Frichti, la start-up qui a de l’appétit

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Avec une spectaculaire levée de fonds de 13 millions d’euros, Julia Bijaoui et Quentin Vacher croquent à pleines dents le marché de la livraison de repas. En Juin 2015, ils font une entrée remarquée dans l’univers de la Foodtech française. Leur croissance sans précédent interroge. 

Le goût de l’entrepreneuriat.

Quentin sort du Master Banque et Finance de Paris Dauphine suivi du Master Finance de la London School of Economics and Political Science. Julia, quant à elle, est diplômée d’HEC où elle obtient son Master spécialisé « entrepreneur ». En 2011, alors âgé de 24 ans, Quentin fonde JolieBox. L’idée ? Une « boîte à beauté surprise » envoyée au domicile des abonnés. Julia ne tarde pas à le joindre dans cette aventure. Ensemble, ils finissent par rejoindre le groupe américain Birchbox un an plus tard. Le pionnier et leader en la matière promet de « révolutionner chaque mois la routine beauté de 800 000 femmes à travers le monde ».

Après leur intégration, ils évoluent très vite et finissent par absorber leurs concurrents européens. Cet e-commerce lucratif doit tout à son business model novateur, ils l’ont bien compris. Cette première expérience s’avère un franc succès et reste leur référence. En bons représentants de la génération Y, ils se sont parfaitement adaptés à l’ère numérique. Le duo de « Millenials » n’en est donc pas à son coup d’essai quand il entre dans le monde de la Foodtech.

Frichti (n.m.) : petit plat maison préraré avec amour.

En juin 2015, notre duo d’entrepreneurs lancent une application mobile de commande et livraison de repas : Frichti. Le concept se veut rapide, sain et peu onéreux. À la carte : « des plats que vous auriez pu cuisiner vous-même » annonce Julia. Il faut compter « entre 10 et 12 euros pour un menu complet, livraison comprise ». Le « manger mieux » est leur leitmotiv : sans compromis entre son emploi du temps et sa santé. Ce problème concerne une majorité de personnes actives. Leur offre s’adapte au rythme soutenu du « milieu urbain actuel ». Leur positionnement est clair : « on ne concurrence ni le fait maison du particulier ni le restaurant ». Six mois après leur début, ils livrent déjà « plus de 500 repas par jour ».

L’innovation au menu.

Pour se démarquer, Frichti possède un business model inédit. La start-up se veut éco-responsable et durable. Ils font rimer écologie et économie en « cuisinant de saison et bio quand c’est possible ». Julia nous explique comment ils ont « repensé les chaînes logistique et alimentaire pour fonctionner et cuisiner différemment ». Ils limitent le gaspillage en redistribuant les invendus à l’association Action Froid en ne négligeant pas la qualité. « On ne fait pas d’impasse sur la qualité, tout est préparé dans nos locaux, par nos chefs ». Elle parle ici de leur cuisine interne centrale, où tout est sous leur contrôle. Le menu se renouvelle chaque semaine, pour se distinguer d’un service de restauration classique.

Sans pour autant dépasser « le prix quotidien » que chacun serait prêt à payer pour manger « comme chez soi ». Dans ce cadre, Julia veut « réconcilier le producteur, le produit et le client pour améliorer l’agro-industrie ». L’innovation se poursuit dans la livraison qui se fait au choix « en scooter électrique ou en vélo dans un délai de trente minutes maximum, pour 1,50 euro ». Pour parvenir à ce résultat, un algorithme leur permet de grouper les livraisons par secteur, de réduire les temps et frais de transport. La simplicité demeure le maître-mot, pour eux comme leur clientèle.

Un esprit start-up.

