Ludovic Mingot et Franck Auzanneau ont réussi à se positionner dans le milieu ultra-concurrentiel de l’événementiel en proposant un service clé-en-main bien moins coûteux comparé au fait de créer sa propre plateforme » Goomeo « . Retour sur une stratégie payante pour s’imposer au milieu des grands groupes.
« Goomeo est une plafeforme créée en 2010, qui permet de créer des applications mobiles pour l’événementiel », résume son cofondateur.
Pourtant la première idée était bien différente, comme nous le confirme le dirigeant : « La première idée est née en 2005. Il s’agissait d’un jeu via des montres pour créer une interaction avec des gens dans le bus ! Au cours de notre cheminement, nous sommes arrivés aux Smartphones mais à l’époque ils ne possédaient guère le niveau technologique actuel et les investisseurs n’étaient pas convaincus par cette approche. Nous avons cependant développé une technologie qui permettait aux téléphones de s’interconnecter entre eux sans réseaux autour».
Il poursuit : « La 3G n’existait pas. Il fallait donc que les utilisateurs se trouvent au même endroit, en même temps. Nous avons pensé que les spectacles ou les salons représentaient de bonnes opportunités et nous avons découvert qu’ils y avaient là un véritable besoin puisqu’ils n’avaient ni le temps ni les moyens financiers de développer une application pour un salon qui dure deux ou trois jours. Nous nous sommes dit qu’il fallait faire une plateforme afin d’industrialiser et de permettre à chacun d’avoir sa propre application ».
Une plateforme pour créer des applications multifonctions et personnalisables.
Le besoin de personnalisation est immédiatement identifié comme nous le confie le dirigeant : « Nous nous sommes lancés dans une usine à Clio avec la possibilité de personnaliser. » Le service permet de manière basique de créer directement une plateforme qui leur est propre via l’appli tout en la personnalisant pour tout ce qui relève de l’informatif : le programme, les speakers, le plan, les informations pratiques, la liste des exposants. Elle propose également de nombreux services interactifs : système de vote, questions du public, networking, prises de rendez-vous d’affaires, selfies, plan en 3D avec géolocalisation… Un système très vaste. Une solution permettant de créer simplement une application qui leur est propre avec du contenu personnalisé. Pour aller plus loin dans la personnalisation, la plateforme se vend en marque blanche, comme nous le précise le dirigeant : « l’application est au nom de l’événement et porte ses couleurs : il n’y a aucune mention de Goomeo. »
Un business model inchangé.
Si l’idée du jeu a bien évolué, le business model de l’entreprise, lui, n’a pas subi de grands changements. « Le business model est toujours le même. Nous sommes partis du principe qu’il s’agissait d’une licence d’utilisation de la plateforme pour un événement, une édition. Chaque année nos clients re-souscrivent s’ils sont satisfaits, ce qui est le cas (rire). » Le prix moyen (entre 8 000 et 10 000 euros) reste « faible alors que nous sommes sur du sur-mesure et que si vous deviez développer vous-même la même appli, il faudrait compter entre 100 et 150 mille euros, sans le backoffice permettant de la gérer en temps réel et de faire des pushs, de la pub… »
Une stratégie initiale au culot.
Avant d’arriver à ce succès, les fondateurs ont pris une stratégie que beaucoup estimerait risquée mais qui s’est avérée payante. « Nous sommes allés voir les grands comme Reed Expositions France et Comexposium. Petit à petit, nous avons travaillé avec les grands organisateurs puis à l’international. Il faut comprendre que les petits n’ont pas forcément moins de moyens que les grands. Ils aiment bien regarder ce qui se fait avant d’investir. Aujourd’hui, nous faisons aussi bien des salons professionnels que des congrès médicaux ou des évènements internes entreprises avec de belles marques comme Cartier ou Decathlon. »
L’objectif initial de la stratégie ? « Construire rapidement notre notoriété. » Et pour les convaincre, il est clair que l’entrepreneur a dû prendre son courage à deux mains. « Le premier client était Franchise expo. Le salon avait lieu en mars et ils ont accepté en septembre. Ils ont joué le jeu et cru en nous. C’était un peu la panique quand je suis revenu voir mon associé à Limoges car le produit n’était pas terminé. Nous étions encore en train de coder et le plus drôle c’est qu’un autre salon un mois plus tard, IT Partners, a également accepté alors qu’il avait lieu un mois plus tôt, en Février. Nous étions considérés comme des extraterrestres et je les remercie encore de leur confiance. »
Des difficultés techniques et défis marketing.
