Le phénomène des trottinettes électriques en libre-service

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Après les vélos, les scooters et les voitures en libre-service, voici les trottinettes électriques. Depuis le 22 juin dernier, ces engins se trouvent sur les pavés et les trottoirs de la Capitale. Leurs noms : Lime-S. C’est la start-up américaine Lime, fondée en 2017 par Toby Sun et Brad Bao, qui a mis en place ce système. La trottinette est proposée aux Parisiens au prix de quatre euros pour un trajet de vingt minutes. Dotée d’une autonomie de 50 kilomètres, elle peut atteindre une vitesse de 24 km/h et reste accessible de 5 à 21 heures. La société prévoit de s’installer dans 25 villes en Europe. Zoom sur ce phénomène déjà déployé au sein d’autres pays comme les États-Unis et qui prend de l’ampleur.

Les trottinettes électriques s’imposent de plus en plus dans le paysage et séduisent de nombreux utilisateurs, à l’international comme en France. Facilement maniables, amovibles et pliables, elles permettent de se faufiler n’importe où et se transportent aisément dans les transports comme le métro, le bus ou le train. L’engin à roulette est un moyen de locomotion pleinement adapté à l’environnement urbain, permettant d’effectuer de courts trajets entre son domicile et son lieu de travail. En 2017, pas moins de 50 000 trottinettes électriques ont été vendues en France, soit cinq fois plus qu’en 2015, selon Carel Wijngaards, le dirigeant de la marque leader du secteur, E-Twow.

Un boom aux États-Unis

Née aux États-Unis dans le milieu des années 2000, la trottinette électrique a été popularisée par Segway, l’entreprise de Dean Kamen, spécialisée dans le transport à deux-roues. Des start-up américaines ont décidé de surfer sur ce secteur. Depuis mars, les entreprises Bird, Spin et Lime ont ainsi mis à disposition plusieurs centaines d’exemplaires en libre-service au sein de nombreuses villes américaines comme San Francisco et Charlotte. Lime fait figure de leader, en comptabilisant plus de trois millions de trajets dans le monde, avec ses vélos et ses trottinettes électriques. Pour se financer, elle a levé 350 millions de dollars auprès du fonds d’investissement Google Ventures. Face à la croissance de ce type de transports, certaines villes américaines ont néanmoins décidé de faire la chasse à ces start-up depuis juin dernier. En cause : la colère de nombreux habitants qui dénoncent des véhicules mal garés, prenant trop de place sur les trottoirs et mettant en danger les piétons lorsqu’ils sont utilisés. Plusieurs mairies ont ainsi instauré un cadre réglementaire pour limiter la circulation de ces trottinettes électriques. À San Francisco, un permis spécifique sera dorénavant nécessaire, délivré à cinq entreprises au maximum dans le cadre d’une expérimentation ordonnée par la ville. À Miami, l’administration a même complètement interdit ces engins motorisés sur son territoire. Malgré tout, de nouveaux acteurs cherchent à entrer dans ce marché en pleine expansion. C’est notamment le cas d’Uber et de Lyft, sociétés américaines de voitures de transport avec chauffeur qui ont décidé de déposer un dossier auprès de la mairie de San Francisco pour obtenir ce fameux permis. D’autres pays sont également séduits par ce nouveau marché. La Russie s’est, elle aussi, lancée dans le service de location de trottinettes électriques. À Moscou, le 19 mai dernier, plus de 20 000 personnes se sont inscrites auprès de deux entreprises, Delimobil et Youdrive.

Des projets déjà mis en place en France

Lime n’est pas la première société de trottinettes en libre-service à vouloir s’imposer sur le marché dans l’Hexagone. La start-up strasbourgeoise Knot, cofondée par Polina Mikhaylova, a expérimenté le concept dans le cadre d’un appel à projets, durant l’été dernier, en déployant une quarantaine de trottinettes à Montrouge et Châtillon. Son objectif : proposer un moyen de déplacement dédié aux petits trajets en ville, sur des campus universitaires ou des entreprises ainsi qu’entre une gare et un lieu de travail. Depuis, l’entreprise a lancé une offre limitée dans deux localités, Saint-Denis et à Colmar, avec seulement trois trottinettes pour la commune d’Île-de-France et seize pour la ville du Grand Est. Au Mans, la start-up SophieTrot, fondée par Bertrand Faivre et Cristian Sandu, a lancé une expérimentation en janvier 2017, avec deux bornes où des trottinettes électriques étaient proposées à la location. Quant au promoteur immobilier français Tissot, il veut lancer sa propre trottinette électrique en libre-service pour la déployer à Montpellier, avec l’objectif d’attirer les marchés régionaux mais aussi nationaux.

Mais la trottinette électrique en libre-service séduira-t-elle les Parisiens et le concept survivra-t-il ? Rien n’est moins sûr. De nombreuses sociétés de vélos en libre-service sont venues s’installer dans Paris depuis plusieurs mois. Surnommés Obike, Mobike ou Ofo, ces moyens de locomotion ont envahi les rues de la Capitale, avec plus ou moins de succès. Gobee.bike, la start-up hongkongaise pionnière en la matière, a fait le choix de quitter les villes françaises et européennes en février 2018. En cause, de multiples invincibilités et dégâts causés sur le matériel. 3 200 vélos ont été dégradés, plus d’un millier volés et 6 500 interventions ont dû être réalisées par les agents et réparateurs de l’entreprise. Quant au service de voitures du groupe Bolloré, Autolib’, lancé en 2011, il s’arrêtera le 31 juillet prochain. Les raisons de cet échec : un nombre d’abonnements qui n’a cessé de diminuer depuis 2016, un service qui a perdu en qualité avec des voitures dégradées et une concurrence féroce de la part des VTC.

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