Une levée de fonds auprès de Business Angels

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Les fondateurs de Dynamique Entrepreneuriale reviennent pour vous sur un moment clé de leur entreprise et vous livrent quelques secrets pour réussir votre levée de fonds.

Lever des fonds représente souvent un mythe pour les entrepreneurs ! Symbole d’une réussite qui n’est pourtant qu’une étape, nous avons vécu ce moment clé dont nous nous rappelons, aujourd’hui, en souriant. Dès le début de l’année 2009, nous constatons que les prévisions inscrites dans notre business plan ne se réalisent pas totalement. Excès d’optimisme ou budget de communication qui s’est fortement réduit depuis la crise ? Surement un peu des deux. Le constat est là : nous prenons petit à petit du retard et notre trésorerie diminue. Le chiffre d’affaires décolle doucement… trop doucement. Notre tableur Excel nous indique que, tôt ou tard, notre banquier va nous appeler. Il nous faut lever des fonds. Le but ? Disposer de suffisamment de trésorerie pour atteindre le point mort et éviter de nous retrouver en défaut de paiement. Le défi se révèle de taille : la presse quotidienne est sur le fil du rasoir et les gratuits ne sont pas encore rentables. Le dossier s’avère compliqué à défendre.

Une présentation à créer

Bien que lever des fonds se révèle être un risque car nous mettons, pendant ce temps, notre activité en stand by, nous n’avons pas trop le choix. Nous décidons d’intégrer une formation afin de perfectionner très nettement notre présentation et d’avoir un regard extérieur. Le business plan est finalisé même si l’aspect comptable nous pose quelques problèmes. Nous commençons notre travail sur les différents aspects qui intéressent les Business Angels (BA) (mieux vaut les intéresser étant donné que c’est eux qui sont censés investir) pour ensuite les transposer en neuf diapositives sur PowerPoint. Les fondateurs, l’offre et ses avantages, la concurrence, le business model, les évolutions (différentes phases que nous avons déjà dépassées), la stratégie pour conquérir le marché, l’utilisation des fonds et quelques chiffres dont la valorisation demeurent nos principaux items de présentation.

Un script rodé

Nous réalisons parallèlement un script que nous apprenons par cœur. Le premier est « long », d’environ quinze minutes. Nous le coupons à notre guise pour nous adapter aux différents formats des présentations, dont la durée varie selon les réseaux de Business Angels (BA). Le discours se rode : les blagues sont prévues, la manière de se passer la parole et de laisser volontairement des points d’ombre afin que les BA nous posent des questions pour lesquelles nous avons bien évidemment préparé des réponses à l’avance. Le plus difficile reste de mettre en avant la montée du chiffre d’affaires car la rentabilité n’est pas encore au rendez-vous. La valorisation de l’entreprise nous pose, elle-aussi, problème car aucune méthode n’est adaptée. Celle dites « des multiples » ne convient pas car elle s’applique aux entreprises existantes depuis plusieurs années et les DCF (« Discounted Cash Flow ») entraînent une valorisation trop importante. Plus tard, nous apprendrons qu’aucune méthode ne s’applique véritablement aux start-up.

Le contact avec les BA

Après notre formation, l’heure est venue de nous jeter dans le grand bain. Nous nous retrouvons face à des BA et en compétition avec d’autres porteurs de projet. La présentation se passe bien. Quelques réseaux nous proposent d’effectuer la présentation chez eux et nous transmettons notre dossier, en l’adaptant au format de chacun d’entre eux. L’exercice se révèle bien fastidieux. Il s’apparente à celui des concours où chaque dossier se ressemble, tout en détenant une différence subtile, et vous oblige à remixer votre contenu. Si chaque réseau fonctionne différemment, la plupart nous demande une phase d’instruction : des BA « référents » regardent notre dossier et nous interrogent sur les points qu’ils voudraient que nous éclaircissions. Il s’agit d’une phase de tri qui déterminera si nous pourrons présenter devant l’assemblée générale ou rester chez nous… Dans le schéma classique, elle représente la deuxième phase après l’envoi du dossier, disponible sur la plupart des sites internet des réseaux de BA.

