Les entrepreneurs, victimes du stress malgré eux

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Lors de cette période exceptionnelle qu’est la pandémie, les sources de stress des entrepreneurs ont été multipliés : l’angoisse de faire faillite, de perdre ses clients, de ne pas pouvoir assumer les charges, de ne pas être payé, de ne plus pouvoir contacter ses salariés, de se voir contraint à installer des mesures barrières et la peur d’attraper le Covid qui l’aurait rendu incapable d’assumer son entreprise. Bien souvent, les dirigeants d’entreprise sont soumis à une charge de travail conséquente, manquent de temps et ne comptent pas leurs heures. Autant d’éléments qui peuvent induire la présence du stress, non sans conséquences. Fatigue inhabituelle, migraines, troubles du sommeil, baisses de moral ou sautes d’humeur jusqu’au burn-out, ces pathologies se révèlent diagnostiquées chez bon nombre d’entrepreneurs. 

Lors des cinq dernières années, un dirigeant sur quatre déclare que son niveau de santé a baissé et, chez 58 % des entrepreneurs, le stress est à placer en tête de liste des principaux facteurs responsables de la détérioration de leur état de santé, contre 38 % en 2015. Ce que révèle une enquête réalisée par l’institut Opinion Way, spécialiste français des sondages, pour la Fondation MMA Entrepreneurs du futur, auprès de 1 504 dirigeants de PME, hommes et femmes, et rendue publique en avril dernier. « Au sein de la Fondation, nous nous attachons à construire des programmes et projets dédiés aux entrepreneurs pour qu’ils restent en forme car ils représentent les forces vives de l’économie de demain », explique Hervé Frapsauce, président de la Fondation MMA Entrepreneurs du Futur. Reste à savoir d’où provient ce stress au juste, quelles en sont les conséquences et comment y remédier.

La santé de l’entreprise, à l’origine du stress

72 % des dirigeants prétendent éprouver du stress (contre 67 % en 2016, ndlr) et près de 70 % des interrogés estiment que la santé de leur l’entreprise détient un impact sur la leur, selon l’enquête menée par l’institut Opinion Way. Un entrepreneur sur quatre juge d’ailleurs les problèmes de santé comme néfastes à son activité. Si pour 59 % des sondés le manque de trésorerie fait partie des facteurs de stress et pour 56 %, la surcharge de travail, environ 55 % évoquent l’incertitude liée à l’avenir de leur activité pour justifier leur anxiété.

D’après l’enquête, près de 66 % des entrepreneurs affectés par le stress se révèleraient être, en réalité, des dirigeants de PME, suivis des exploitants agricoles avec 63 %. « Pour comprendre comment aider les dirigeants, il nous paraît capital d’appréhender les maux dont ils souffrent au quotidien », précise le président de la Fondation MMA Entrepreneurs du Futur.

Une majorité s’estime en bonne santé

Malgré l’indéniable présence du stress, 96 % des entrepreneurs se déclarent en bon voire très bon état de santé. En allant plus loin, l’on constate que 90 % d’entre eux font la corrélation entre leur niveau de santé et leur forme physique, 89 % le relient à un bon équilibre vie professionnelle / vie privée et 87 % à leur moral. De façon plus précise, on note que 86 % des interrogés sont conscients de l’impact positif issu de certains comportements tels que le sommeil, l’alimentation ou encore l’activité physique, sur la réussite de leur entreprise. « Un entrepreneur en forme est plus performant », assure Hervé Frapsauce. Si certains s’estiment en bonne santé, d’autres sont pourtant sujets à de réelles pathologies induites par le stress et qui peuvent se révéler d’ordre physique ou psychique.

Des troubles physiques…

Un certain nombre de maux de nature physique ou bien psychique assaillent les dirigeants d’entreprise au quotidien. Toujours selon l’étude réalisée par l’institut Opinion Way, ce sont 57 % des entrepreneurs qui souffrent de mal de dos, 48 % se plaignent de souffrances articulaires et 27 % sont sujets aux migraines. Leur cause étant bien souvent leur mauvaise posture liée à leur activité ou le manque de temps pour effectuer certaines tâches professionnelles. Un manque de suivi, parallèlement constaté, engendre souvent l’installation de ce type de pathologies sur le long terme.

