Entretien exclusif avec Julien Nicault, cofondateur de la start-up qui défie le géant AlloCiné, Cinémur.
Quel a été votre parcours jusqu’à la création de Cinémur ?
Au départ, je me destinais à une carrière de développeur web. à 19 ans, j’ai commencé à créer des sites internet en freelance, et, un an plus tard environ, j’ai développé une plateforme d’écoute de musique en ligne. Lors d’un stage chez Universal Music, j’ai présenté celle-ci à mes directeurs, qui ont tout de suite flashé sur l’idée. Le groupe m’a immédiatement fait une offre de rachat de mon projet pour créer des plateformes en B to B. J’ai donc revendu mon premier projet à Universal à tout juste 20 ans. Cette somme m’a permis de m’installer à Paris et de poursuivre mes études.
Après vos études, comment avez-vous embrayé sur la création de Cinémur ?
Suite à l’obtention de mon diplôme, j’ai été embauché au sein de la start-up MFG Labs. Avec deux collègues, j’ai commencé à développer le projet Cinémur en parallèle de mon travail. Très vite, le projet a été incubé par l’entreprise MFG Labs, qui a senti le potentiel du concept. En juin 2013, nous avons quitté la maison-mère et l’aventure a pu réellement commencer.
Que vous a apporté le fait d’être incubé ainsi dans votre entreprise pendant un an ?
Cinémur a vécu un an au sein de MFG Labs, ce qui nous a permis d’être à plein temps sur le projet sans prendre de risques financiers. Nous avons pu bénéficier des financements de notre entreprise pour développer toutes les bases du projet, tout en profitant d’un transfert de technologies. Cela a représenté pour nous un véritable accélérateur. Le seul inconvénient est que, lorsque nous nous sommes lancés par la suite, nous ne répondions plus aux critères nous permettant de bénéficier du statut de Jeune Entreprise Innovante (JEI).
Pouvez-vous expliquer le concept de Cinémur ?
Nous essayons de proposer une alternative à AlloCiné, qui se veut beaucoup plus simple, plus élégante et plus sociale. Autre différence : nous traitons certes du cinéma, mais également de tous les contenus diffusés à la télévision comme les séries. Afin de mener à bien ces solutions, nous avons dû effectuer un intense travail de recherche et développement. Nous arrivons aujourd’hui à cibler le profil de l’utilisateur en fonction de ses goûts et de ceux de ses amis afin de lui proposer des contenus adaptés à sa personnalité et à ses habitudes. Le coup de chance que nous avons eu est que, très rapidement, la solution a été repérée par Facebook. Nous avons pu apporter une forte dimension sociale à la plateforme, qui est directement reliée aux réseaux sociaux de l’utilisateur.
Vous vous attaquez de front au plus que géant AlloCiné, comment gérez-vous cette concurrence ?
Nous ne nous considérons pas vraiment comme de vrais concurrents d’AlloCiné, nous sommes plutôt leurs challengers ! D’ailleurs, le fondateur d’AlloCiné nous connaît très bien et nous avons de bons rapports ! La plateforme AlloCiné est très bien réalisée et bénéficie d’une grande popularité due à son antériorité. Nous n’essayons pas de détrôner AlloCiné, mais plutôt d’offrir aux internautes une solution complémentaire, plus globale et dotée de fonctionnalités innovantes.
Vous avez réussi à réaliser une levée de fonds de 2 millions d’euros. Est-ce que cela a été facile ?
En France, lorsque vous débarquez avec un petit projet comme le nôtre, qui ne génère pas immédiatement de chiffre d’affaires, la levée de fonds s’avère une étape difficile. Nous avons eu la chance d’être contacté par un des actionnaires de MFG Labs qui s’est proposé d’investir dans le projet. Grâce à lui, nous avons pu simplifier le capital (qui était alors détenu en partie par des multiples acteurs) et recruter au point de doubler l’effectif de notre équipe.
Cinémur s’inscrit dans la mouvance des start-ups françaises très dynamiques. En tant que dirigeant, votre management est-il typique de l’esprit start-up ?
Tout à fait, puisque ma doctrine est de ne jamais imposer une hiérarchie écrasante. L’engagement de mes salariés s’en ressent : ils font preuve d’un investissement sans pareil ! J’essaie, en tant que dirigeant, de transmettre à mes équipes la même affection que j’ai pour l’entreprise. Côté recrutements, nous devons embaucher des salariés dotés de grandes compétences, comme des ingénieurs ou des développeurs. Pour réussir à attirer de bons profils et les garder, nous avons fait le choix de les rémunérer en conséquence. Lors des entretiens de recrutement, je suis très peu regardant sur le CV et préfère me fier à l’expérience du candidat. C’est une méthode moins institutionnelle, plus inspirée de l’état d’esprit américain.
On entend beaucoup parler de Cinémur dans les médias alors que l’entreprise est encore jeune. Quels moyens avez-vous déployés pour communiquer aussi rapidement ?
Nous avons démarré notre communication comme beaucoup de petites boîtes, en rédigeant nous-mêmes nos communiqués de presse et en les transmettant à un maximum de personnes. Ce n’est que depuis peu qu’une agence de relations presse gère notre communication. Au-delà de ça, nous avons usé de l’aspect viral qu’offre Facebook afin de créer de l’audience. Puisqu’AlloCiné, en raison de son ancienneté, est très bien référencé sur Google, il est quasi impossible de les challenger sur ce moteur de recherche. Grâce à notre partenariat avec Facebook, nous avons pu bénéficier de la puissante force de frappe du réseau. Aujourd’hui, les efforts paient puisque notre communauté va passer les 300 000 membres inscrits.
Quelle est votre ambition à long terme pour Cinémur ?
Nous avons pour objectif de nous étendre à l’international à court terme. à long terme, notre désir est de créer un nouveau réflexe cinéma. Consulter Cinémur, c’est avoir à sa disposition des recommandations et l’avis de ses amis sur tous types de contenus audiovisuel. C’est cette ambition qui nous guide depuis le départ et qui nourrit les développements que nous proposons aujourd’hui.