Avoir et cultiver l’esprit start-up, c’est « remettre son business et soi-même en question ». La logique reste de faire fructifier et grandir son entreprise et son équipe, moteur de sa réussite. Les fondateurs insistent sur l’intérêt qu’ils portent à leurs employés, notamment par le choix de l’embauche : une quasi-totalité de CDI. « Notre particularité est d’avoir internalisé l’intégralité de la production et de la livraison » insiste Quentin. Selon lui, le livreur est « le seul visage de Frichti que le client voit ». Dans ce cas, valoriser son équipe, c’est soigner l’image de sa marque. Leur culture d’entreprise s’inscrit « dans une logique de bon sens et d’honnêteté ». Cependant « un tel rythme de croissance coûte cher à financer » précise l’entrepreneur, « d’où le besoin de lever des fonds ». Leur objectif est de « rendre viable le modèle économique ».

La recette du succès.

Fort de leur ancienne collaboration entre Joliebox et Alven Capital, les fondateurs lèvent un million d’euros au bout de quelques semaines. Six mois s’écoulent et ils renouvellent leur engagement. Dans le même moment, le fonds Idinvest Partners et les business angels Céline Lazorthes (fondatrice de Leetchi), Céline Orjubin (cofondatrice de My Little Paris) et Pierre Valade (PDG de Sunrise) apportent leur pierre à l’édifice. Quentin réalise leur chance : « C’est une première en France pour une entreprise aussi jeune ». Mais « ce n’est pas dû au hasard » poursuit-il.

Dans le jargon d’investisseurs, leur « track record » fait office de carte de visite : leur réputation les précède. « Pour lever de l’argent, vous devez donner l’équation la plus rassurante aux investisseurs. Minimiser le risque et maximiser l’espoir et l’opportunité ». Pour l’entrepreneur, il suffit d’avoir « la bonne équipe, le bon marché et le bon produit. » Dans le cas de Frichti : « Le service plaît, la clientèle est déjà fidèle » et l’alimentation est « l’un des premiers postes de consommation au monde ».

Quentin nous rappelle que tout se joue autour de « l’importance du marché, la croissance du produit et la qualité de l’équipe ». C’est un cercle vertueux, il suffit de savoir rentrer dans la ronde. Aujourd’hui « le consommateur dicte la loi du marché, il teste, compare et évalue tout ». La réputation et l’image sont primordiales pour le cofondateur, qui garde une « profonde estime de sa clientèle », qu’il considère comme « toute-puissante à l’heure d’internet. » En ce sens, Frichti incarne l’économie 2.0 iconoclaste.

Un business sur le feu.

Aujourd’hui, la foodtech intéresse des géants comme Amazon ou Uber, gagnant en crédibilité et viabilité. Avec la confiance et le soutien de leurs investisseurs, les deux entrepreneurs envisagent de s’étendre au « Grand Paris », à la province française « et pourquoi pas à d’autres villes internationales ». Quentin insiste sur leur « importante capacité d’exécution ». L’objectif pour 2017 est de doubler leur effectif en embauchant une autre centaine de personnes.

L’entreprise grandit et envisage, aujourd’hui, d’étendre ses horaires et champs de livraison. Mais le cofondateur ne s’arrête pas là : « Il n’y a pas de secret, il faut aimer le consommateur pour perdurer ». La start-up s’investit sur tous les réseaux sociaux afin de faire part de son actualité. Pour se rapprocher de ses clients, les entrepreneurs ont développé la Gazette du Supporter. Ils fidélisent et fédèrent ce qui s’apparente à la « communauté Frichti ».

Avec Julia, ils visent de nouveaux publics grâce à des partenariats originaux. Ils créent l’effet de mode pour rester « tendance ». Ils se sont notamment associés avec My Little Box et mk2 pour toucher une cible mixte et cinéphile. Pour les aficionados d’art et de décoration de table, ils ont sorti une collection « capsule » chez Heju en série limitée. Pour compléter le tout, ils organisent des opérations commerciales avec des enseignes du culinaire. Autant de collaborations rentables et gratifiantes qui accroissent leur popularité. Le duo de « Millenials » entendent créer l’exclusivité, l’ « ici et maintenant ». Le « happening » en d’autres termes. Selon les fondateurs, être dans l’évènementiel représente la condition sinéquanone au bon fonctionnement de leur business et asseoir leur e-notoriété.

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