Lors des douze derniers mois précédant l’enquête, seulement 8% des dirigeants ont été consultés leur médecin traitant (contre 11 % en 2016, ndlr), 39 % optent pour la consultation régulière d’un médecin et 47 % d’entre eux affirment que cela aurait eu un impact négatif sur leur société. La part des sondés estimant ne pas éprouver de douleurs physiques particulières augmente néanmoins et passe de 20 % en 2016 à 25 % pour cette année.

…et psychiques constatés

Mis à part les troubles physiques, ceux dits psychiques sont également à considérer puisqu’ils jouent, eux aussi, un rôle sur la santé des entrepreneurs. « Prévenir le stress est possible grâce à un accompagnement concret, pratique, adapté au monde professionnel », poursuit Hervé Frapsauce. Un dirigeant sur deux évoque pourtant la difficulté de concilier vie professionnelle et vie personnelle.

Sur ces douze derniers mois précédant l’enquête, 51 % des interrogés ont connu des baisses de moral (contre 55 % en 2016, ndlr), 49 % ont été sujets à de l’anxiété (contre 52 % en 2016, ndlr), 45 % à des sautes d’humeur (contre 50 % en 2016, ndlr), 44 % à des troubles du sommeil (contre 47 % en 2016, ndlr), 40 % à des fatigues inhabituelles (contre 43 % en 2016, ndlr), 27 % à un sentiment de déprime (même taux pour 2016, ndlr), 25 % à un sentiment d’isolement (contre 29 % en 2016, ndlr), 22 % à des troubles de l’attention (contre 24 % en 2016, ndlr) et 13 % ont connu une véritable période dépressive (même taux pour 2016, ndlr). Ceux s’estimant ne pas souffrir d’affection morale particulière se révèlent, finalement, plus nombreux que l’an passé avec 24 %, contre 21 % en 2016. 

Des entrepreneurs optimistes quant à leur avenir

Si 87 % des dirigeants affirment avoir une bonne hygiène de vie, 87 % également suivent un régime alimentaire sain ou privilégient les moments de détente en famille, 78 % prennent soin de leur sommeil, 66 % pratiquent une activité physique et seulement 40% s’astreignent à « déconnecter » de temps en temps.

Même si le stress peut se révéler un élément nuisible sur le plan de leur santé, les entrepreneurs restent optimistes quant à leur avenir. En témoignent les 89 % d’entre eux qui pensent que leur état de santé s’améliorera dans les prochaines années, contre 86 % l’année précédente. Ils miseraient d’ailleurs, pour cela, sur la relaxation ou la méditation ainsi que sur l’épanouissement personnel. Jon Kabat-Zinn, spécialiste du stress à l’Université médicale du Massachusetts, explique au sujet de la gestion du stress par la méditation : « Méditer c’est porter attention aux choses telles qu’elles sont et non telles que nous voudrions qu’elles soient. » Lucie Frapsauce, fondatrice de Mindful Attitude, première start-up spécialiste de la mindfulness (« pleine conscience », en français, ndlr) en entreprise, ajoute : « Les dirigeants sont convaincus que les activités de relaxation sont importantes pour la réussite de l’entreprise et pour leur épanouissement personnel. »

Près de 62 % des entrepreneurs manqueraient toutefois de temps pour exercer une activité sportive et 46 % pour celle mentale. Certains dirigeants affirment également ne pas savoir quels exercices effectuer pour rester en forme (49 %) ou se relaxer (37 %) et prétendent ne pas savoir comment s’alimenter correctement dans le cas où la charge de travail augmenterait de façon notable (44 %).

