Transhumanisme : Quand les entreprises veulent créer l’Humain augmenté

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Courant né dans les années 70 en Californie, le transhumanisme prône l’usage des nouvelles technologies pour perfectionner l’être vivant. La question de ce mouvement porte souvent à débat tant sur le plan médical que philosophique. Les détracteurs le voient comme une manière pour les machines de contrôler le monde et l’Humain. Pour les fervents défenseurs, c’est un moyen d’améliorer les capacités intellectuelles de l’Homme et de lutter contre les maladies, le handicap et le vieillissement. Plusieurs entreprises tentent, grâce à la progression de la science et des nouvelles technologies, de créer l’Humain augmenté. D’un autre côté, des séries télévisées comme Black Mirror soulignent les dérives que cela pourraient engendrer.

Sur les enjeux de l’allongement de la durée de vie, 72 % des Français considèrent que le transhumanisme est un prolongement naturel de la médecine, selon un sondage réalisé par OpinionWay pour Swiss Life, un groupe d’assurance-vie suisse, en 2016. 81 % d’entre eux pensent qu’il peut aider les gens et 85 % estiment qu’il nécessite davantage de débats dans l’espace public. 69 % des personnes interrogées se disent favorables au recours de ce mouvement dans un cadre médical. Mais 71 % estiment que le transhumanisme est un enjeu dont on ne peut mesurer les conséquences. En attendant, de nombreuses entreprises notamment de la Silicon Valley se lancent dans ce secteur afin de mettre en forme l’Humain augmenté.

Connecter le cerveau à un ordinateur avec Neuralink

Le milliardaire américain, Elon Musk, propriétaire de Tesla, constructeur automobile de voitures électriques, s’intéresse au transhumanisme et a créé Neuralink, une startup de nanobiotechnologie, en juillet 2016. Elle a pour ambition d’améliorer les performances du cerveau humain en développant des implants électroniques pouvant être placés à l’intérieur de celui-ci, afin de le connecter à un ordinateur. La technologie de l’entreprise repose sur la dentelle de neurones, électrodes artificielles qui seraient fixées aux neurones permettant d’augmenter la capacité du cerveau. Objectif : fortifier les connaissances intellectuelles, sauvegarder la mémoire et transmettre des pensées sans avoir besoin d’utiliser la parole. Pour le dirigeant, sa solution se consacre exclusivement au monde médical, afin de lutter contre les maladies cérébrales comme celle de Parkinson ou d’Alzheimer, l’épilepsie ou même le cancer.

Depuis sa création, les informations sur l’avancée des travaux de la start-up se font rares. Selon une enquête de Gizmodo, blog américain spécialisé sur les gadgets et les nouvelles technologies, l’entreprise d’Elon Musk a souhaité, à partir de février 2017, transformer ses bureaux de San Francisco en laboratoire de test sur les animaux et en atelier d’usinage. Une zone serait alors consacrée à la création de produits électroniques et à la mise en œuvre de recherches informatiques. Dans l’autre étage, des essais seraient effectués sur les interfaces neurologiques, par le biais de rongeurs comme des souris et des rats, afin d’étudier comment les réseaux de neurones communiquent et comprennent les informations.

Rendre immortel l’être humain avec Calico et Nectome

La société Google est, depuis quelques années, une des principales supportrices du mouvement transhumaniste. Elle multiplie les investissements dans plusieurs sociétés spécialisées dans les nanotechnologies, biotechnologies et la robotique. Elle a lancé en septembre 2013, une filiale, Calico (California Life Company, ndlr), dont le but serait de prolonger la vie, en luttant contre le vieillissement et les maladies graves. Elle s’est notamment associée à AncestryDNA et 23andMe, laboratoires qui analysent le code génétique, pour identifier grâce à des algorithmes, des schémas et des facteurs héréditaires de la longévité de l’Humain. L’idée : apporter des solutions curatives.

Quant à Nectome, start-up fondée en 2016 par Robert McIntyre, ingénieur diplômé du MIT, a mis au point un procédé chimique d’embaumement, la vitrifixation, capable de conserver un cerveau dans un état satisfaisant sur le long terme. Le patient doit être mort pour que la technique fonctionne, se basant sur la cryoconservation (procédé où des cellules sont conservées en les refroidissant à très basses températures, ndlr). L’entreprise a réussi des tests de conservation sur des animaux comme le cochon. Le prochain pari de la start-up est de pouvoir, grâce aux avancées scientifiques et technologiques, scanner les cerveaux conservés et dupliquer la conscience des personnes dans un Cloud. Avec l’objectif qu’elle puisse, un jour, être chargée dans un robot ou une autre enveloppe corporelle.

Les limites du transhumanisme

Toute technologie innovante détient, le plus souvent, sa part de bienfaits et de risques. La série britannique Black Mirror créée en 2011 par Charlie Brooker met en garde contre les dérives que pourraient apporter ces évolutions notamment du côté du transhumanisme. Elle souligne particulièrement les problèmes d’identité posés par l’Humain augmenté dont le caractère pourrait être fortement détérioré, le fait de marchandiser le corps pour se rendre immortel ou puissant, les mauvais usages qui favorisent une atteinte à la vie privée, voire un contrôle total de l’Homme par la machine…

Dans l’épisode 1 de la saison 2, intitulé « Bientôt de retour », les questions des robots et de l’immortalité sont évoquées. L’histoire traite d’un jeune couple, Ash et Martha. Le mari décède dans un accident et sa femme, éprouvée par sa perte, décide d’utiliser un service expérimental qui exploite les données enregistrées sur Internet des personnes décédées pour créer des conversations entre morts et vivants. Elle s’implique de plus en plus dans ce système en oubliant le monde réel. Une autre technologie lui permet de transférer cette intelligence artificielle dans une version robotique copie conforme de son époux. D’abord heureuse de le trouver, Martha va peu à peu se sentir mal à l’aise face à cet être synthétique qui exécute ses ordres, ne mange pas et ne respire pas comme le ferait un être humain. L’épisode spécial Noël, dénommé « Blanc comme neige » reprend l’idée du transfert de cerveau ou de conscience dans un ordinateur. Matt, scientifique est chargé de mettre en place des « cookies » spécifiques, sorte de copies digitales de la conscience de ses clients. Elles ont pour objectif d’être au service des personnes réelles pour gérer des maisons intelligentes. Le problème, c’est que cette reproduction a une conscience et doit se faire asservir pour exécuter des ordres. La question éthique de manipuler une technologie dotée d’une conscience à des fins personnelles est alors posée.

Le transhumanisme met en lumière un avenir où les humains pourraient être « augmentés » grâce aux nouvelles technologies. Il permettrait d’améliorer les facultés intellectuelles et physiques, voire de lutter contre les maladies. Mais des dérives pourraient apparaître comme le souligne régulièrement la série Black Mirror. Les start-up qui innovent dans ce domaine doivent donc agir prudemment et ne pas considérer la machine avant l’Homme.

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