La présentation en elle-même

Nous commençons nos présentations devant les différents réseaux de BA. Notre auditoire est parfois fatigué et rarement aussi discipliné. Lors de l’une d’entre elles, un investisseur potentiel dort dans la salle… Pas le temps de se laisser désarçonner. S’en suit la séance de questions-réponses qui, quant à elle, se déroule bien. Nous avions appris à ne pas laisser à un BA, trop zélé, le soin de poser toutes les questions et vous dire à quel point votre projet ne marchera pas (ces interrogations ressemblent d’ailleurs bien souvent à des affirmations plus qu’à des questions). Nous restons après chaque assemblée pour discuter avec les intéressés ou pour répondre aux questions qu’ils ont encore à nous poser. Le but, ici, demeure de rassurer mais aussi de montrer que nous sommes sympathiques et ouverts puisque l’investissement demeure avant tout une histoire de relations humaines. Nous effectuons plusieurs présentations au sein de différents réseaux, ce qui ne nous empêche pas de stresser avant chacune d’elles étant donné que, pour continuer notre aventure, nous nous devons de réussir ce challenge ou mettre la clé sous la porte.

Le moment de la vraie valorisation

Les discussions ne commencent véritablement qu’au mois d’octobre 2009 et doivent s’achever avant le 31 décembre. à défaut, certains BA souhaitant juste défiscaliser risque de se désengager. Il est question de se mettre d’accord sur la valorisation de l’entreprise. Le principe en est simple : il faut fixer une valeur pré-money qui indique celle de l’entreprise avant l’investissement. Sa fixation semble plus être fonction du montant levé que liée à une méthode rationnelle. Les BA ne sont pas là pour prendre le contrôle de votre société et rarement plus de 50 % des parts de l’entreprise. Après avoir rencontré les différents réseaux, nous nous mettons d’accord sur une valorisation qui se finalise par un compromis.

La paperasse : phase la plus dure ?

Une fois la valorisation établie, une phase plus compliquée que prévue survient : rédiger les pactes et statuts de l’entreprise. Pour l’occasion, nous avions embauché un avocat spécialisé dans la levée de fonds pour nous conseiller. Nous pensons que tout va se dérouler facilement mais les réseaux veulent utiliser leur trame et nous la nôtre. Bien que nous soyons parvenus à trouver un compromis, régulièrement, un représentant de réseau revient sur une clause qui ne lui convient pas. Les trames font des allers-retours jusqu’au jour, où la veille au soir de la signature, un BA nous signale qu’il exige qu’une clause soit retirée ou qu’à défaut, son groupe ne signera pas. Nous appelons une amie avocate qui ne peut pas nous apporter de l’aide et nous ne pouvons contacter le cabinet vu l’heure tardive. Nous sommes dans les derniers jours où la levée de fonds doit s’achever. La signature est prévue en fin de matinée et nous sommes plongés dans une grande incertitude. Si l’ensemble des BA ne signe pas, la levée de fonds risque d’échouer… Nous nous rendons très tôt chez l’avocat que nous avions engagé pour modifier avec lui l’ensemble des documents. Nous devons aller très vite et agir avant que tout le monde n’arrive. Une fois tous les documents signés, la partie n’est pas terminée, même si la plupart des BA ont ramené leur règlement. Il faut encore récupérer le tout et le déposer sur un compte bloqué, qui ne sera libéré que si nous réussissons à réunir le montant escompté. Après avoir couru à droite à gauche et récupéré l’ensemble des paiements, il reste nécessaire de faire modifier le K-Bis de la société pour enfin voir arriver, quelques jours plus tard, le fameux montant sur le compte bancaire. Tout cela ne constitue que le début d’une aventure riche en expériences et en émotions…

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