Une volonté de lutter contre le stress

Pour mieux gérer leur stress, un tiers des entrepreneurs ressentirait le besoin de se faire accompagner (39 %), ce qui explique l’émergence de nombreuses associations de dirigeants d’entreprise. « La prévention est au cœur des réflexions des entrepreneurs et de notre fondation. Un accompagnement pour la gestion du stress serait le bienvenu. Ce sont les mécanismes de prévention pour garder nos entrepreneurs en forme qui nous guident pour lancer nos prochains chantiers, notamment notre programme de méditation MINDFUL Attitude », préconise Hervé Frapsauce.

Si un dirigeant sur trois émet le besoin de se faire aider pour gérer son anxiété, un sur cinq jugerait utile l’accompagnement d’un coach spécialisé dans la gestion du stress. Au-delà de cela, toujours dans le but d’améliorer leur santé mais également leur bien-être, 38% d’entre eux se disent intéressés par un accompagnement via des outils digitaux, comme des applications ou des sites internet. Parmi les entrepreneurs souhaitant bénéficier d’une aide ou d’un suivi, 59 % seraient enclins à adopter ce type d’outils. 

Le burn-out, fléau des entrepreneurs ?

En dépit de toutes les actions menées pour lutter contre le stress, le syndrome d’épuisement professionnel, appelé également « burn-out » (littéralement « brûler de l’intérieur, se consumer », en français, ndlr), touche de nombreux entrepreneurs. « Contrairement à ce que l’on pense souvent, la première cause d’un burn-out n’est pas psychologique, mais physiologique. Il est dû à un stress important et répété », livre Catherine Vasey, psychologue et auteure de « Burn-out : le détecter et le prévenir » (Editions Jouvence, 2007). Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il s’agit d’« un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail ».

Quoi qu’il en soit, 10% des dirigeants de PME seraient victimes de ce syndrome, selon une étude émanant de l’observatoire Amarok livre, et il reste primordial de le détecter. La liste des symptômes du burn-out s’avère longue : dépression, insomnies, épuisement physique et psychologique, céphalées, troubles digestifs, douleurs articulaires, contractions musculaires, difficultés de concentration, troubles cognitifs ou de la mémoire, impatience, lassitude générale, irritabilité,… Et pour cause, nombreux sont les dirigeants à ne plus se soucier de leur alimentation, à avoir laissé de côté la pratique d’une activité sportive ou de relaxation mais aussi à, trop souvent, négliger leur sommeil. Du côté des agriculteurs et artisans, les chiffres n’avancent pas moins d’un suicide tous les deux jours ! Des statistiques qui font froid dans le dos.

Les clés de la gestion du stress

Comme on a pu le constater tout au long de cette enquête, le stress fait partie du lot quotidien de nombreux entrepreneurs. Si mal géré, il peut se placer comme un élément paralysant et nuire à sa vie privée comme à son entreprise, bien géré, il peut devenir un vecteur de motivation voire de productivité. Pour parvenir à ce juste équilibre, cela peut paraître évident mais vous devez d’abord apprendre à vous détendre ! De petits exercices quotidiens de relaxation ou de méditation, de l’ordre de vingt à trente minutes, suffisent à recouvrer une certaine sérénité. Se relaxer n’exclut pas pour autant le fait d’être potentiellement amené à rencontrer certaines difficultés telles qu’un rendez-vous annulé, la perte de l’un de vos clients ou partenaires, un salarié absent…, ce qui implique que vous devez apprendre à gérer la contrariété.

Dans le cas où ce genre de situations stressantes survient, efforcez-vous de réguler votre respiration afin de ralentir votre rythme cardiaque, qui a tendance à s’accélérer lorsque quelque chose vous contrarie. Prenez ensuite du recul sur les récents évènements afin d’opter pour la meilleure décision, et non avec trop de précipitation. Fixez-vous également des objectifs atteignables et hiérarchisez vos priorités, au risque de vous voir dépassé, sans compter que cela vous permettra d’anticiper certaines situations. Déléguer mais aussi trouver un équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle reste tout autant indispensable. Enfin, adoptez un mode de vie sain et autorisez-vous des pauses de temps à autre ! 

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