Dans ce monde devenu virtuel, les arnaques se multiplient. Les prédateurs n’hésitent pas à scruter les levées de fonds et à dénicher la faiblesse des fondateurs qui font les levées de fonds. Dans l’environnement actuel, les start-up font de plus en plus rêver et pour certaines grâce à leurs levées de fonds mirobolantes ou avec des concepts novateurs. Mais quand celles-ci s’avèrent être une arnaque totale, les investisseurs et les consommateurs sont souvent bien déçus. C’est le cas d’une start-up américaine intitulée Theranos qui a réussi à berner tout le monde durant plusieurs années et une entreprise française qui a très vite déçu les acheteurs.
Elisabeth Holmes et Theranos : le succès d’une arnaque
L’histoire commence avec un concept novateur
lancé par Elizabeth Holmes qui à l’époque avait seulement 19 ans. En 2003, elle créée Theranos pour démocratiser les diagnostics sanguins. L’entreprise promet des tests plus rapides et moins chers. Un concept qui plaît tout de suite, grâce à des prix défiant toute concurrence et une attente beaucoup moins longue. Avec son laboratoire prétendu novateur qui permettrait de faire plus de 200 analyses avec une infime quantité de sang, Elisabeth Holmes convaincre tout le monde et surtout les investisseurs. C’est le début d’une ascension fulgurante.
L’entreprise, installée en plein cœur de la Silicon Valley à Palo Alto, attire de nombreux investisseurs qui pressentent une réussite incommensurable de l’entreprise. Les investissements ne se font pas attendre, l’entreprise en 2014, est déjà valorisée à plus de 9 milliards de dollars. Un réel succès pour une entreprise qui va réussir à berner tout le monde. Elisabeth Holmes devient alors la « Steve Jobs » au féminin et fait le tour des plateaux TV. Grâce à une telle notoriété, l’entreprise continue de se développer et sa dirigeante devient milliardaire avec une fortune estimée à plus de 3,6 milliards de dollars par le magazine Forbes.
L’ascension ne s’arrête plus
et la start-up continue de convaincre les investisseurs et les Américains jusqu’à la publication en 2015, d’articles dans le Wall Street Journal. Le journal américain fait état de doutes sur la performance et le concept novateur de l’entreprise Theranos. Par la suite, c’est le ministère de la Santé qui commence à se questionner sur la start-up et son activité. Il s’avère en réalité que l’entreprise n’arrivait pas du tout à assumer le rythme de 200 analyses en peu de temps avec son système. Elle pouvait seulement réaliser quelques analyses et se procurait le système d’autres entreprises pour faire ses analyses.
A partir de ces soupçons, le SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme boursier américain cherche des indices et mène l’enquête pour s’assurer que la start-up est honnête. Le 21 mars 2018, l’entreprise américaine et ses fondateurs, Elisabeth Holmes et Ramesh Balwani, sont accusés d’escroquerie. Grâce à une imposture sur sa technologie et ses performances, l’entreprise a réussi à lever plus de 700 millions de dollars auprès d’investisseurs.
Les deux entrepreneurs pour pousser un peu plus la supercherie n’ont pas hésité à mentir sur les réalisations de leur entreprise afin de convaincre de plus en plus d’Américains et d’investisseurs. En 2014, ils communiquent leur chiffre d’affaires de prétendus 100 millions de dollars, alors qu’il s’agissait en réalité de seulement 100 000 dollars. Mais les mensonges ne s’arrêtent pas là et l’entreprise va même jusqu’à communiquer sur une certaine collaboration avec le ministère de la Défense alors qu’il n’en était rien.
A la suite de cette découverte, le SEC a exigé une amende de 500 000 dollars
à Theranos et Elisabeth Holmes. Par ailleurs, la dirigeante est dans l’obligation de céder Theranos et ne peut plus diriger une entreprise cotée pendant 10 ans. Elle devra aussi rendre les 19 millions d’actions en sa possession. Pour le moment, aucune poursuite judiciaire n’a été entamée, Elisabeth Holmes a seulement conclu un accord avec le SEC. L’affaire a tellement surpris les Américains, qu’elle a fait le tour des médias et un film serait apparemment prévu avec Jennifer Lawrence pour incarner le rôle d’Elisabeth Holmes.
Lucas Goreta, une entreprise sans produits
Une entreprise française a connu dernièrement le même sort que l’entreprise Theranos aux Etats-Unis. En 2015, Rifft (Research & Innovation for future technologies) une jeune entreprise se déplace sur le CES de Las Vegas pour présenter son produit révolutionnaire. Le concept était de présenter un bracelet connecté de montre intitulé CT Band SimpliCT. Le bracelet plaît et l’entreprise commence à se faire connaître. Pour financer son projet, l’entrepreneur de la start-up, Lucas Goreta lance divers financements participatifs et convainc des investisseurs. Sur son site, l’entreprise annonçait même avoir remporté deux prix grâce à ses technologies.
Avec ses divers projets, Lucas Goreta arrive à décrocher 4 milliards d’euros de la part des investisseurs et de 10 000 participants, mais un problème surgit vite dans l’équation. Il s’avère que les produits proposés par l’entreprise n’ont jamais été commercialisés, les acheteurs mécontents commencent donc à porter plainte auprès de la justice. Il a été interpellé à Annecy début mars et placé en examen pour escroquerie. Déjà connu des services de police pour des faits similaires, il en serait à sa deuxième tentative. En 2007, il avait été condamné à 18 mois de prison avec sursis et une interdiction de gérer une entreprise pendant 5 ans. L’homme a finalement récidivé et a réussi à berner beaucoup d’investisseurs et de clients.
Si dans la vie de tous les jours, les tentatives d’arnaques sont récurrentes, elles s’avèrent souvent infructueuses. Dans ces deux cas, les entreprises et leurs fondateurs ont remporté des grosses sommes sans jamais avoir inventé quoi que ce soit. Les investisseurs sont souvent les plus déçus pensant miser sur le bon cheval. Dans le cas d’Elisabeth Holmes, une telle success story est encourageante, mais en réalité la dirigeante sera sûrement bientôt face à la justice.