L’enjeu de l’origine et le made in

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Qu’elle soit politique, économique ou sociale, la question de l’origine et de l’identité culturelle conditionne désormais les décisions de chaque entrepreneur, autorité publique ou acteur de la société civile. Elle prend diverses formes et génère des initiatives notables.

En fait, c’est pour lutter contre la fraude et la contrefaçon que dès le début du XXe siècle (loi de 1905), le concept « Appellations d’origine » a été mis en place. C’est le décret-loi de 1935 relatif à la protection du marché du vin qui établit l’Appellation d’origine contrôlée, applicable aux vins et aux eaux-de-vie, l’organisme chargé de leur définition, de leur protection et de leur contrôle. En 1990, l’application a été appliquée à l’ensemble des produits agricoles et alimentaires.

C’est la politique française de valorisation des produits agricoles qui a suscité l’élaboration d’une réglementation européenne. Celle-ci a appliqué en 1992 le concept d’AOP, équivalent européen de l’AOC, pour les produits autres que les vins et les eaux-de-vie, et l’a élargi aux vins en 2009. Afin de clarifier l’offre au consommateur, depuis le 1er janvier 2012, une fois enregistrés au niveau européen, les produits concernés ne doivent porter que la mention AOP, seuls les vins sont autorisés à porter l’Appellation d’origine contrôlée française.

Le Made in « Ici» 

Véritable casse-tête pour les acteurs traditionnels de l’industrie, la communication sur l’origine et le savoir-faire s’avère être un atout considérable pour ceux qui s’investissent dans des filières courtes, locales ou valorisant des territoires et des cultures à travers le monde.
La capacité à démontrer la part de la valeur ajoutée créée sur le territoire est le principal élément de communication mis en avant par les adeptes du made In France. Les consommateurs n’étant pas dupes, il faudra néanmoins veiller à rester transparent sur les ingrédients ou pièces en provenance de pays étrangers et entrant dans la composition d’un produit.
Thomas Huriez fondateur de 1083 est un entrepreneur à suivre de près pour qui souhaite relever le défi du made in Ici de façon pertinente, transparente et innovante.
Le sens de l’économie circulaire est de fonctionner en boucle, c’est à dire d’optimiser la conception des produits pour qu’ils deviennent une ressource en fin de vie (et non un déchet) : c’est notre objectif chez 1083 avec le recyclage des jeans.

Le sens de l’économie de fonctionnalité est de vendre l’usage d’un produit au lieu de vendre le produit, ce qui demande de les concevoir pour qu’ils durent : c’est l’objectif de Tale Me, qui vous propose de louer ces vêtements aux usages courts, comme les vêtements enfant ou de grossesse, au lieu de les acheter.

Anna, la fondatrice made in france de cette startup made in Belgique (vous pouvez aussi visiter le Tale Me Lab à Paris), est venue nous rendre visite hier pour que l’on échange sur ces évolutions qui sont le progrès selon nous !

En savoir plus:

sur le Blog de 1083

Les locavores

Vous les croiserez dans les marchés ou épiceries fines, échangeant plusieurs minutes avec les commerçants du quartier sur l’origine de ses produits ou le mode de production. Ils se perdent parfois dans les grandes surfaces, étudiant attentivement l’étiquette d’un fromage AOP tout en étant pressé de sortir de ce temple du consumérisme qui à quelques exceptions près met à mal les commerces de proximité et petits producteurs de la région.
Plus que le made In France, c’est le terroir et les savoir-faire locaux que ces consommateurs citoyens défendent. Quid des produits issus de pays étrangers ? Ils devront aussi valoriser des savoir-faire et bien sûr provenir de filières équitables et écologiques contribuant au développement de territoires.
En savoir plus sur les locavores