Tout n’a bien sûr pas été facile puisque l’entreprise a rencontré des défis techniques notamment avec le développement sur BlackBerry, qu’ils ont arrêté fin 2014 mais aussi des défis marketing. « Nous pensons que nos meilleurs commerciaux sont nos applications. Nous nous engageons à faire de la qualité avant tout car nous souhaitions développer le bouche à oreille. Le travail du marketing, quant à lui, consiste à faire du lead mais nous voulions de la recommandation. Il y a donc eu tout un travail de notoriété à réaliser.»
Il ajoute : « Il fallait que le nom Goomeo s‘ancre dans le petit milieu de la profession. Nous avons davantage opté sur des actions partenariales que sur du recrutement exponentiel de commerciaux même si nous en avons intégré quelques-uns notamment sur Paris puisque nous sommes implantés à Limoges. Il fallait également bien développer la plateforme qui est arrivée à maturité, pour moi, en 2015 même si elle continue d’évoluer bien entendu. »
Une consécration par un prix métier.
Pour l’entrepreneur, pas de doute, la récompense de son travail acharné est arrivée lors de cette 4ème édition des Event Technology Awards, qui s’est tenue le 9 novembre 2017 à Londres lors du salon Event Tech Live. L’heureux gagnant du prix « Best Event App » nous confie ainsi : « C’est une magnifique récompense car nous étions les seuls Français dans ce domaine sur la scène internationale et cela fait très plaisir notamment car c’était une reconnaissance de la profession. Nous avons eu d’autres prix avant mais cela a été particulièrement magique. »
Si le succès a été au rendez-vous c’est notamment grâce au plan et à la gestion de données que propose l’entreprise dans les applications fournies. « Nous avons un plan qui est interactif et qui a un beau rendu. En dehors du fait que les applications tournent bien, je pense que nous avons su nous démarquer grâce à la gestion de données qui est la plus poussée et nous sommes à même d’en gérer beaucoup. C’est l’arrière-boutique mais cela compte. »
Des axes de développement clairs.
S’ils ont toujours plus ou moins travaillé avec la partie corporate, l’entrepreneur souhaite aujourd’hui accélérer le développement sur cette partie depuis l’année dernière « car nous voulions être prêts en termes de produit avant de l’attaquer ». Mais si l’entrepreneur se démarque c’est par cette certitude que « demain, il n’existera plus de site internet pour les évènements. Aujourd’hui dans l’application on fait presque tout sauf l’inscription mais demain ce sera différent ».
Le défi consiste, pour l’entrepreneur, à développer cette partie. « Je pense que le but c’est d’aller sur de la transformation mobile et non digitale car quelqu’un qui télécharge l’application est forcément plus engagé auprès de la marque. Quand vous irez sur le salon, vous aurez tout ce qu’il vous faut via votre mobile. L’inscription est le point de départ d’un événement, et pourtant c’est ce que nous développerons en dernier. C’est un peu comme si nous avions commencé par la fin. »
Une stratégie d’innovation qui repose donc sur le dépoussiérage de vieilles habitudes vers de nouvelles prenant en compte notamment la technologie mobile. Pour le développement international, l’entreprise se concentre sur son cœur de métier et souhaite se développer à travers des partenaires et revendeurs. Un esprit d’adaptation et de personnalisation toujours présent.
Pas d’objectif de levée de fonds.
Si l’entrepreneur a réalisé des petites levées de fonds auprès de Business Angels au début de l’entreprise afin de financer le développement du produit et le BFR initial, aujourd’hui l’objectif n’est clairement plus de lever de l’argent. « Ce n’est pas un objectif du tout. Nous suivons notre route et nous grandissons à notre rythme. Je ne vois pas l’utilité d’en faire une nouvelle surtout quand je vois le nombre de sociétés qui coulent après avoir levé des fonds. »