Somhome, un compromis dans le monde des agences immobilières

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Rachetée il y a un peu moins d’un an par Foncia, groupe d’agences immobilières leader en France, la start-up revendique un modèle basé sur la désintermédiation. Parti d’une simple page Facebook, son fondateur, Jean-Philippe Bertin, a tout misé sur un système de matching entre locataires et propriétaires. Bel exemple d’une entreprise qui a su rallier autour d’elle toute une communauté.

Revenir d’un Tour du Monde avec une idée.

Jean-Philippe Bertin, pour qui le terrain reste la meilleure expérience mais aussi le meilleur apprentissage, obtient son premier emploi à l’âge de 20 ans chez Lagardère Advertising, où il occupe le poste de Directeur de clientèle. « Je m’occupais de la commercialisation des espaces publicitaires des sites du groupe. Une expérience formidable qui m’a permis de connaître les rouages de la commercialisation des médias », se souvient le fondateur.

Trois ans plus tard, il décide de démissionner pour aller faire le Tour du Monde. « Je me sentais très bien au sein du groupe Lagardère mais l’euphorie de la nouveauté a pris le dessus », explique Jean-Philippe.

En presque un an, il visite plus d’une trentaine de pays. Lors de son séjour au Népal, en repensant à une conversation qu’il avait eue avec un ami sur Skype, où ce dernier lui expliquait sa difficulté à trouver un appartement, l’idée de Somhome lui apparait. « Il faut savoir qu’au Népal, il y a : soi, la montagne et neuf heures de marche par jour, ce qui en fait un véritable terreau pour la créativité et la réflexion », lance-t-il avec le sourire. « J’ai toujours détenu l’envie d’entreprendre et, l’un des meilleurs signaux que j’ai eu se traduit par le fait que, plus j’avançais dans le temps, plus j’étais persuadé de la réelle opportunité », affirme-t-il. à partir de  cette réflexion, Jean-Philippe Bertin rentre en France avec la volonté très claire de lancer le projet.

Une page Facebook pour fédérer.

« Nous avons débuté, en 2013, avec une page Facebook, « Plans Appart Sans Agence ». Aujourd’hui, nous fédérons plus de 250 000 membres inscrits sur notre propre site internet ». Selon le fondateur, Somhome ne s’est fait connaître quasiment que par le bouche à oreille : « L’un de nos avantages demeure que nous sommes considérés comme un bon plan et un bon plan, par essence, se partage. » Quelques mois après le lancement de la page, qui leur permet d’identifier les besoins et attentes de leur cible, Jean-Philippe décide alors de créer un site internet.

À sa sortie, plusieurs milliers de personnes se seraient inscrites sur la plateforme. « Nous étions étonnés de la bienveillance des internautes, à travers leurs recommandations, mais aussi de l’implication que peut avoir une communauté sur l’évolution d’un produit », confie le dirigeant. Afin de ne garder qu’une seule et même page Facebook, celle originelle sera fusionnée avec celle de l’entreprise et prendra le nom de « Somhome : Plans Appart Sans Agence ».

Si l’enjeu s’avère de capitaliser sur leur marque, Facebook reste leur principale source de trafic vers le site. Celui-ci propose d’ailleurs à ses utilisateurs de se décrire, d’échanger ou encore de lier leur profil aux médias sociaux comme Facebook. « Un site de rencontre est avant tout un réseau social, ce qui explique que nous avons réuni les outils et fonctionnalités intervenant dans la dynamique des réseaux », explique le fondateur. Pour eux, l’enjeu, qui forme leur ADN, s’avère de réhumaniser les relations entre locataires et propriétaires.

Faire matcher locataires et propriétaires.

Se présentant comme un site de rencontre entre locataires et propriétaires, Somhome se différencie par l’introduction d’un système de matching. Le dirigeant revient sur le concept : « D’un côté, les locataires s’inscrivent, décrivent le bien recherché en précisant la superficie, l’emplacement, le prix des loyers…, mais aussi leur situation. De l’autre, les propriétaires détaillent les caractéristiques du bien proposé et le profil du locataire qu’ils souhaitent ». À la différence des sites tels que Leboncoin.fr ou PAP, qui restent originellement basés sur des modèles de presse, un tri s’effectuerait en amont grâce à un filtre.

