Interview de Gilles Rebibo, Fondateur de bijoux et d’or

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Comment êtes-vous arrivé dans le secteur de l’or et des bijoux ?

Je suis devenu commercial dans la bijouterie un peu par hasard. J’ai ensuite suivi une formation de gemmologie pour me perfectionner avant de monter trois bijouteries. On me dit souvent que j’ai de la chance d’être à la tête d’une affaire qui se transmet de père en fils. à cela je réponds « oui, mais là le père c’est moi ! ». Car en effet je n’ai pas du tout grandi dans ce milieu.

Comment êtes-vous arrivé à la création de votre premier point de vente d’achat/vente d’or et de bijoux ?

Il y a 13 ans j’ai tout perdu. J’ai déposé le bilan des 3 bijouteries alors que je divorçais. à 40 ans, il ne me restait plus rien, sauf peut-être des dettes ! Je voulais passer à autre chose mais l’envie de revenir au métier du bijou était trop forte, je n’y pouvais rien. J’ai alors trouvé une vieille petite boutique à louer dans un quartier pauvre de Paris. Les gens me disaient qu’avec cet emplacement j’étais sûr de ne pas m’en sortir ! Mais il s’est trouvé que ma petite affaire d’achat/vente de bijoux et d’or a décollé très vite. Ce succès m’a remis le pied à l’étrier et j’ai repris confiance en moi. à ce moment là, j’ai décidé de trouver une meilleure adresse pour installer la point de vente.

Avez-vous connu des difficultés dans le lancement de votre activité ?

J’ai beaucoup ramé ! Au démarrage, il n’y avait pas de clients et j’ai dû me battre pour me faire connaître et gagner la confiance dans le quartier. Les jours où la boutique était fermée, j’organisais des ventes aux enchères pour gagner un peu d’argent. Pendant des années, j’ai considérablement réduit mon train de vie. Tout l’argent que mon entreprise gagnait, je l’investissais dans son développement. Lorsqu’on crée une boîte, il faut accepter au début de travailler plus et d’être moins bien servi que son personnel.

Pourquoi avoir fait le choix de la franchise après avoir ouvert plusieurs magasins en propre ?

Ma stratégie de départ a été de créer des points de vente en propre, mais avec des noms différents et une communication particulière à chacun. J’ai en quelque sorte choisi de mettre mes 4 premiers points de vente en concurrence afin que le client finisse de toute façon chez moi ! J’ai maintenant décidé de continuer à développer l’entreprise sous forme de franchise car cela ne se fait absolument pas dans mon métier et j’ai le goût du challenge ! Pour ces franchises, je souhaite pouvoir communiquer de manière globale et j’ai donc fait le choix de créer une marque unique.

Sur quoi vous basez-vous pour recruter votre personnel et notamment vos franchisés ?

Ce qui me sauve dans ce métier d’argent c’est que, profondément, je suis un humaniste. Et cela se traduit dans mes recrutements. Ce n’est pas le cursus de la personne mais plutôt ses qualités humaines qui m’intéressent. Au final aucun de mes salariés n’est issu du secteur de la bijouterie : une ex-coiffeuse, une ex-secrétaire, un jeune qui travaillait chez Mac Do et même mon ancienne femme de ménage, voilà le profil de quelques un de mes responsables de points de vente ! Après une formation, ils sont tout à fait opérationnels et gèrent très bien leurs affaires.

Quel est votre moteur ?

Je ne fais pas cela pour l’argent car ce n’est pas cela qui me fait vibrer. Effectivement si mes points de vente génèrent de l’argent c’est le signe que cela réussit. Mais pour ma part, si j’ai ma moto, mon jean et mon sandwich à midi, tout va bien ! Ce qui me fait plaisir c’est le challenge que représente le fait de développer mon entreprise.

Quel est le secret de votre réussite ?

La plupart de ceux qui se lancent dans la négoce d’or gèrent leur affaire comme des artisans. Moi je gère mon affaire en chef d’entreprise, avec une stratégie de développement, des actions de communication, du personnel… Mes concurrents ne font pas le choix de réinvestir les marges qu’ils se font, alors que moi j’utilise mes bénéfices pour renforcer la sécurité dans les magasins par exemple. Après il est vrai que je suis sur un marché qui s’est ouvert très rapidement avec la crise. Les gens ont perdu de l’argent en bourse et l’immobilier est très cher. Ils choisissent alors d’investir dans l’or, seule valeur sûre.

Comment réussissez-vous à prendre du recul par rapport à votre intense vie professionnelle ?

J’ai ma méthode ! Dans ma vie, j’ai un fonctionnement à « tiroir » : ma vie professionnelle, ma vie personnelle, ma vie associative… Cela me permet, s’il y a des problèmes quelque part, de ne pas tomber, car les tiroirs ne se mélangent pas. Et puis je fais 3 heures de sport par semaine, ce qui m’aide beaucoup à décompresser. Je m’impose une très grande rigueur par rapport à cela : même si un gros client souhaite me voir, je ne raterai pas mon rendez-vous à la salle de sport ! Je fais également partie d’une association philosophique où nous débattons des faits de société. Nous nous battons pour défendre les valeurs républicaines dans des pays où la situation est difficile. Prendre de mon temps pour m’engager de cette façon et me plonger dans la philosophie est essentiel pour moi. Enfin j’ai également une vie personnelle riche auprès de mon amie.

Vous faites des millions de CA, quelle est aujourd’hui votre plus grande fierté ?

Ma grande fierté n’est pas mon chiffre d’affaires, c’est de me dire que, 13 ans après avoir déposé 3 bilans et tout perdu, j’ai réussi à remonter la pente et j’emploie 14 personnes qui gagnent très bien leur vie. Lorsqu’on dépose un bilan on se sent nul et on subit le jugement des gens. Aujourd’hui je peux prouver que l’être humain possède au fond de sa vie une grande force et qu’avec de la détermination il peut accomplir des miracles !

Les 5 conseils

  1. Être besogneux : Les entrepreneurs ont souvent l’impression d’avoir trouvé l’idée géniale alors qu’à la limite ce n’est pas cela qui est important. Ce qui compte c’est de travailler.
  2. Être pragmatique : Il ne faut pas rêver dans le business. J’ai toujours été plus pessimiste qu’optimiste avec mon entreprise. Il faut toujours avoir les pieds sur terre. Quand je monte un nouveau point de vente, je ne m’intéresse pas aux prévisionnels, j’essaie simplement de définir mon point mort et la marge nécessaire pour m’en sortir.
  3. Être bien entouré : Mais être entouré par de vrais professionnels et pas par des théoriciens, par des gens qui savent ce que c’est d’aller taper à la porte d’une banque.
  4. Avoir un équilibre personnel : car c’est ce qui va vous donner la force d’affronter tous les challenges.
  5. Ne pas écouter ce que les autres vous disent et avoir le secret du projet : Il faut tenter de se protéger des diverses influences. Lorsque j’ai ouvert mon point de vente du Marais, tout le monde me disait que j’étais fou de m’installer dans ce quartier. Aujourd’hui c’est mon magasin qui fait le meilleur CA. Heureusement que je n’avais parlé à personne de mon projet à l’époque !

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