La restauration rapide, sous pression, l’engagement du tri

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La restauration rapide n’est pas aux normes et doit concentrer son action sur le tri des déchets et des biodéchets. L’enjeu est élevé puisque 70 % des restaurants devront être en règle avant fin 2019, 90 % fin 2020 et 100 % au 31 décembre 2021. Cet enjeu rencontre l’adhésion des chaînes qui ont signé le mardi 11 juin un contrat d’engagement. Zoom sur un engagement inédit.

Le gouvernement, que fait-il ?

Le gouvernement n’a pas lâché prise face aux 15 géants de la restauration rapide, dont McDonald’s, KFC, Burger King, Starbucks ou encore Domino’s Pizza Subway, Class’Croute, Exki, La Mie câline, La Croissanterie, Paul, Jour Healthy Groupe, Five Guys, Cojean et Pomme de Pain. A contrario, les géants ont dû lâcher prise et se sont engagés à respecter la feuille de route en matière de tri des déchets. Jusqu’à présent, elles avaient fait la sourde oreille.

Lors de la rencontre avec la secrétaire d’Etat de la transition écologique et solidaire, Brune Poirson mardi 11 juin, les quinze enseignes de fast-food ont signé le « contrat d’engagement de la restauration rapide pour le tri de leurs déchets » qui comporte un échéancier drastique en trois ans, échéancier présenté fin mai.

Le gouvernement a exigé des enseignes de restauration rapide, qui comptent plus de trente mille points de vente en France et servent quelque six milliards de repas chaque année, de rendre au moins 70 % de leurs restaurants opérationnels pour le tri des déchets d’ici à la fin 2019, puis 90 % au 31 décembre 2020 et 100 % au 31 décembre 2021. Un défi pour chacune d’entre elles !

La brioche dorée, que fait-elle ?

Seule Brioche Dorée ne s’est pas présentée en expliquant sa non présence » dans un communiqué où elle a déclaré qu’elle avait bien prévu d’être signataire. « Nous devions nous rendre ce matin à la Convention mais un retard de train ne nous a malheureusement pas permis d’être présents physiquement à la réunion organisée par Madame la Ministre, retard que nous avons signifié très tôt dans la matinée à son secrétariat », écrit l’enseigne dans le communiqué diffusé sur twitter. La chaîne Brioche a publié un communiqué en fin d’après-midi pour indiquer qu’elle se joignait à la signature.

Pas de temps à perdre pour se mettre aux normes.

Il ne s’agit pas d’attendre la fin de l’échéancier pour les signataires mais de rendre des comptes tous les six mois et « restaurant par restaurant » de « l’état d’avancement du déploiement », stipule le texte. Cependant, certains établissements « pouvant présenter des contraintes opérationnelles » auront « plus de temps ».

Eviter le Bad buzz pour les enseignes, un impératif

A l’heure où la préservation de la planète devient une préoccupation majeure, les enseignes ne voudraient pas détourner les consommateurs qui sont des juges implacables en la matière.  C’est pourquoi les enseignes ont préféré se lancer dans cet investissement coûteux mais si profitable en notoriété

Brune Poirson a souligné que les enseignes risquent « des amendes et des sanctions pénales »« L’environnement, la planète, ça n’attend pas : de toute façon, c’est une demande très forte des consommateurs », a affirmé Mme Poirson. Or, comme elle le confirme « pour beaucoup de ces entreprises, la réputation est parfois plus importante que la sanction ».

A savoir ! L’historique

Les établissements de restauration rapide doivent effectuer un tri des cinq flux (papier, carton, verre, plastique et métaux) depuis juillet 2016, ainsi qu’un tri à la source des biodéchets en cuisine et en salle (pour ceux qui génèrent plus de 10 tonnes de biodéchets par an…). Or, une enquête menée fin 2018 par le ministère a montré qu’aucun des cinquante établissements inspectés ne recyclait ses déchets, sur un secteur qui génère quelque 180 000 tonnes d’emballage et 60 000 tonnes de déchets alimentaires par an.

Le 18 octobre 2018, Zero Waste France a déposé plainte contre deux établissements McDonald’s et KFC pour non-respect de la législation.

Le non-respect du tri des 5 flux est passible d’une sanction administrative d’un montant maximal de 150 000€ (article L541-3 du Code de l’environnement), et constitue une infraction pénale punie d’une peine maximale de deux ans d’emprisonnement et 75 000€ d’amende (4° et 8° de l’article L541-46 du même Code).

Mais il faut aller plus loin !

Pour Thomas Battistini, président de l’enseigne Jour (trente-quatre restaurants), « le problème aujourd’hui n’est pas de trier dans les points de vente, c’est de valoriser les déchets qu’on a triés. (…) C’est un écosystème : on dépend des collectivités, des acteurs privés de la collecte ».

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