Une fois les critères intégrés dans la plateforme, un algorithme se chargerait, pour le locataire, de ne faire remonter que les annonces qui correspondent à leurs recherches. Le propriétaire, quant à lui, serait ainsi sollicité, uniquement, par des profils qui répondent à sa demande. « L’ensemble de ces critères se révèle objectif et légal, et non discriminant », précise Jean-Philippe Bertin. S’il est également possible de dématérialiser l’ensemble des pièces justificatives, Somhome permet avant tout de gagner du temps : « Certains allaient voir des appartements, avaient le coup de cœur, déposaient le dossier mais n’étaient, au préalable, même pas éligibles aux critères du propriétaire ! », s’exclame-il.

Garantir les loyers pour rassurer les propriétaires.

« Avec d’un côté les agences qui font tout mais affichent des honoraires souvent élevés et de l’autre, les intermédiés, qui n’ont pas de frais mais ne font pas grand-chose, nous avons décidé de créer un monde entre les deux, une sorte de compromis », rappelle le dirigeant. S’ils concentrent leur modèle sur la désintermédiation, la simplification des processus et le gain de temps, un autre élément reste à considérer : l’offre Somhome +. « Les propriétaires font face à deux stress : être payé tous les mois et la gestion locative », remarque Jean-Philippe Bertin.

De ce constat, mais aussi d’une étude basée sur les retours utilisateurs, naît l’idée, au-delà de la simple mise en relation, d’accompagner pleinement le propriétaire dans cette expérience parfois nouvelle pour lui. Suivant cette démarche, l’offre garantit le paiement des loyers mensuels avant le quinze de chaque mois. Une interface fluide et intuitive permettant d’automatiser la gestion (envoi des quittances de loyer, bail, document d’état des lieux, compte rendu et régularisation des charges…) se voit également mise en place et des tutoriels, dispensés.

Le business model n’a pas fondamentalement changé, selon le dirigeant, étant donné que la stratégie demeure le «marketing de la gratuité». Plus précisément, cela consiste à fédérer une audience conséquente, à être proche de sa communauté et à identifier ses besoins pour, ensuite, proposer des services adéquates. Côté locataires, un service d’aide les suit lors de leur déménagement, troisième source de stress des Français, mais « cela reste anecdotique et s’apparente davantage à un produit d’appel. Le business model reste basé sur l’accompagnement des propriétaires », confie-t-il. D’un autre côté, « nous pouvons recenser tous les propriétaires du monde, s’il n’y a pas les locataires en face, il n’y a pas de transaction. Une logique de l’offre et de la demande qu’il faut constamment équilibrer ».

Se faire racheter par un grand groupe.

Pour pouvoir garantir le paiement des loyers, d’après Jean-Philippe Bertin, trois choix s’offraient à eux : lever des fonds, établir un partenariat commercial ou se rapprocher d’un industriel pour co-construire le projet. Ils optent pour la troisième option : « Nous avons rencontré Foncia, groupe d’agences immobilières leader, qui détenait cette même volonté de toucher les propriétaires via la désintermédiation mais ne disposait, pour cela, pas d’offre adéquate. » Une vision commune qui aboutit, en été 2016, au rachat de Somhome, qui devient une filiale du groupe (le montant du rachat ne nous a pas été communiqué, ndlr). « Cela avait beaucoup de sens pour nous étant donné que nous n’avions pas les reins assez solides pour garantir les loyers puisque cela reste une prise de risques conséquente et nécessite une infrastructure considérable, seuls, et, pour eux, cela leur permet d’atteindre une nouvelle population », explique le dirigeant.

Il s’agit d’un mariage équilibré : nous occupons du front et eux sont là pour nous backer puisqu’il est question de garantie et non d’assurance. » Une alliance intelligente et qui n’engage pas pour autant un rapprochement en interne : « D’emblée, ils nous ont assuré que nous serions indépendants afin de conserver notre ADN et notre esprit start-up. Une très bonne initiative de leur part. »

Élargir son offre pour couvrir le maximum des attentes.

Après avoir levé 500 000 euros en 2015 pour se développer, aucun autre tour de table n’est prévu étant donné que Somhome appartient désormais au capital de Foncia. Au menu des priorités, faire grossir leur base de propriétaires mais également, greffer des services supplémentaires à leur offre actuelle. « Nous recevons plein de demandes qui ne constituent pas notre cœur de métier, mais que l’on va ajouter au fur et à mesure de la commercialisation », explique Jean-Philippe. Si l’international a du sens pour eux, cela n’est pas encore inscrit au cahier des charges puisqu’ils préfèrent commencer par étoffer leur palette de services. Si l’on en croit le fondateur de Somhome, plus ils avanceront dans le temps, plus leur offre devrait répondre à l’ensemble des besoins des propriétaires en restant à leur écoute. Affaire à suivre donc.

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