Interview exclusive du fondateur de Poweo et Gravitation, holding à l’origine des sociétés Happy Time (loisirs), Audacia (financement des PME) et Agrogeneration (agriculture).
2012 : le bon moment pour créer son entreprise ?
Oui car je pense qu’il est intelligent de créer sa boite lorsque le marché n’est pas en pleine croissance. Créer une entreprise prend du temps. Il faut travailler l’offre, constituer l’équipe, mettre en place toutes les procédures, rencontrer les futurs partenaires… Ce n’est donc pas plus mal de se lancer en bas de cycle afin de pouvoir être prêt pour arriver sur le marché en période de croissance. Après bien entendu tout dépend du secteur.
Au niveau des financements, constate-t-on des évolutions ?
Oui, il y a eu beaucoup de progrès depuis 15 ans : apparition des fonds d’investissement de proximité, des FCPI et de l’amorçage en général qui n’existait quasiment pas en France. Dans toutes les régions il existe maintenant des réseaux de business angels, grâce au mécanisme ISF PME qui draine les capitaux privés vers les petites entreprises. Le financement de l’entrepreneuriat a beaucoup progressé, même s’il reste plus difficile de créer une entreprise en France qu’ailleurs… Mais je pense tout de même que si on a un bon projet, ce ne sera pas un problème de trouver des capitaux pour investir à l’amorçage.
La législation évolue aujourd’hui dans le sens de l’entrepreneuriat ?
Oui car les gens ont compris que la croissance ne se décrète pas, et que ce sont les entreprises qui la font. Or nous avons besoin de cette croissance pour revenir à un équilibre budgétaire et financer notre modèle social. En France, le Code du Travail est très rigide et les prélèvements obligatoires qui pèsent sur les entreprises sont trop élevés. Cela ne permet pas aux entreprises de dégager des marges suffisantes pour pouvoir autofinancer leur développement. Elles doivent toujours avoir recours au concours bancaire ou aux fonds propres pour financer leurs investissements, ce qui est une situation très dommageable pour l’économie française. Mais cela évolue. Par exemple, il faut se rejouir de mesures telles que la TVA anti-délocalisation qui vise à stimuler l’investissement des entreprises en faisant baisser les charges patronales.
La vision de l’entrepreneuriat en France est-elle en train d’évoluer ?
Oui ! Il y a quelques années, les sondages indiquaient que les jeunes français souhaitaient majoritairement être fonctionnaires. Aujourd’hui c’est le métier de créateur d’entreprise qui les fait rêver ! Les jeunes ont vu leurs parents se faire licencier de grands groupes et galérer. Ils ont compris que nous ne sommes plus à l’époque où l’on restait 40 ans dans la même entreprise. Ils ont envie de se prendre en main pour créer leur propre entreprise. L’entrepreneuriat n’est plus réservé à une élite, loin de là.
Y a-t-il encore de la place pour de nouveaux acteurs ?
Oui, toujours et même plus que jamais ! La France est un pays dont trop de marchés sont contrôlés par des monopoles ou bloqués par de réglementations très strictes. Grâce à l’ouverture à l’Union Européenne, certaines de ces réglementations disparaissent, ce qui ouvre de nouveaux territoires pour proposer de nouvelles offres. Sur les secteurs déjà libres, il y a tout ce qui peut être développé dans les nouvelles technologies. Il existe de nombreuses opportunités mais il est aussi toujours possible de faire mieux que ce qui existe déjà : de meilleure qualité, moins cher, plus ciblé, en enrichissant l’offre, en la présentant différemment… Et grâce à Internet, les entrepreneurs peuvent voir ce qui a du succès ailleurs et qui n’est pas encore arrivé en France. S’inspirer d’une idée qui fait un tabac à l’étranger diminue les risques et a pour vertu de rassurer les investisseurs.
Quels sont les secteurs qui fonctionnent aujourd’hui ?
Il faut regarder les grandes tendances qui vont structurer notre futur : l’allongement de la durée de la vie et donc le vieillissement de la population, le développement des technologies de l’information et de la communication sur smartphones, le besoin de réduire les émissions de gaz à effet de serre… à partir de là, on peut penser aux secteurs les loisirs, et notamment des loisirs pour les séniors, de la santé, des services, tout ce qui est énergie nouvelle ou bien sûr le commerce sur terminaux mobiles et toutes les possibilités que cela ouvre, tel que le paiement par mobile. Il y a 4 milliards de mobinautes sur Terre, c’est inouï les possibilités que cela offre !
Le développement durable est-il le secteur de l’avenir ?
Oui, même si ces derniers temps, avec la crise, on en a moins entendu parler. Mais tout ce qui est efficacité énergétique, énergie nouvelle ou agriculture raisonnée est promis à un très bel avenir et il faut continuer à innover dans ce domaine pour proposer de nouvelles offres de biens et de services.
5 conseils aux entrepreneurs qui se lancent en 2012
- Comprenez le monde. Lisez les journaux afin d’être au courant des opportunités de business qui se créent.
- Choisissez un secteur d’activité qui vous intéresse. Analysez vraiment bien ce domaine, les idées viendront toutes seules.
- Entourez-vous bien. Dans l’aventure entrepreneuriale il faut partir à plusieurs.
- Soyez confiant énergique, enthousiaste et gardez toujours un bon sens de l’humour car dans les moments difficiles, c’est l’autodérision et l’humour qui vous permettront de vous détendre.
- Sachez que pour aller d’un point A à un point B il y a plusieurs chemins et que ce n’est pas grave si vous ne suivez pas une ligne droite. Ce qui compte c’est de savoir rebondir au moment des difficultés et de ne pas avoir peur lors des échecs. Même si vous connaissez un dépôt de bilan, voire une liquidation, ce n’est pas grave, du moment que vous avez respecté les réglementations.