Entrepreneur par nature ?

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Les témoignages des entrepreneurs à la réussite sans précédent prêtent parfois à confusion. On s’imagine que la réussite était inscrite dans leurs gènes et qu’ils étaient destinés à connaître le succès. Si certains ont évidemment des prédispositions à devenir entrepreneur, la réalité est loin d’être aussi simple.

Un être imaginaire dans la réalité

Entreprendre apparaît souvent comme une affaire de vocation, voire de prédestination. Et nous, public rêveur et avide de contes de fées, nous aurions envie d’y croire. Croire qu’un héros est là, devant nous. Un héros en chair et en os, talentueux par naissance et généreux par nature, sachant d’emblée comment manier au mieux le business plan et à  la vision intuitive, à l’aise dans la négociation comme dans la réflexion, pragmatique et dynamique sur son marché comme auprès de ses équipes.

Mais cet entrepreneur idéal n’est qu’une construction abstraite qui se nourrit de nos fantasmes partagés. Un être composite et à vrai dire irréel, qui habite nos imaginaires et qu’on hésite trop souvent à questionner dans son épaisseur contradictoire, riche, paradoxale, d’être vivant, d’être en devenir, d’être en permanente réinvention de soi. Réinvention de soi qui se joue au sein d’une culture, dans un endroit particulier et un temps historique donné, dans un contexte socio-économique, politique et culturel dont l’impact est crucial aussi bien pour l’individu que pour sa création, l’entreprise.

Une motivation été des objectifs avant tout 

La littérature académique consacrée aux entrepreneurs ne cesse d’apporter, depuis quelques décennies, des preuves consistantes en faveur de la thèse de l’entrepreneur comme individu intégré dans un processus ou un acte de création. Un individu doté, certes, de motivations et d’objectifs spécifiques, mais aussi un individu en processus d’acquisition de compétences tout au long de sa vie.

L’approche par les traits qui espérait pouvoir dresser il y a des années une typologie stable des personnalités dites entrepreneuriales est aujourd’hui abandonnée par la plupart des chercheurs de la discipline. Bruyat (2001), pour ne citer qu’un nom très connu en France, a depuis montré qu’entreprendre est une question de rencontre opportune entre un être humain et un projet de création, une question de dialogue où l’individu construit le projet qui construit l’individu qui construit le projet et ceci presque à l’infini ou, tout au moins, jusqu’à la fin d’une vie.

Ce qui fait finalement un entrepreneur

Finalement un entrepreneur reste avant tout quelqu’un capable de poser sa vision et de se projeter dans le temps avec une idée qu’il transforme en projet puis en entreprise. Il s’agit avant tout d’une personne qui va fortement évoluer avec le temps et devoir prendre en compte bon nombre de données dont il ne dispose pas à l’origine. S’il peut se fixer sur sa vision de l’avenir pour lancer son entreprise, les apprentissages seront nombreux et il sera loin de tout faire parfaitement. Les plus grands visionnaires ont connu des échecs mais la question demeure davantage de savoir ce qu’ils en ont tiré plutôt que de se concentrer sur ce qui n’a pas marché. 

Il doit avant tout être un chef de projet car une entreprise ne reste qu’un projet parmi d’autres. A cette fin, il doit pouvoir partager sa vision, être un bon manager, réactif et capable de se remettre en cause tout en affirmant ses convictions quand cela est utile. Bon nombre de ses compétences se développeront tout au long de son expérience entrepreneuriale même si on peut se dire qu’avant tout un entrepreneur est quelqu’un capable de supporter la pression et de savoir détecter des opportunités.

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