Le géant, Rocket Internet, est à l’origine de grands succès dans le milieu de la start-up Internet. Zalando et certaines entreprises de la Foodtech comme Delivery Hero et HelloFresh font partie des plus belles réussites du fonds d’investissement. Alors, après un succès incroyable sur le marché européen et une valorisation totale atteignant les 30 milliards d’euros, Rocket Internet détecte aujourd’hui de nouvelles opportunités aux États-Unis.
Rocket Internet : une usine à start-up
Rocket Internet est, ce qu’on appellerait, une usine à start-up Internet. Ce fonds d’investissement et incubateur géant, créé en 2006 à Berlin, a lancé de nombreuses entreprises en suivant toujours le même modèle : “incubation” , “investissement” et “croissance”. Ce schéma a porté ses fruits puisque le portefeuille actif de Rocket Internet couvre aujourd’hui plus de 100 entreprises sur six continents. Parmi les plus belles réussites du fonds d’investissement, on trouve de nombreuses entreprises du secteur de la Foodtech telles que Delivery Hero, HelloFresh ou encore des entreprises de mode comme Zalando. En effet, Rocket a joué un rôle déterminant dans la création de Zalando, devenue la société de mode en ligne la plus prospère d’Allemagne. L’usine à start-up a également investi dans des sociétés prometteuses de divers secteurs comme la start-up de mobilier Westwing, dont elle détient 34 % des parts. Rocket a même investi 16,5 millions d’euros dans une agence de voyages en ligne en pleine croissance, basée à Amsterdam et appelée TravelBird. Ces entreprises, dont certaines sont cotées en bourse, portent la valorisation totale de Rocket Internet a plus de 30 milliards d’euros. Et le prix des actions de Rocket Internet n’a cessé d’augmenter depuis l’année dernière. D’autant plus que ces nouveaux investissements, comme HelloFresh, commencent à porter leurs fruits.
Des investissements jugés risqués
De nos jours, l’accès à l’investissement dans les pépites innovantes s’est largement démocratisé. Les start-up ne se créent plus dans les garages : elles ont besoin d’être soutenues par ces incubateurs pour éviter l’échec, puisque près de 90 % des start-up créées dans le monde ont échoué. La société berlinoise Rocket Internet essaye de remédier à ce problème et d’éviter l’échec en copiant des concepts e-business ayant fonctionné sur d’autres marchés. Toutefois, ce géant de l’investissement a dû apprendre à se relever, après quelques dégringolades. En effet, en 2016 les analystes financiers étaient très sceptiques quant à la valeur réelle des sociétés dans lesquelles l’entreprise a investi. Leur chiffre d’affaires ne cessait d’augmenter mais certaines d’entre elles n’étaient pas profitables pour autant.
Des exemples de revalorisation réussis
Rocket Internet profite justement d’un marché qui impose des obligations de reporting financier peu contraignantes pour aider les petites sociétés à lever du capital. Par exemple, Rocket Internet ou son concurrent Betaworks ne sont pas obligés de consolider les pertes des sociétés dont ils détiennent moins de 50 % des parts. C’est pourquoi les analystes peinent à les évaluer correctement et émettent des doutes au sujet de la réelle valorisation du portefeuille de Rocket. La start-up HelloFresh, dont Rocket détient 3 % des parts, est un exemple parfait de cette survalorisation. L’entreprise, valorisée à 2,6 milliards d’euros, enregistrait un cash-flow négatif de 60 millions de dollars en 2015. Mais HelloFresh connaît aujourd’hui une croissance incroyable qui poursuit un rythme effréné. La société allemande de boîtes-repas s’attend en 2018 à un chiffre d’affaires de 902 à 905 millions d’euros, en hausse de 51 à 52 % par rapport à 2016. La recette de Rocket Internet est donc basée sur le long terme et semble porter ses fruits malgré les réticences émises par les analystes. C’est pourquoi Rocket se lance aujourd’hui dans la création d’un nouveau fonds, aux États-Unis, de plus de 1 milliard de dollars. La société veut se tourner vers un marché en pleine croissance. Autrefois, Rocket faisait le choix d’installer ses start-up partout où il y avait des aéroports. Aujourd’hui le géant se tourne vers les États-Unis.
Les techniques utilisées
Rocket Internet utilise une technique bien rodée basée sur ces trois leitmotiv : “incubation”, “investissement” et “croissance”.Tout d’abord l’incubateur détecte des opportunités en analysant les segments de valeur, notamment en observant ce qui se passe sur les autres continents. En effet, Rocket ne se cache pas de copier ce qui a marché ailleurs et particulièrement sur le marché américain. Zalando, l’acteur incontournable de la vente à distance de vêtements, chaussures et accessoires a clairement copié les clefs du succès de l’entreprise américaine Zappos. Et cela fonctionne puisque le géant berlinois a connu un chiffre d’affaires d’environ 4,5 milliards d’euros en 2017. Depuis 2007, plus de 200 start-up sont nées dans le sillage de Betaworks, Rocket Internet ou encore Sparkling Partners. Ces trois usines à start-up sont des modèles hybrides situés entre l’incubateur, le fonds d’investissement et l’accélérateur. En effet, ils recrutent entièrement les équipes de fondateurs des start-up dans lesquelles ils investissent. Et comme l’a dit Martin Toulemonde, le fondateur de Sparkling Partners, “la difficulté, c’est de réussir la greffe improbable entre un projet et une équipe de fondateurs”.
Selon Oliver Samwer, le cofondateur et patron de Rocket Internet, la clé de la réussite est d’éviter d’investir dans les technologies du futur, sur lesquelles nombre d’investisseurs se ruent aujourd’hui, comme la robotique, l’intelligence artificielle ou la réalité virtuelle. Pour éviter les risques trop importants et obtenir un taux d’échec inférieur à 10 %, le succès doit être envisageable.