« Erreur », ce mot est un couperet car il sous-entend des significations comme manque d’attention, négligence, maladresse, étourderie… ce qui n’est pas flatteur et semble souligner un manque de compétence… Alors qu’on pourrait penser que tous les salariés s’attaquent avec énergie et détermination aux nouveaux challenges qui s’offrent à eux, en espérant que cela les aidera à obtenir une reconnaissance supérieure, force est de constater qu’en réalité ce n’est pas vraiment le cas. Vous l’avez certainement déjà constaté lorsque vous attribuez des tâches nouvelles à vos salariés.
Ces derniers sont plus généralement gagnés par l’anxiété, l’inconfort et la peur de ne pas être à la hauteur. Pour remédier à cela, rien se sert de se montrer encore plus ferme et d’accroître la pression sur vos salariés, la meilleur tactique est au contraire de leur montrer qu’ils peuvent faire des erreurs… pour justement qu’ils n’en commettent plus minés par l’anxiété.
Les limites du management par la pression
Généralement quand les managers attribuent des tâches à des salariés, ils insistent sur le fait que la tâche est extrêmement importante, qu’elle doit impérativement être réalisée à la perfection, sans la moindre erreur. L’ironie de la chose et de ce mécanisme, c’est qu’au contraire, cela engendre encore plus d’erreurs de la part des salariés.
Ce fait s’explique simplement. En pointant du doigt la perfection avec laquelle il faut réaliser la tâche, le manager accroît la pression et l’anxiété chez le salarié. Or, de nombreuses études ont montré qu’il n’a y rien de plus négatif pour la performance et la productivité que l’anxiété.
Le droit à l’erreur comme vecteur de productivité
Pour remédier à ce problème et aider vos salariés à envisager autrement les nouvelles tâches et nouveaux projets, il est impératif d’opter pour une autre vision du management. Il est important de se placer dans une logique d’apprentissage en indiquant au salarié que l’essentiel est qu’il s’améliore et que le processus d’apprentissage passe par les erreurs. En leur faisant comprendre que vous acceptez en quelque sorte qu’ils commettent des erreurs au début, vous leur faites changer leur vision des tâches nouvelles.
Il est faux de penser « si je les autorise à faire des erreurs au début, ils vont forcément en faire et c’est moi qui devrais rattraper le coup ». En réalité, en leur montrant que vous leur tolérez les erreurs parce qu’elles font partie du processus d’apprentissage, vous diminuez par la même occasion la probabilité que des erreurs. Le fait d’avoir la « possibilité » de faire des erreurs fait baisser très fortement l’anxiété chez les salariés. Le salarié ne perd pas ses repères et ses moyens devant le nouveau projet parce qu’il sait que ses dirigeants ont conscience que la réalisation d’une tâche qui n’est pas familière peut entraîner naturellement des erreurs.
Concrètement comment assigner des projets et tâches à vos salariés
Tout d’abord quand vous expliquez à vos salariés la tâche nouvelle qu’ils vont devoir effectuer, reconnaissez que la tâche est complexe et nouvelle et qu’il est donc naturel qu’ils aient besoin d’un peu de temps pour la réaliser parfaitement, que des erreurs seront probablement effectuées mais que cela leur permettra de s’améliorer.
Ensuite rappelez à vos salariés que vous êtes là pour les aider s’ils ont des difficultés, s’ils ont besoin de certaines ressources ou informations. Ils doivent bien comprendre que vous n’êtes pas là uniquement pour juger et couper des têtes mais plutôt pour les accompagner. Enfin, dernier élément, faites bien en sorte qu’ils prennent conscience qu’ils ont parfaitement les capacités de réaliser la tâche.
En faisant cela, vous leur enlevez de la pression et empêchez qu’ils deviennent anxieux à l’idée de ne pas être à la hauteur. Il y aura toujours des cas qui en profiteront pour ne pas s’appliquer, pour bâcler le travail. Mais d’une manière générale, il est tout de même plus probable que vous observiez une amélioration de la motivation et des performances de vos salariés, qui finalement devraient commettre moins d’erreurs que si vous aviez opté pour une approche plus autoritaire.