Handicap & entrepreneuriat

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Interview de Jérôme Adam, entrepreneur et auteur du livre « Entreprendre avec sa différence ». Il a déjà créée deux entreprises et est vice-président du think tank Renaissance Numérique

La cécité a-t-elle été un frein ou un moteur dans votre parcours ?

Cela fait plus de 17 ans que j’ai perdu la vue, et aujourd’hui j’en suis arrivé à penser que les véritables handicaps ne sont pas forcément ceux qui sont visibles, mais plutôt toutes ces failles que l’on peut avoir en soi. D’ailleurs, selon moi, le handicap pousse à développer une des qualités principales d’un bon manager, celle de ne pas hésiter à déléguer et savoir s’entourer.

Comment peut-on transformer un handicap en force ?

Il ne sert à rien de nier son handicap, il faut commencer par l’accepter, ce qui prend du temps. Mais, plus on traverse d’épreuves, plus on apprend et plus on se renforce. J’ai ainsi appris à ne pas fuir devant les épreuves et à y faire face. Lorsque je rencontre des difficultés, j’essaie de toujours continuer à avoir des projets pour l’avenir. Enfin, après avoir réussi à dépasser cette épreuve, je me demande comment en tirer profit. La cécité représente une contrainte qui me pousse à aller à l’essentiel et, du coup, à bien souvent être plus efficace que les autres.

Avez-vous dû vous battre plus que les autres pour créer votre entreprise ?

Il est vrai que tout ce qui est différent fait peur. J’ai donc peut-être dû me montrer plus convaincant auprès des organismes de financement qui ont peur de prendre des risques. Il est vrai que, lorsqu’on a un handicap, on reçoit des remarques maladroites et parfois même désobligeantes. Le travail à faire sur soi est énorme pour ne pas mettre tout le monde dans le même sac et se renfermer sur soi. Maintenant, je pense que si le produit ou service est bon et qu’il répond aux attentes du client, ce n’est pas plus difficile de convaincre les premiers partenaires lorsqu’on a un handicap que lorsque l’on n’en a pas…

Comment trouvez-vous en vous les ressources pour continuer à être optimiste et à avoir confiance ?

Je ne suis pas un surhomme ! Ce qui me fait tenir après les épreuves de la vie que j’ai eu à surmonter les difficultés (outre ma cécité, je pense ici au décès de ma mère puis de mon frère), c’est le fait d’avoir des buts et de continuer à me projeter dans l’avenir.

Avec votre cécité, vous ne jouez jamais la carte de la plainte et ne recherchez pas la compassion. Pourquoi avoir adopté un positionnement si différent par rapport au handicap ?

Je pense que lorsqu’on arrive à un stade d’acceptation de soi suffisant, on arrive à faire de ses handicaps un atout et une source de créativité plutôt que quelque chose de larmoyant.

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