Découvrer le potentiel de vos salariés

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Interview de Muriel Garcia, Présidente de l’association Innov’acteurs.

Qu’est-ce que l’Innovation Participative ?

Dans Innovation Participative nous avons deux mots :

  • le mot innovation qui suggère une posture de d’éveil, de curiosité, d’audace et de prise de risque ;
  • le mot participatif qui invite à un mode de management privilégiant l’écoute et le dialogue, la prise d’initiative et le droit à l’erreur.

Ces notions induisent d’ores et déjà un essentiel du management des idées : tout collaborateur a du potentiel, il doit être en mesure de pouvoir l’exprimer au travers notamment d’un dispositif d’Innovation Participative. Par définition, l’Innovation Participative est une démarche de management structurée visant à stimuler et à faciliter l’émission, la mise en œuvre et la diffusion d’idées par l’ensemble du personnel. Avec les membres de l’association INNOV’ACTEURS, association que je préside, nous avons élaboré un outil d’aide à la mise en place de l’Innovation Participative : le référentiel INNOV’ACTEURS. Ce référentiel met en évidence les leviers d’actions pour réussir la mise en place de la démarche IP.

A quoi peut-elle servir dans une entreprise ?

Elle répond à des enjeux de performance économique et sociale. De ce point de vue ma posture personnelle consiste à affirmer que c’est la performance sociale qui génère la performance économique. La raison d’être de l’Innovation Participative est bien de créer les conditions favorables à l’expression des salariés, expression constructive et organisée, afin qu’ils soient des contributeurs, impliqués, actifs et producteurs d’idées nouvelles au service de l’intérêt général de l’entreprise et de sa croissance. Les gains économiques se mesurent plus facilement que les gains immatériels (la motivation au travail, le présentéisme…). A noter que pour le secteur industriel les gains financiers se mesurent en millions d’euros.

L’Innovation Participative améliore-t-elle les rapports avec la hiérarchie pour les salariés ?

Elle y contribue implicitement et directement dès lors qu’elle instaure une relation de confiance entre le managé et le manager, une forme de générosité et de bienveillance envers la capacité d’autonomie et d’initiative du collaborateur, capacité à générer et à recevoir leurs idées sans a priori et aussi capacité à s’engager, à les mettre en œuvre dès lors qu’elles sont évaluées objectivement pertinentes et bénéfiques à l’entreprise.
Chez Innov’acteur nos valeurs sont humanisme, ouverture, échange d’utilité et diversité en incarnation de ce que représente et véhicule le management des idées. En toute cohérence cela renvoie au rôle du manager, rôle de développeur de compétences confiant en la capacité d’autonomie et de prise d’initiative du collaborateur.

Comment savoir si la mise en place d’une démarche d’Innovation Participative serait adaptée pour mon entreprise ?

Je n’ai pas de réponse formatée sur le sujet. En revanche, elle induit un type de management participatif fondé sur la considération des personnes et une capacité d’écoute bienveillante et de prise en compte des propositions des collaborateurs qu’elles soient spontanées et ou orchestrées. La question initiale reste bien pour quoi faire et pour quelle utilité ? Tant que je n’ai pas pris le temps nécessaire pour y répondre, je construirais inévitablement une usine à gaz sans âme et sans résultat significatif.

Quelle est la différence entre l’Innovation Participative et la R&D dans une entreprise ?

La frontière est de moins en moins opportune dans un contexte où les stratégies d’alliance et de coopération sont de plus en plus pratiquées : une entreprise innovante, c’est l’ensemble des salariés au sein de l’entreprise qui doit être mobilisé chacun apportant sa compétence et son talent au service du projet d’entreprise.

De fait, la crise, financière et sociale a provoqué inévitablement des opportunités pour l’innovation de rupture et à l’ère du collaboratif, de la co-construction, de l’open innovation, du fonctionnement en réseau et en alliance, comment peut-on imaginer de préserver le cloisonnement dans l’entreprise et les baronnies : l’Innovation des salariés d’un côté, l’Innovation R&D de l’autre, un petit client au milieu ? L’Innovation est un tout et c’est un état d’esprit qui doit transpirer dans l’ensemble de l’entreprise et pas uniquement pour un secteur de celle-ci ou pour une partie de ses acteurs !

