Aujourd’hui le terme d’entreprise responsable est devenu à la mode et le nombre de consomm’acteurs a largement augmenté pour atteindre 64% selon Edelman. Pourtant, nous sommes encore loin du schéma où tout serait bien dans le meilleur des mondes. Une faute qui ne peut être imputée seulement à l’entreprise.
Les entreprises premières responsables.
On ne se le cachera pas, il s’agit avant tout aux entreprises de changer leur comportement et d’arrêter de tout définir en recherchant un ROI maximal. Aujourd’hui, le prix détient une importance toujours trop grande et le sens de la responsabilité n’est pas la priorité de nombre de fournisseurs ou producteurs qui s’octroient une marge qui dépasse la morale ou qui pratiquent une guerre des prix avec la concurrence qui ira jusqu’à entraîner les conséquences, que nous connaissons bien aujourd’hui, comme la délocalisation dans des pays qui n’hésitent pas à exploiter des enfants.
Plus globalement c’est l’ensemble de la manière de concevoir les entreprises qui va évoluer dans les années à venir. Elles demeurent encore trop tournées vers l’efficacité financière plutôt que vers ce qu’elle devrait respecter : une contribution sociétale positive tout en respectant toutes les parties prenantes. Les parties prenantes sont certes les fournisseurs, les consommateurs mais également les collaborateurs ainsi que plus globalement la Terre.
L’entreprise ne doit plus chercher forcément à séduire le consommateur mais faire preuve aujourd’hui d’un maximum transparence afin que le consommateur puisse prendre des choix avisés avec tous les critères clairement édictés. L’entreprise se doit de communiquer davantage sur les autres critères que le prix. Elle doit remettre en cause ses modalités de production et bien veiller au partage de la valeur avec l’ensemble des parties prenantes. Elle peut également veiller à la récupération de ses produits et les recycler par exemple.
Le consommateur comme second responsable
Si l’entreprise est responsable, le second est le consommateur notamment celui qui est aujourd’hui dénommé le « consumateur ». Celui-ci ne cherche pas à savoir l’origine de son produit et se base généralement sur le prix le plus bas pour établir ses choix. Il n’a que peu de considération pour les ressources naturelles qu’il détruit ou le tissu social. Il agit égoïstement et achète des objets qui peuvent se révéler qu’éphémères ou inutiles même lorsqu’il a la possibilité de faire parfois autrement.
Le « consom’acteur » qui s’est développé ces dernières années fait dans la mesure du possible ses choix de produits et services responsables. Il s’informe sur l’offre, son contenu, les conditions de production, les moyens d’acheminement. Un nouvel acteur consommateur commence à émerger ces dernières années. C’est le « coproducteur », il s’agit d’une personne qui investit de son temps personnel pour aider à la conception d’un produit plus durable. Il change ses comportements d’usage.
Dans un monde où la surconsommation est présente, c’est également au consommateur de montrer la voie aux entreprises en privilégiant au maximum les produits durables et en s’informant. Il est à constater que l’effort n’est pas toujours fait même quand les moyens le permettent. Ils devraient également modifier leur comportement d’achat pour investir davantage dans la durée.
L’état pourrait y mettre son grain de sable
On peut se demander comment l’Etat pourrait agir de manière plus efficace. Déjà par des mesures simples comme le fait de créer une fiscalité durable avec par exemple une TVA incitative. Bon nombre de consommateurs font le choix de produits non durables pour des raisons de prix qui pourraient s’envoler par ce biais. A l’inverse une fiscalité dissuasive devrait s’appliquer pour les produits qui ne sont pas responsables.
Les distributeurs : sortir de la guerre des prix
Ils sont souvent pointés du doigt. En effet, ils sont depuis des années dans une véritable guerre des prix qui a largement eu pour conséquence d’appauvrir les producteurs. Si certains ont pris de bonnes résolutions et mettent en exergue la protection de la planète, ils devraient accentuer l’effort sur l’éducation et la sensibilisation des consommateurs qui passent dans leurs enseignes. Il s’agit de mettre en avant l’ensemble des critères de choix et non plus de trouver le meilleur prix. Les comparateurs de prix, souvent issus de la grande distribution, sont un parfait exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Ils devraient davantage mettre en avant les critères sociaux et environnementaux et ne recherchent qu’à développer leur chiffre d’affaires.
La guerre des prix doit cesser. Il se pourrait même que dans les prochaines années le changement de comportement des consommateurs s’accélère. Celui-ci deviendra certainement plus attentif à ce qu’il consomme, son origine et les moyens de production. Et il n’y a qu’une seule terre. Il est donc clair qu’un modèle de croissance infinie dans un monde fini n’est pas tout à fait envisageable.