontrôlés, des attaques cérébrales… Louis de Lillers décide de prendre les choses en main et rejoint CorWave, créée en 2011 par l’incubateur MD Start, en 2015. Cette jeune pousse parisienne conçoit des pompes spéciales, dont le fonctionnement se rapproche davantage de celui naturel du coeur. La société ne s’arrête pas là et prépare des petites pompes, “Nova Pulse”, pour des cas moins avancés. L’avantage de ce dispositif réside dans sa posologie : il suffit de le glisser sous la cage thoracique. Plus besoin de scier le sternum comme l’exigent les moyens actuels.
Le combat de Pharnext contre les maladies neurodégénératives
Fondée en 2007 par le professeur Daniel Cohen, cette jeune pousse s’inscrit dans le secteur biopharmaceutique et s’attaque, de son côté, aux maladies neurodégénératives. Concentrée sur les pathologies comme Al Zheimer, cette société reste célèbre pour ses combinaisons de médicaments déjà existants. La jeune pousse a développé un algorithme analysant les pathologies et leurs traitements. Ces données atterrissent ensuite entre les mains de scientifiques qui déterminent des mélanges susceptibles de guérir d’autres maladies. Qualifié de plateforme “prédictive”, cet outil permet d’éviter les phases très chronophages de recherche de nouvelles molécules. Il pourrait ainsi faire économiser beaucoup de temps et d’argent à l’industrie pharmaceutique. La firme s’est vue récompensée du titre de “meilleure entrée en bourse 2016 en France dans le domaine des Sciences de la Vie” par Capital Finance International (CFI), revue spécialisée dans les affaires, l’économie et la finance.
Damae Medical pour dépister les cancers de la peau
Le traitement et dépistage du cancer reste au centre de nombreuses préoccupations. A seulement 23 ans, Anaïs Barut dirige Damae Medical, cofondée avec deux associés, qui a pour vocation de dépister les cancers de la peau. Pour y parvenir, l’entreprise s’appuie sur les travaux d’Arnaud Dubois, chercheur au CNRS et cofondateur de la société. La firme a développé un système d’imagerie médicale très poussé, capable d’analyser le grain de la peau avec la précision d’un microscope. Le dispositif, d’abord pensé pour une application en chirurgie, se révèle idéal pour déceler les cancers de la peau de façon non-invasive, contrairement aux biopsies actuelles. Depuis sa création, Damae Medical prend de l’ampleur. Gagnante de plusieurs prix tels que celui d’EDF Pulse ou le concours mondial d’innovation en 2014, la luciole compte, à seulement deux ans, s’exporter aux Etats-Unis. Un projet ambitieux susceptible de se réaliser puisque sa jeune cofondatrice s’est vue sacrée parmi les dix meilleurs innovateurs français de moins de 35 ans par la MIT Technology Review.
ACS Biotech et ses injections de cartilage pour guérir l’arthrose
Pascale Hazot, docteur en chimie et diplômée de l’EM Lyon, fonde ACS Biotech en 2013 pour répondre à un problème récurrent : les lésions de cartilage. Elle conçoit, avec les experts qui l’entourent, une solution permettant de réparer le cartilage au travers d’une simple injection. Il s’agit d’une chirurgie mini-invasive, destinée notamment aux personnes souffrant de maladies dégénératives comme l’arthrose ou de lésions dues à un choc traumatique. Forte de son succès, la jeune pousse vient de lever 900 000 euros via une plateforme de crowdfunding et recense plusieurs distinctions. Lauréate du concours Business O Féminin en 2017, elle s’est notamment vue attribuer le label “jeune entreprise innovante” à sa création et figure aujourd’hui dans le Top 100 des start-ups lancé par l’express.
Médecine personnalisée: la bio-impression de tissus vivants par Poietis
La biotech Poietis s’inscrit dans un domaine qui peut presque sembler futuriste : l’impression 3D… de peau humaine! Cofondée en 2013 par Fabien Guillemot et Bruno Brisson, la technologie de cette start-up girondine résulte de dix ans de recherche au sein de l’Université de Bordeaux et de l’Inserm. Elle détient aujourd’hui la licence d’exploitation exclusive de ce dispositif, qui permet d’imprimer des tissus vivants avec une imprimante 3D. Ces produits se destinent aux industries pharmaceutiques et cosmétiques afin de servir de surface de tests et ainsi éviter l’expérimentation sur les animaux. Ces tissus pourraient également être utilisés dans le cadre de la médecine régénératrice par la fabrication de greffons sur-mesure. Poietis a encore de beaux jours devant elle, sachant que son marché serait estimé à deux milliards d’euros d’ici 2020.