Ces entreprises qui ont su renaître de leurs cendres

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La reprise de société est une réelle opportunité pour les futurs entrepreneurs. Un rachat d’entreprise peut aussi bien s’effectuer par l’acquisition des titres ou d’une branche d’activité que par la création d’une holding. Ce projet est toutefois complexe tant il implique d’importantes démarches et souvent un engagement financier conséquent. Mais, tel le phœnix qui renaît de ses cendres, des milliers d’entreprises ont pu redémarrer grâce à des individus passionnés et qui ne manquent pas d’idées pour continuer de les développer. Retour sur la renaissance de quelques PME.

60 000 entreprises sont mises en vente chaque année. 185 000 sont susceptibles d’être cédées, soit 750 000 emplois sauvegardés, selon le rapport de Fanny Dombre-Coste, intitulé « Favoriser la transmission d’entreprise en France », paru en 2016. Beaucoup de ces sociétés disparaissent faute de repreneurs. Face à la menace d’une liquidation judiciaire ou d’une cessation d’activité, certains se lancent dans le sauvetage de ce patrimoine entrepreneurial.

Entre 2015 et 2025, on estime que la transmission devrait concerner environ 630 000 entreprises. Or, plus de la moitié des entreprises concernées par la transmission finissent par fermer faute de repreneur… En effet, la clé de la transmission est l’anticipation (jusqu’à 5 années avant !) et la recherche de profils de repreneurs adaptés. Mais la route à suivre pour bien transmettre son entreprise ne se cantonne pas qu’à cela.

La biscuiterie normande Jeannette

La biscuiterie Jeannette, spécialisée dans les madeleines, est créée à Caen en 1850, par Pierre Mollier. Pendant plusieurs décennies, elle est cédée et rachetée par plusieurs personnalités. D’abord dénommée la Biscuiterie Normande, elle prend le nom de Biscuiterie Jeannette en 1927, à la suite du rachat des parts par Lucien Jeannette. Entre 1951 et 1985, l’entreprise connaît des années fastes, avec l’arrivée des frères Vinchon, Raymond et Jean.

Le développement de la société est conséquent.

Elle passe de quinze salariés en 1950 à 240 en 1985. De plus, elle produit plus de sept-mille tonnes de gâteaux par an. Mais les années difficiles commencent à partir de 1986. Face à la concurrence européenne, la firme Gringoire-Brossard, nouveau propriétaire, décide de licencier la moitié des salariés en 1992. Déposant le bilan plusieurs fois entre 1997 et 2011, elle est reprise par LCG (fonds d’investissement falaisien, ndlr). En décembre 2013, le tribunal de commerce de Caen décide de placer la biscuiterie en liquidation judiciaire. Plus d’une vingtaine de salariés s’y opposent et occupent leur usine pendant plus de onze mois.

Face au buzz suscité par cette occupation des lieux, quatre repreneurs déposent des offres de reprise. Le projet de Georges Viana, homme d’affaires est retenu en novembre 2014. C’est par le biais d’une opération de crowdfunding, avec 100 882 euros que le franco-portugais convainc le tribunal de commerce. En mai 2015, la production redémarre dans une nouvelle usine à Démouville, grâce à une seconde opération de financement participatif. Alors que plus de 330 000 euros ont été levés, l’entreprise réalise un autre tour de table de 6,5 millions d’euros. Cette somme a permis à Georges Viana de construire un deuxième établissement à Colombelles en 2017. Aujourd’hui, la société compte trente-deux salariés et emploie trente travailleurs d’ESAT (Établissement et service d’aide par le travail, ndlr) locaux.

Atemco, un fabricant et constructeur de bâtiments modulaires

Fondée en 1831, à Mussidan, Atemco était à cette époque, l’une des premières de France spécialisées dans le métal et dans les constructions modulaires (montage de cabanes de chantier, ndlr). Pour se renouveler, l’entreprise décide de développer des modulaires architecturés, destinés à l’habitat ou aux bureaux. Des produits plus chers à fabriquer et plus difficiles à adapter. Avec la crise économique de 2008, le secteur des cabanes de chantier s’effondre. Par ailleurs, celui sur l’architecturé ne donne pas de résultats probants.

Placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Périgueux en 2011, Atemco décide de supprimer vingt-trois postes sur soixante-cinq. Le PDG de OBM Construction (une entreprise générale de constructions bois industrialisées, ndlr), Francis Lheure, décide alors de racheter la société la même année. Il la modernise en remplaçant les machines vétustes, en renouvelant les lignes de production et les équipements. Une stratégie qui semble fonctionner puisque le chiffre d’affaires s’est vu rehaussé pour atteindre les 8,5 millions d’euros en 2017.

La Trémévenoise, une entreprise de crêperie industrielle

Gildas Salvar crée en 1976 à Tréméven, une petite société de crêperie industrielle surnommée la Trémévenois, dans son garage. En 1986, avec sa femme, l’entrepreneur décide d’acheter un terrain pour développer sa structure. Au fil du développement, la surface de la firme se porte à 1 800 m². En 2006, les époux Salvar cèdent leur affaire à Jean-Luc Pellant pour partir à la retraite. À cette époque, l’établissement compte encore 18 salariés. L’entreprise se retrouve finalement en redressement judiciaire en février 2011 et un plan d’épurement de la dette est mis en place.

La liquidation est décidée en décembre 2017 alors que neuf personnes en CDI et quelques intérimaires y sont encore employés. La cause : l’augmentation du prix du beurre et des œufs. Les salariés décident de rappeler Gildas Salvar pour leur venir en aide et reprendre les rênes de la crêperie. Le retraité de 64 ans accepte et obtient de l’argent par sa région, par la communauté de communes du pays de Quimperlé et Initiative Cornouaille, réseau associatif de financement des créateurs d’entreprise. Et depuis mars 2018, il reprend la route pour livrer les crêpes à ces cent-cinquante clients. Avec pour objectif, relancer son affaire.

Face à des entreprises en difficulté ou au bord de la faillite, les repreneurs ont parfois de l’or au bout des doigts, mais pas seulement. Les futurs dirigeants se préparent à l’enjeu en analysant leurs motivations, leurs objectifs ainsi que leurs forces et leurs faiblesses. Avec un marché difficile d’accès, ils doivent se constituer des réseaux personnels et professionnels pour parvenir à leurs fins et parfois même, trouver un financement. La période de transition demeure essentielle pour reprendre une entreprise. Et pour bien démarrer, les gérants doivent rassurer les salariés, rencontrer les clients et prendre des décisions financières et commerciales délicates.

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