Relations économiques et commerciales franco-syriennes

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Les relations économiques et commerciales entre la France et la Syrie restent dépendantes de l’évolution du contexte politique régional (situation au Liban) et de l’approche des États-Unis (embargo). Pour autant, les échanges commerciaux bilatéraux demeurent équilibrés et la balance commerciale est excédentaire (92 MEUR en 2006, 51° excédent de la France).

Avec une part de marché de 5,3%, la France est le 6° fournisseur (derrière Chine, Italie, Ukraine, Allemagne, Turquie) et le 3° client de la Syrie.

Les exportations françaises vers la Syrie ont enregistré une forte progression en 2005 (+43,7%) et 2006 (+17%) pour atteindre un montant de 508 MEUR, ce qui place ce pays au niveau des Philippines ou du Pakistan. Les exportations françaises se concentrent à 53% sur les produits pétroliers raffinés, le sucre, le tabac manufacturé. La possibilité récente d’importer des médicaments non produits localement a permis d’augmenter de 52% les ventes françaises dans ce domaine (20 MEUR, soit 4ème rang devant l’automobile (-28%). Les ventes françaises de parfums et produits d’hygiène (5MEUR, +12%), d’habillement (3,3 MEUR, +488%) profitent également de l’ouverture, depuis 2006, de ces secteurs aux importations.

Les importations françaises en provenance de Syrie ont atteint un montant de 416 MEUR en 2006 (-7%). La baisse des exportations syriennes de pétrole (-40%) reflète la chute de la production nationale de l’energie due à la réduction des réserves. Les principaux postes à l’importation demeurent l’habillement (15 MEUR), les produits textiles (3 MEUR) et les produits de parfumerie (1,3 MEUR).

Les secteurs prédominants

La prédominance des hydrocarbures dans les échanges bilatéraux se confirme : 41% des exportations de produits raffinés français vers la Syrie (10e client en 2006, 14e en 2005) et 93% des importations en provenance de Syrie (24e fournisseur en 2006, 20e en 2005).

En termes d’Investissements Directs Etrangers-IDE, les avoirs français occupent un rang très modeste en Syrie. L’évolution 2004-2006 démontre une réduction très nette des flux sortant de France : 11 MEUR en 2005 pour 2 MEUR en 2006, soit un recul des positions françaises de la 99e place à la 135ème place. Les flux d’entrant en France accusent une baisse plus réduite : 14 MEUR en 2005 pour 11 MEUR en 2006, soit un recul de la 60ème position à la 69e pour la Syrie.

Pour ce qui concerne les stocks d’IDE détenus par la France en Syrie, le montant de 10 MEUR des avoirs français place le pays au 126e rang en 2005. En détenant 79 MEUR, la Syrie se situe au 70e rang (engagements) en 2005.

Une présence des entreprises françaises limitée mais dynamique.

Dans le secteur énergétique, Total demeure un acteur majeur (activités d’exploration / production ; pétrole mais aussi gaz à l’étude). D’autres entreprises françaises ont conclu des accords avec les entreprises publiques syriennes : Areva finalise avec PEGT le centre national de contrôle et de distribution à Damas ; Alcatel déploie et remet à niveau les systèmes d’information en téléphonie fixe avec STE.

Dans les biens de consommation

Pour les biens de consommation, les Fromageries Bel enregistrent un succès exemplaire dans le secteur agro-alimentaire, grâce à l’unité de production de fromages fondus construite à Damas en 2004 et opérationnelle en 2005 (La Vache Qui Rit, Régal Picon, Kiri) : 310 emplois créés, extension confirmée pour 2008 avec deux lignes de production. En décembre 2005, Altadis a inauguré sa ligne de production de cigarettes « gauloises blondes ». La première franchise dans le secteur habillement a été mise en place en mai 2006 avec la marque Kookai, profitant de l’ouverture du secteur aux importations.

Dans le secteur bancaire

Dans le secteur bancaire, Calyon est indirectement présent en Syrie via la banque privée syrienne BEMO Saudi Fransi : 51% à capitaux syriens ; BEMO (22%), Banque Saudi Fransi (27%), dans laquelle Calyon est actionnaire à 31%. La Société Générale de Banque au Liban (SGBL), filiale de la Société Générale, est implantée à Damas.

Par ailleurs, Accor a signé un contrat pour la gestion du Sofitel de Lattaquié (en cours de finalisation). Lafarge entend investir dans la première cimenterie privée en Syrie (4 M/T par an). Systra vient de remporter un appel d’offres pour la dernière phase de l’étude de la première ligne du futur métro de Damas. La modernisation de l’aéroport international de Damas devrait donner aux Français qualifiés la possibilité de concrétiser ce projet majeur à court/moyen terme.

Certains obstacles aux échanges à observer

Les contrats peuvent parfois déboucher sur des litiges concernant notamment la levée des cautions de bonne fin. Les pratiques locales (bureaucratie, opérateurs privés) laissent parfois à désirer en termes de réactivité. L’embargo américain actuellement en vigueur (financier sur la Banque Commerciale de Syrie, commercial interdisant plus de 10% d’équipements d’origine américaine) dissuade les exportateurs (Airbus notamment) voire les investisseurs potentiels (grands groupes français vis-à-vis de leur actionnariat américain).

Quelques commentaires

La Syrie présente des perspectives intéressantes ; l’engagement du secteur privé est confirmé et devrait s’accentuer dans ce pays qui demeure le marché majeur du Proche Orient (20 Mhabts). L’amélioration générale de l’environnement des affaires (mise à jour de l’appareil juridique, optimisation amorcée des recettes fiscales) restaure progressivement la confiance des investisseurs : 9,2 MdUSD de projets d’investissement inscrits en 2006, soit presque 3 fois plus qu’en 2004.

En Syrie, les principaux indicateurs macroéconomiques virent au vert alors que les autorités poursuivent leur programme d’ouverture (réformes structurelles, accords de libre échange GAFTA et Turquie, dynamisation du secteur privé) : croissance globale de 4,5% en 2006, taux de chômage de 8%, taux d’inflation de 12/14%.

Article par Philippe Galli

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