Interview de Jean-Emile Rosenblum, Co-fondateur de Pixmania

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Entretien exclusif avec le co-fondateur de Pixmania, spécialiste des appareils connectés mobiles neufs et reconditionnés en ligne.

D’où est venue cette envie de créer votre entreprise ?

J’ai toujours eu envie de créer ma boîte. J’ai eu la chance d’avoir un père qui lui-même était son propre patron et qui m’a sans cesse encouragé à suivre sa voie. Comme moi, il a toujours travaillé avec son frère. C’est à l’occasion du stage que j’ai réalisé en fin d’études que mon envie de devenir entrepreneur était devenue claire pour moi.

Comment est né Pixmania ?

Mon frère ainé avait déjà créé depuis quelques années Photowatch, une société spécialisée dans la commercialisation de montres personnalisées. Il voyageait alors pour trouver une nouvelle idée de business. Des états-Unis, il a rapporté le concept du tirage photos par Internet à l’usage des appareils photos numériques. Il m’a alors parlé de cette idée et, comme je finissais mes études, j’ai saisis cette opportunité pour démarrer avec lui Pixmania en mars 2000. à l’époque, nous étions un peu trop en avance sur notre temps car les gens n’étaient pas encore suffisamment équipés en informatique et que le haut débit n’était pas bien diffusé. Nous nous sommes donc adaptés au marché et avons décidé de nous lancer dans la vente d’appareils photos numériques. Pixmania était né !

Comment vous êtes vous organisés la répartition du travail avec votre frère ?

Nous avions des profils complémentaires. J’ai plutôt un profil de frontoffice (la vente, les achats et le marketing), alors que mon frère a plus d’affinités avec le backoffice (les finances, l’informatique, la logistique). Au début je m’occupais de la traduction du site mais, rapidement, dès que nous avons commencé à vendre, je suis devenu directeur commercial.

Comment arrivez-vous à prendre les décisions importantes ?

Le plus souvent, nous avons le même point de vue concernant les décisions stratégiques. Quand nous ne sommes pas d’accord, nous laissons celui qui est dans son domaine de compétences prendre la décision. Il arrive parfois que le désaccord persiste. Dans ce cas là, nous abandonnons l’idée tout simplement.

Avez-vous rencontré des difficultés lors de la création de Pixmania ?

Nous en avons rencontré beaucoup ! Mais celle qui a été la plus marquante reste la LBO que nous avons réalisée sur la société familiale spécialisée dans le service photos. Mon père et mon oncle s’apprêtaient à vendre la société à quelqu’un lorsque mon frère leur a demandé d’attendre afin qu’il puisse lui aussi faire une offre. Arrivée le jour du closing, les fonds qui nous appuyaient ont pris peur et ont abandonné. Ce premier échec était dû probablement à notre jeune âge (j’avais 21 ans et mon frère 25 ans). Un an plus tard, nous avons tout de même réussi à réaliser cette LBO avec un fonds d’investissement, malgré l’éclatement de la bulle Internet et les évènements du 11 septembre 2001. Je vous laisse imaginer la complexité de la situation et la pression que nous avions pour réaliser de bons résultats ! Malgré ces contraintes, nous avons réussi à être rentables dès la création.

Quelle a été votre stratégie pour optimiser la rentabilité de l’entreprise ?

Nous avons pris le pari d’attaquer l’Europe tout de suite et, ainsi, de ne pas être dépendant d’un seul marché. Nous nous sommes d’abord lancés en France puis, très vite, nous étions présents dans 26 pays d’Europe. Ceci nous a permis de multiplier nos chances de croissance et de résultats. Nous avons opté pour la même stratégie concernant nos produits. Nous avons commencé à vendre des appareils photos et des caméscopes, puis nous nous sommes entendus sur l’image, le son, l’informatique et l’électroménager. Notre maîtrise des métiers de l’e-commerce nous a donné l’idée de développer une société de services nommée E-merchant. Aujourd’hui, des clients comme Bouygues Telecom utilisent notre plateforme. Ce marché étant moins concurrentiel que celui du site Pixmania, nous avons pu nous imposer assez facilement.

Avez-vous eu des conflits avec votre frère ?

Tout s’est toujours bien passé entre nous. Au début nous n’étions pas engagés à 50/50 dans l’entreprise mais, comme nous fournissions la même dose d’efforts pour le développement de Pixmania, mon frère a décidé de lui-même de rééquilibrer les parts. Je pense que cela est important lorsqu’on est associé et qui plus est de la même famille. C’est une des clés de la réussite. Nous avons chacun eu nos hauts et nos bas dans notre implication. Mon frère a eu des enfants plus tôt que moi, il a naturellement eu envie de passer plus de temps avec eux. Maintenant, je suis devenu papa et moi aussi j’ai envie de rester davantage auprès de ma famille.

Comment avez-vous géré les dividendes de l’entreprise ?

Depuis que l’on a créé notre entreprise, nous ne nous sommes jamais versés de dividendes. Tout a été investi dans notre société. Nous préférons miser sur la croissance et sur une logique de valorisation d’entreprise.

Pensez-vous que lorsqu’on crée une entreprise, il faut savoir tout sacrifier ?

Il faut être prêt à le faire mais ne pas tout sacrifier. Quand je voyais mes amis partir le week-end, je me disais qu’il fallait que je fasse des choix et que je pourrai en bénéficier dix fois plus par la suite. Aujourd’hui, l’entreprise se porte bien et je prends le temps de profiter de mon fils et de ma femme. Mais il est vrai que les débuts étaient durs ! Pendant les cinq premières années, nous travaillions 6 jours sur 7, 14h par jour avec quelques nuits blanches.

Les 5 conseils de Jean-Emile Rosenblum aux entrepreneurs

  • Démarrer tôt. Lorsqu’on est jeune, on est beaucoup plus libre et on a moins de responsabilité. Une fois que l’on a goûté au confort du salarié, que l’on commence à monter les échelons et que l’on a créé une famille, c’est trop tard. Prendre des risques mesurés à ce moment là devient très difficile.
  • Ne pas être influencé par les personnes qui disent : faites vos expériences d’abord .
  • Avoir de l’ambition. Il faut décider de devenir le premier, pas le deuxième.
  • Être prêt à travailler.
  • Écouter les conseils et savoir bien s’entourer.

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