A quel type d’entreprise cette démarche s’adresse-t-elle ? Est-ce qu’elle peut être mise en place dans une petite entreprise ?

Toute sans exception, la philosophie, l’état d’esprit et le raisonnement reste le même quelles que soient la taille et la structure de l’entreprise. En revanche et à l’identique du management de projet, plus la taille de l’entreprise est grande, plus son organisation est complexe, plus le nombre d’acteurs est important, plus il convient de structurer et formaliser le projet.

Si je reprends le référentiel d’INNOV’ACTEURS la logique des questions à se poser pour réussir reste la même ; au nombre de trente, elles pourraient se résumer à :

  • pourquoi et pour quoi je souhaite moi dirigeant d’entreprise, avec mon staff, mettre en place l’IP chez moi ? Faire des économies, améliorer les conditions de travail, associer à la conception de la stratégie, traiter les dysfonctionnements, etc. ?
  • Quel dispositif je mets en place, comment je l’anime et avec qui (leviers processus, idée spontanée et provoquée) ?
  • Qui j’associe en interne et en externe (fournisseurs, client), pour quel rôle ou responsabilité ?
  • Comment je valorise et reconnais la performance de mes collaborateurs ; dois-je les former à la créativité, aux méthodes de résolution de problème, à l’animation de groupe…?
  • Comment je communique sur le sujet tant en interne qu’en externe…

En passant en revue l’ensemble des questions et en structurant le projet je me donne les moyens de réussir sachant qu’en tant que dirigeant mon rôle se doit d’être exemplaire et je dois encourager, porter et accompagner par ma présence, mon discours, mes actes le projet IP de mon entreprise.

Comment l’Innovation Participative est-elle née ?

Historiquement, les premières manifestations de l’Innovation Participative apparaissent dans les années 80 avec la boîte à idées. Assez peu organisée, sporadique, il s’agit d’une démarche spontanée qui émerge d’abord dans cercles de qualité. Puis au fil des années 90 et au début des années 2000, l’approche évolue, les outils de gestion des idées apparaissent. On formalise les délais, la traçabilité, on utilise des scénarios de résolution de problème. à l’époque, l’Innovation Participative est quantitative et verticale. Elle s’inscrit plutôt dans le monde industriel, largement pilotée par le domaine de la qualité.

Progressivement a émergé un « univers de l’innovation » : une communauté de parties prenantes internes et externes. L’Innovation au sens large concerne maintenant aussi bien l’Innovation incrémentale que l’Innovation de rupture et elle peut être portée par la R&D ou le marketing, mais aussi par tout salarié quand il s’agit d’améliorer les procédés. Jusqu’ici, la collaboration était dissociée.

Aujourd’hui, c’est l’interaction de cet ensemble qui fait qu’une entreprise pourra être décrétée innovante. Grâce aux nouvelles technologies, tous les secteurs d’activité de l’entreprise sont touchés et l’Innovation Participative se concentre maintenant sur le qualitatif. Elle mise sur la créativité, en lien avec la stratégie, dans une logique de bulle ouverte et dynamique. L’Innovation Participative est de plus en plus perçue comme un moyen de faire entrer l’humain dans l’entreprise mais aussi de redonner du sens à l’action. On n’est plus dans la seule recherche d’innovation mais dans la construction d’un état d’esprit global d’entreprise innovante.

Les chiffres-clés

L’Observatoire du Management de l’Innovation 2009 de Bearing Point révèlent que 75 % des entreprises du panel de l’étude, déclarent s’être dotées de dispositifs de management de l’Innovation salariés, quelle qu’en soit l’appellation (Innovation Participative, Innovation salariés, management des idées …). Trois ans en arrière, rien ne transpirait sur le sujet. Exemple : en 2010, Le  groupe La Poste, signataire en 2008 de la charte d’engagement IP d’INNOV’ACTEURS affiche 10 107 idées : 60 % sont produites par La Banque Postale avec un taux d’application de 72 %.

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