L’Afrique, un continent tourné vers l’entrepreneuriat

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Face à l’Occident, l’Afrique se tourne de plus en plus souvent vers l’écosystème entrepreneurial. Il est en effet perçu comme un ressort essentiel à la croissance économique sur le continent mais aussi comme un outil durable de création d’emplois ainsi qu’un dispositif séduisant pour la jeune population. Des entreprises et start-up apparaissent et se développent progressivement dans plusieurs pays africains comme le Kenya, le Nigeria ou la Côte d’Ivoire, dans des secteurs variés tels que la finance, la télécommunication ou l’e-commerce. Tour d’horizon de l’activité entrepreneuriale africaine.

Le Nigeria, le Kenya et l’Afrique du Sud, « start-up nations »

Les start-up en Afrique ont le vent en poupe. Elles se développent progressivement et attirent les investisseurs du monde entier. Plus de 560 millions de dollars, soit 467 millions d’euros ont été investis dont 124 d’entre elles en 2017, soit une hausse de 53 % par rapport à 2016, qui était déjà une année record, avec 366,8 millions dollars pour 77 sociétés. 128 réalisations de levée de fonds ont été recensées, soit une augmentation de 66 % en un an, selon une étude de l’organisme d’investissement Partech Ventures. Les incubateurs d’entreprises se sont énormément développés sur le continent. Ils sont plus de 443 alors qu’ils n’étaient qu’une dizaine dans les années 2000.

Trois pays tirent leur épingle de jeu : le Nigeria, le Kenya et l’Afrique du Sud. Conformément à une enquête annuelle réalisée par le fonds de capital-risque Partech Africa, l’Afrique du Sud monte sur la première marche du podium avec 42 entreprises qui ont reçu 168 millions de dollars d’investissements en 2017, soit 30 % du total des levées en Afrique. Le Kenya et le Nigeria arrivent, eux, en deuxième et troisième position, avec respectivement 147 millions et 115 millions de dollars. Reste qu’au cours du premier trimestre de l’année 2018, selon un rapport du Global Tech Media Wee Tracker (plateforme média qui se focalise sur les technologies et l’écosystème des start-up africaines, ndlr), les deux nations ont multiplié les financements. Les entreprises nigérianes ont effectué 29 transactions pour un montant qui s’élève à 29,41 millions de dollars, tandis que les sociétés kényanes ressortent vainqueurs avec 23 levées de fonds, soit 82,86 millions de dollars, ce qui représente trois fois plus que le Nigeria. D’autres pays africains ne sont pas en reste et parviennent à attirer petit à petit les promoteurs comme l’Égypte, qui a réalisé 14 % des tours de table sur le continent en 2017 ainsi que la Côte d’Ivoire et le Sénégal, avec chacun 13 et 6,5 millions récoltés en 2016.

Des entreprises spécialisées dans des secteurs variés

Les start-up africaines se consacrent à de nombreux secteurs, particulièrement centrés sur la finance, l’e-commerce ou la télécommunication. L’entreprise kényane Africa’s Talking, dont le siège social est basé à Nairobi, est spécialisée dans la technologie mobile. Elle a créé une plateforme qui propose des solutions basées sur le Cloud afin de virtualiser les infrastructures de télécommunication dans toute l’Afrique, en simplifiant le processus et les technologies. Elle fournit ainsi des SMS, des MMS, des codes USSD (protocole qui envoie des informations via les réseaux GSM, 3G ou 4G, ndlr) ainsi que des API Voix (services vocaux qui permettent d’installer et de gérer des flux d’appel, ndlr) et des applications de paiement mobile pour les particuliers, les entreprises et les développeurs. Elle offre également SMSVoices.com, une autre plateforme qui permet aux utilisateurs de transmettre des informations sur internet via des textos et des publications en ligne. Celle-ci a récolté plus de 8,5 millions de dollars en 2017 afin de se développer à travers le continent. Le fonds d’investissement early-stage Orange Digital Ventures, de l’opérateur téléphonique français du même nom, a d’ailleurs participé.

Quant à l’entreprise nigériane TradeDepot, créée en 2016, elle permet de gérer la distribution de biens de consommation sur le continent africain. Via sa solution, les petits détaillants peuvent accéder en temps réel aux prix et aux remises proposés par de grandes marques comme Coca Cola. Ils ont alors la possibilité de commander de nombreux produits et de se faire livrer d’une manière rapide dans l’entrepôt le plus proche de son lieu de travail. TradeDepot permet de mettre en place un moyen de communication immédiat entre marques et commerçants. Le fonds Partech Africa, propriété de Partech Ventures (organisme de capital-risque transatlantique spécialisé dans les technologies de l’information et de la télécommunication, ndlr) a injecté, en avril dernier, trois millions de dollars dans la jeune pousse, dans le but de favoriser son expansion dans le pays.

L’Afrique : premier continent de l’entrepreneuriat féminin

L’Afrique est devenu le premier continent de l’entrepreneuriat féminin, selon le rapport 2017 « Women’s Entrepreneurship » réalisé par GEM (Global Entrepreneurship Monitor, projet d’étude mondiale qui analyse annuellement l’activité des entreprises, leurs attitudes et leurs aspirations dans plus de 80 pays, ndlr). D’après la même source, 27 % des femmes créent une société en Afrique, ce qui constitue le taux le plus haut à l’échelle mondiale. Mais 70 % d’entre elles n’ont pas accès aux investissements. Des initiatives sont lancées afin de mettre en valeur les dirigeantes d’entreprise et promouvoir leur société. La plateforme digitale «Women in Africa Initiative », créée en 2016 par Aude de Thuin et aujourd’hui dirigée par Hafsat Abiola, se pose comme un outil de développement économique et d’accompagnement des femmes africaines leaders et à fort potentiel. Sa mission est de rendre visibles 54 d’entre elles, une par pays, dans leur territoire ainsi qu’à l’international, de les suivre dans l’avancement de leurs compétences et de favoriser leur réseau.

L’univers entrepreneurial s’installe et se solidifie donc de plus en plus sur le continent africain. Trois pays puissants en termes de start-up se démarquent : le Nigeria, le Kenya et l’Afrique du Sud dominent le marché dans des secteurs comme l’e-commerce ou la télécommunication. L’entrepreneuriat féminin se développe lui aussi, mais fait face à un difficile accès aux investissements.

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