Les appellations d’origine 

Le principe de l’IGP ou AOP repose sur trois critères prédominants : la sauvegarde de l’économie et le maintien d’emplois dans des régions fragiles, la préservation de la valeur ajoutée, enfin, la protection du produit et du consommateur contre les usurpations.
Vin de Bourgogne, fromage de Savoie, cacao Chuao du Mexique, huile d’Argane du Maroc, jambon de Parme, porcelaine de Limoges, poivre de Penja du Cameroun… Hormis le fait que ces produits vous invitent à l’évasion et au plaisir des sens, ils caractérisent chacun le lien entre un produit, son territoire de production et une communauté d’hommes et de femmes portant un savoir-faire unique à préserver. Cette spécificité est officiellement reconnue par un organisme public national dans tous pays entamant une démarche IGP. L’INAO en France et l’association suisse Origin-Gi appuient désormais les organisations de producteurs du monde entier dans la reconnaissance de leur savoir-faire et leur territoire, à travers un label d’indication géographique, une appellation d’origine ou une indication de provenance (IGP, AOC ou AOP)
La notion d’indication géographique est en effet née en France en 1935 et intéresse désormais la Chine, la Thaïlande, le Brésil, l’Inde, le Cameroun, la Guinée ou le Bénin. Les produits du Terroir bénéficiant d’une appellation représentent une source de recettes importantes pour les pays qui en font le fer de lance de leur économie. A l’échelle de l’union européenne, 60% des ventes de produits AOP ou IGP sont réalisées dans le pays d’origine, 20% en union européenne et 20% vers les pays tiers. Soit un total de 54,3 milliards de CA.

A suivre :

L’application face 2 Food conçue pour permettre aux consommateurs d’identifier les produits bénéficiant d’un label de qualité et les lieux de distribution sans être trompés. Une manière différente de créer des circuits de distribution courts à l’échelle internationale. A voir pour redécouvrir la richesse d’un territoire.

En savoir plus :

  • FACE2FOOD
  • ORIGIN-GI
  • INAO

L’offre ethnique 

Ceux qui se sont engouffrés dans la voie de l’offre ethnique en la limitant à la couleur de peau ou la religion réalisent sans doute l’erreur commise : l’oubli de l’identité et l’origine de leur cible.
Petit rappel du petit Robert : Ethnique se dit « d’un adjectif ou d’un nom, dérivé d’un nom de pays, de région ou de ville et indiquant l’appartenance à ce pays, cette région ou cette ville. » (Ainsi, français est un adjectif ethnique dérivé de France. Le nom ethnique correspondant porte une majuscule à l’initiale : un Français.)

Le breton et le corse sont donc aussi une cible ethnique que des marques de niche ont su séduire (ex : la marque de cosmétique Britanie fabriquée en Bretagne ou la boisson Breizh cola).

 La cible ethnique la plus complexe à appréhender est pourtant celle qui attise le plus de convoitise notamment dans l’industrie de la beauté : les femmes de la diaspora d’Afrique et des Caraïbes. Plusieurs grandes marques ont tenté de l’attirer avec un succès mitigé car de même que l’Afrique se compose d’environs 2000 ethnies réparties dans 54 pays différents, les goûts et mode de consommation de ces femmes sont tout aussi diverses.

Quelques conseils

Pour vous faire une idée concrète et construire l’offre la plus pertinente, il suffira de vous rendre à la prochaine édition de l’unique salon en France capable de valoriser la diversité de cette cible à travers son identité ou son origine culturelle et non sa couleur de peau: le salon Boucles d’ébènes. Vous comprendrez alors qu’il existe bien un point commun entre toutes ces femmes; être valorisée, mais que la réponse à ce besoin diffère en fonction de l’origine et de l’identité culturelle. De fait toutes les femmes noires ou métisses ne souhaitent pas s’éclaircir la peau ou cacher leurs cheveux naturels derrière une perruque. Qu’avez-vous alors à leur proposer de plus pertinent?

La force de l’origine se célèbre aujourd’hui à travers le monde avec la promotion d’un territoire d’une spécificité culturelle ou d’un savoir-faire reconnu localement et à l’international. N’en déplaise aux adeptes de la « préférence nationale », l’émergence d’un made In est davantage l’expression d’une quête de diversité économique sociale ou culturelle trop longtemps étouffée par des modèles dominants que la défense d’une identité nationale politique.

Article par Carole Tawema

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