Placarder des valeurs au sein de sa boîte suffit-il à créer un véritable esprit d’entreprise ?

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Lorsque l’on crée son logo, il est devenu une habitude des créatifs de demander aux entrepreneurs quelles sont les valeurs ou l’énergie qu’ils souhaitent mettre en valeur. Cependant, si cette manière de procéder est intéressante, elle requiert transparence de la part des dirigeants. Placarder des valeurs au sein de sa boîte suffit-il à créer un véritable esprit d’entreprise ?

Afficher ses valeurs sur les murs de ses locaux est devenue une pratique entrepreneuriale courante mais elle ne doit pas se transformer en mascarade. Si votre entreprise affiche des valeurs qui sont en contradiction avec ses comportements aussi bien auprès des salariés que des clients, elle risque de se retrouver sur la toile, on ne sait par quel hasard, désigner comme une entreprise qui manque de transparence. Cette pratique s’inspire directement des traditions militaires. Cet affichage ostentatoire suffit-il à fédérer l’ensemble du personnel autour des valeurs énoncées ? Quelle est son utilité réelle ?

Pourquoi afficher ses valeurs ?

En Occident, ce sont probablement les légions romaines, qui les premières, ont pris soin d’afficher le célèbre SPQR « Senatus populusque romanus  » sur leurs étendards et leurs murs pour rappeler à tous, leur dévouement au peuple de Rome. De nos jours, tous les bâtiments de la Marine nationale arborent la devise « Honneur, Patrie, Valeur, Discipline ».

Côté entreprise, le grand distributeur Carrefour place la solidarité au cœur de ses préoccupations. Apple affiche son souci de justice et fait appel aux mânes de Martin Luther King. Orange place la simplicité et la confiance en tête de ses nombreuses valeurs parmi lesquelles on trouve notamment l’audace et la transparence. Ces affichages en milieu militaire et entrepreneurial constituent la partie la plus visible de l’iceberg de la politique de management visant à mobiliser les énergies vers l’objectif commun : la victoire dans un cas, la réussite dans l’autre.

Cet affichage s’adresse tant en interne qu’en externe à tous ceux qui, en relation avec l’institution ou l’entreprise concernée, ont besoin en quelques secondes de jauger son ambition. Il faudrait être naïf pour en écarter la dimension marketing, mais la limiter à ce seul aspect serait réducteur. N’en déplaise aux perpétuels détracteurs de l’entreprise, celle-ci n’est pas exempte de vraies valeurs notamment dans la tradition démocrate-chrétienne en Europe.

Les limites du management par la valeur

Cette forme de management par la valeur vient compléter celui par la règle, mais ne se suffit pas à elle-même. Il s’agit au-delà des obligations contractuelles qui lient employeurs, employés et clients de donner un sens à l’action, de renforcer la cohésion et de promouvoir ce que le dirigeant ou le créateur considère comme l’ADN de sa boîte.

Comme dans le milieu militaire, cet affichage n’est pas une fin en soi et peut même s’avérer contre-productif et devenir caricatural s’il ne s’accompagne pas d’une forme de leadership par l’exemplarité. L’esprit d’entreprise se forge dans la pratique quotidienne des valeurs énoncées dans la charte et sur les murs de celle-ci.

Leur respect peut s’apparenter à la quadrature du cercle lorsque se lève une tempête économique par exemple. Lorsqu’on prend la responsabilité d’afficher des valeurs, il en découle un engagement à les respecter quelles que soient les circonstances. La crise médiatique s’abat immanquablement sur les entreprises ayant fortement communiqué sur des valeurs qu’elles ne respectent pas. Les dirigeants de Volkswagen subissent actuellement toute la rigueur de cette règle de base de la communication.

Afficher des valeurs en entreprise n’est donc pas anodin. Cet acte de communication interne et externe engage fortement la direction. Afficher tout en oubliant de passer à l’action entraîne une perte irrémédiable de crédibilité ! Néanmoins, cette responsabilité ne doit pas confiner au renoncement. Afficher avec fierté ses valeurs, c’est témoigner de sa confiance en soi et en son avenir. Une incantation pas forcément inutile par ces temps économiques difficiles.

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