Lever des fonds lorsqu’on n’est pas rentable : bonne ou mauvaise idée ?

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Pour beaucoup d’entrepreneurs, le financement d’une société représente un vrai problème. Un grand nombre d’entre eux se tourne alors vers la levée de fonds et fait appel à des investisseurs pour injecter les capitaux nécessaires. Cette méthode attire également les jeunes pousses encore en phase de création ou simplement qui ne sont pas encore rentables. Celles-ci espèrent ainsi réussir à lancer leur projet.

Dans cette période de turbulence, la majorité des levées de fonds qui étaient dans la dernière phase de signature ont pu être signées mais avec en contrepartie des modifications dans le contrat prévu avant la crise.

80% des start-up non-rentables

Il s’agit d’une réalité : la très grande majorité des jeunes pousses qui lèvent des fonds se trouve en déficit. Beaucoup d’entre elles ne comptent pas devenir rentables rapidement. Les start-up seraient-elles donc naturellement vouées à être déficitaires et à lever de l’argent ? Il convient toutefois de nuancer un peu la situation : ces entreprises, innovantes par définition, présentent la particularité de voir à long terme. Beaucoup d’entre elles ne grandissent pas d’un coup, leur mise en place prenant du temps. La rentabilité peut ainsi venir bien plus tard.

Cette dernière ne constitue pas forcément l’objectif premier des entrepreneurs. Comme l’indiquait Fréderic Mazzela, fondateur du géant BlaBlaCar, « la rentabilité, c’est (dans son cas) un choix. » Le caractère extrêmement innovant de la plupart des lucioles les éloigne parfois de cette notion, l’important étant parfois de créer un marché qui n’existe pas. Dans une telle situation, seuls des investisseurs paraissent susceptibles de financer ce type de projets.

Fonctionnement d’un tour de table

Une levée de fonds consiste à augmenter le capital d’une entreprise à l’aide d’un apport extérieur. Cette opération se déroule en plusieurs étapes : tout d’abord, la société financée lance un appel à des investisseurs. Il peut s’agir de Business Angels ou de fonds d’investissement comme la Bpifrance, par exemple. Lorsque ceux-ci décident de contribuer au projet, ils versent une certaine somme à l’entreprise, qui lui accorde des actions en retour. Ces parts varient en général de 5% à 30% du capital de la firme financée. Lever de fonds prend donc la forme d’un échange entre l’investisseur, qui achète des parts dans la société et espère revendre à prix d’or, et l’entreprise ainsi aidée.

Un avantage pour les start-up à faible rentabilité

Pour recevoir, il faut donner… ainsi pourrait-on résumer le concept d’un tour de table. Les jeunes pousses se montrent souvent friandes de ce type d’opérations car elles ne possèdent pas la trésorerie nécessaire à leur développement. Au lancement d’une société, cette technique peut très bien fonctionner même s’il peut être plus difficile de réussir la levée de fonds, la preuve du concept n’ayant pas encore été réalisée. La levée de fonds passe donc pour une solution idéale, notamment pour ces entreprises pas encore rentables : celles-ci cèdent une partie d’elles-mêmes à des tiers finançant leurs projets pour faire rentrer des fonds et se lancer.

Des risques d’échec élevés

Toute levée de fonds comporte des risques parfois insoupçonnés. Un tour de table mal organisé peut coûter la vie à une start-up puisqu’il s’agit en général d’une opération chronophage pour les fondateurs. Il suffit qu’elle s’adresse aux mauvaises personnes ou qu’elle cesse de gérer ses affaires pendant quelque temps et la catastrophe peut survenir. Une telle opération ne consiste pas seulement à faire rentrer de l’argent. Il faut également disposer de l’énergie nécessaire pour rechercher et convaincre les investisseurs, choisir les bons et trouver une issue pour ces derniers. Ce choix se révèle également crucial : en tant qu’actionnaires, ceux-ci acquièrent une place importante dans l’entreprise et peuvent jouer un rôle déterminant dans son développement ou dans le fait de constituer un frein à son développement.

Faut-il lever des fonds pour réussir ?

Les entrepreneurs actuels souhaitant de plus en plus conserver leur liberté, le principe de lever de fonds se voit de plus en plus remis en question. Beaucoup de jeunes pousses tentent de grandir sans recourir à des investisseurs dont elles pourraient se retrouver dépendantes. A titre d’exemple, CharLi Charger, luciole parisienne fondée en 2014, affiche une croissance de 117% par an et met un point d’honneur à ne pas lever de fonds. Les fondateurs avancent des arguments simples en ce sens : « Chez CharLi, on estime que des investisseurs auraient des objectifs contraires aux nôtres du fait de leurs recherches de rentabilité immédiate. Comme vous l’imaginez, nous sommes ainsi très vigilants avec nos dépenses.

Nous partons du principe qu’un euro dépensé doit en rapporter trois. » déclarait Mikael Bes, cofondateur de la firme. L’autofinancement demeure un pari risqué mais préserverait donc les entreprises de tomber sous la mainmise d’investisseurs dotés d’une vision différente de la leur. Autre cas de figure : les échecs purs et simples de levées de fonds. Des start-up pourtant prometteuses telles que Save ou Take Eat Easy se sont retrouvées en redressement judiciaire après leur levée de fonds.

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