Remettre l’engagement et la performance au cœur de la stratégie

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Anne-Sophie Vaseur, cofondatrice de Javelo, développe sa start-up à l’international et à grande vitesse. L’entrepreneure et ses équipes ont su réaliser un pivot qui leur a permis de conquérir un marché plus vaste. L’entreprise aide désormais à rendre pertinents les moments d’évaluation pour les collaborateurs et managers.

Comment en êtes-vous venue à l’entrepreneuriat ?

J’ai créé Javelo en fin 2015 avec mon premier employeur, Gautier Machelon, qui avait vendu sa première start-up à SAP dans laquelle je travaillais, Multiposting. L’idée m’est venue car je travaillais sur de nombreux sujets RH dans l’ancienne entreprise. Nous avons décidé de créer, au départ, un outil qui permet d’aligner les objectifs stratégiques avec ceux de l’entreprise en s’inspirant d’une méthode dite OKRs (Objective & Key Results), même si aujourd’hui notre champ d’action est plus large. Il s’agit d’un outil qui aide à manager par le biais des objectifs. Nous avons réalisé un pivot l’année dernière car nous nous sommes aperçus, au fur et à mesure, qu’il y avait un vaste marché potentiel sur la partie évaluation. Nous avons donc considéré que nous pouvions continuer dans cette voie sans abandonner la partie « objectifs » puisque le moment où ils sont fixés c’est lors des fameuses évaluations.

L’idée vous est venue tout de suite ?

Nous avons itéré pendant une bonne année. J’étais dans une autre start-up (Tinyclues) en tant que chef de projet RH et nous avons réfléchi ensemble à l’entreprise que nous allions pouvoir monter. Nous avons créé le produit sur toute l’année 2016. Alors, nous avions réalisé la bêta test du produit et nous avons vraiment commencé à le commercialiser en juin 2017. A ce moment-là, nous avions beaucoup de concurrents aux États-Unis sur le premier business model et nous avons d’abord créé un outil qui permet de traiter toutes les manières de manager par le biais des objectifs.

Cela a très bien fonctionné mais quand nous nous avons voulu aborder de plus grandes entreprises, nous nous sommes rendu compte que le marché n’était pas très mature. Nous avons alors constaté qu’elles en étaient plus au stade de l’évaluation annuelle. Nous avons donc décidé de concentrer nos efforts pour rentrer chez le client par ce biais.

Cela a changé beaucoup de choses ?

Cela a nettement fait évoluer le chiffre d’affaires dès le lancement, au printemps 2019, notamment car les entreprises de 100 à 4 000 collaborateurs sont beaucoup plus friandes de ce service. L’avantage c’est que la partie évaluation tout le monde la met en place donc il n’y a plus ce frein du manque de maturité. Je pense que la plus grande difficulté s’est révélée au niveau du pivot car nous avons réussi à ne pas avoir de turn-over. Nos équipes sont là depuis le début. Il a fallu les assister pour réaliser cette transition et les convaincre que nous ne vendions plus de management par objectifs mais davantage de l’évaluation. Finalement nous n’approchons plus de la même manière le client. Nous devions changer la mentalité entière de l’équipe sur ce point essentiel.

En quoi consiste concrètement l’activité désormais ?

Notre solution favorise la mise en place d’échanges variés, réguliers et de qualité entre les managers et leurs collaborateurs. Nous accompagnons nos clients de façon personnalisée avec un déploiement progressif. L’évaluation est une sorte de porte d’entrée car nous les aidons à suivre la performance autrement. Il s’agit pour les entreprises de mieux fidéliser leurs talents grâce à des processus managériaux innovants. Aujourd’hui, nous avons 4 modules (Évaluations individuelles, Évaluations 360° & Sondages salariés, Feedback, Objectifs, ndlr) qu’il est possible de configurer et d’activer de façon indépendante ou complémentaire. Il faut prendre en compte la culture et le niveau de maturité de la structure.

Quels sont vos prochains défis ?

C’est d’abord la conquête de l’international. Nous sommes déjà présents dans une dizaine de pays mais nous voudrions nous développer sur 2020 et nous souhaiterions rester leader européen sur la partie du management à la performance. Je pense que nous avons enfin trouvé un produit qui correspond parfaitement au marché. C’est d’ailleurs ce qui me motive car nous avons désormais pratiquement 100 % de nos clients qui sont satisfaits. C’est cette satisfaction client qui nous donne la direction aujourd’hui. Nous avons toujours coconstruit nos produits pour répondre aux besoins du client.

Quels ont été vos facteurs clés de succès ?

Le recrutement ! Nous nous sommes entourés des meilleurs profils dès le début et c’est réellement cela qui nous a aidés à grossir vite et bien. Les investisseurs également car nous avons la BPI et ISAI comme fonds d’investissements. Ils croient en notre produit et nous donnent des bons conseils. Mes deux interlocuteurs sont très présents sur le côté stratégique et ils nous aident à réfléchir et à nous poser les bonnes questions. Ils nous ont aussi soutenus pour la structuration et sur l’international.

Avez-vous des conseils pour les entrepreneurs ?

Il vaut mieux trouver un associé qui soit complémentaire car avoir un associé sur le même domaine d’expertise, ce n’est pas toujours performant. Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer la qualité du recrutement et la communication interne car dans les start-ups, il y a beaucoup d’étapes et les collaborateurs n’ont pas forcément de visibilité sur ce que fait l’équipe dirigeante. Il faut garder de la transparence sur la stratégie, la vitesse où l’entreprise grandit ou encore la direction pour que l’équipe adhère au projet. Au début, c’est un projet que l’on construit ensemble et c’est donc essentiel.

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