Être dirigeant de TPE en pleine crise économique

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A bien y réfléchir, qui aurait envie d’être dirigeant de TPE en pleine crise économique ? Et pourtant, ils sont nombreux à relever le défi quotidien de développer leur entreprise, d’embaucher, de créer.

De la théorie à la pratique

Dans l’esprit collectif, le dirigeant d’entreprise à un statut à part. Considéré comme un nanti, il a du pouvoir et gagne de l’argent. Qu’en est-il vraiment ?

Bien sûr il s’agit de gagner sa vie, pas si évident quand la réalité vous rattrape, et ce sans compter les nombreux obstacles que peut rencontrer un dirigeant de petite entreprise.
Être dirigeant, c’est être hyper polyvalent et maîtriser tous les métiers liés à la vie de son entreprise : technique, production, qualité, commercial, administratif, juridique, comptable, gestion. Autant de fonctions pour lesquelles un patron ne réalisera pas les recrutements nécessaires à l’inverse d’une grande société.

En effet, la priorité, lorsque l’on dirige une petite entreprise, c’est de recruter les personnes répondant aux besoins spécifiques de son activité. Celles qui participent 100 % de leur temps à créer le chiffre d’affaires et la valeur ajoutée de l’entreprise. Pour le reste, la très grande majorité des dirigeants de TPE se débrouille. Obtenant, in fine, des emplois du temps surchargés.

L’entrepreneuriat à le vent en poupe 

Une étude réalisée par OpinionWay entre le 15 et le 21 février 2023 pour l’événement Go Entrepreneurs et Bpifrance a mis en lumière  que près d’un Français sur quatre souhaiterait créer une entreprise, d’en reprendre une ou de se mettre à son compte. Un rêve que partagent près de 12,9 millions d’entrepreneurs potentiels.

Cette tendance se confirme depuis 3 ans, avec les jeunes de 18 à 30 ans qui sont deux fois plus nombreux (49%) à vouloir entreprendre. Les femmes seraient également plus nombreuses que les hommes à souhaiter se lancer dans l’aventure entrepreneuriale (28% contre 20%).

Pourtant des freins !

La peur de l’échec :  un frein majeur. En effet, selon l’enquête OpinionWay, 66% des Français sondés ont indiqué que la peur de l’échec est un facteur qui freine leur envie d’entreprendre. Cette peur paralyse particulièrement les jeunes de 18 à 30 ans (72%) ainsi que les femmes (71%).

Le manque de financement :  un frein majeur. Les répondants estiment qu’il leur faudrait un budget d’au moins 22 480€ pour lancer leur affaire, mais ils n’en disposent en moyenne que de 12 000€. Ce manque de moyens est particulièrement important chez les 18-30 ans, qui estiment avoir besoin de 17 000€ pour lancer leur projet, mais qui n’ont que 4 685€ de disponible. Ainsi, à 48%, ils citent les aides financières (primes, subventions, bourses…) comme dispositif sur lequel s’appuyer pour la création de leur projet. Les solutions de financement (prêt participatif, prêt d’honneur, prêt bonifié) sont également citées par 40% des sondés.

Les perspectives pour 2023

Pour 2023, la croissance des TPE a connu une récession avec l’effet de l’inflation.  Le quotidien du dirigeant ressemble finalement à une succession d’urgences que la crise accentue en venant aggraver les problématiques de trésorerie. 

Selon le sondage de l’Ifop en partenariat avec Fiducial du 19 octobre 2023 met en exergue l’optimisme des dirigeants pour leur propre activité. En effet, elle augmente de 15 points en 6 mois, dont 7 points sur les 3 derniers mois, pour atteindre 63 % à l’issue de ce troisième trimestre. Un niveau de confiance au plus haut depuis 2007.

Des indicateurs économiques et financiers globalement stables

73 % des dirigeants de TPE interrogés déclarent ne pas rencontrer de difficultés financières. Un taux en progression forte sur les 3 derniers mois : ils étaient 56 % au premier trimestre et 61 % au second trimestre de cette année.

Les emplois ?

Les suppressions de postes restent stables. 8 % des dirigeants interrogés ont été amenés à supprimer un ou plusieurs postes depuis juillet 2023. Un taux comparable aux deux derniers trimestres. 12 % des dirigeants sondés ont embauché un ou plusieurs collaborateurs depuis le 1er juillet 2023 ou envisageaient de le faire avant le 30 septembre. La dynamique d’embauche est particulièrement forte dans le commerce, l’hôtellerie et les services aux particuliers, avec respectivement 14 %, 15 % et 16 % d’entreprises ayant embauché du personnel.

Néanmoins, 7 % des TPE ont renoncé à réaliser un emprunt ces derniers mois en raison des taux d’intérêts. Un taux qui grimpe à 13 % dans le secteur de l’hôtellerie.

Transitions écologique et numérique au cœur des enjeux de l’entreprise

Interrogés sur les enjeux qu’ils considèrent parmi les plus importants pour leur entreprise, les dirigeants évoquent en priorité :

  • la transition écologique (64%), 
  • la transition numérique et la digitalisation des activités (55%), 
  • la formation des collaborateurs (54%) 
  •  la RSE (52 %). 

La trésorerie au centre de toutes les inquiétudes

Le contexte actuel fragilise les entreprises au niveau financier, d’ailleurs les tribunaux de commerce notent que les défaillances s’accélèrent et que le délai moyen entre la survenue de l’incident de paiement et la mise en cessation est compris entre 3 et 6 mois aujourd’hui.

Il est important de souligner  que les relations avec les banques sont de plus en plus tendues. L’accès au crédit est devenu quasi impossible alors que les TPE ont besoin d’une aide financière pour reprendre une activité saine et prévoir un investissement (machine ou RH) pour faire face à un débouché potentiel favorisant le développement de l’entreprise.

Quelles solutions adopter ?

Pour éviter l’effet ciseaux qui étouffe nos PME, moteur incontournable de la croissance économique française, de bonnes pratiques sont à mettre en œuvre afin de limiter les risques de dégradations de la trésorerie. Un seul mot : anticiper !

  • Faire des prévisions de cash à 6 mois, en cette période, elles sont à actualiser mensuellement. Prendre en compte les dates exactes d’encaissement et de décaissements, les délais de règlements convenus, traduire l’activité commerciale en flux prévisionnel de recettes.
  • Réduire au maximum son Besoin en Fonds de Roulement, cela passe par une grande rigueur au niveau de la facturation et du recouvrement client puis négocier les délais de paiement avec vos fournisseurs.
  • Optimiser au maximum les stocks, les réduire au minimum nécessaire et suffisant pour l’activité.
  • Utiliser les crédits de trésorerie, avant que la situation ne devienne insupportable il vaut mieux demander une ligne de découvert ou un relèvement du plafond de découvert autorisé. Plus facile à négocier lorsque l’entreprise rencontre les premières difficultés que plus tard.
  • Encadrer ces négociations commerciales, en mettant en place si possible des conditions générales de ventes permettant des acomptes de 30 à 40% du montant de la commande. Durcir les conditions de négociations aussi bien en termes de prix que de délais de règlement, pour cela une maîtrise des coûts présente l’avantage de connaître ses prix de revient. Enfin, surveiller la situation financière de ses clients afin d’éviter ou limiter les contrats avec les clients les plus en difficultés.
  • Retravailler la marge, deux aspects à mettre en œuvre, il faut orienter le développement des ventes sur les produits à forte marge tout en acceptant de diminuer temporairement cette marge sur certains produits pour créer du cash.

L’accompagnement , une clef 

Les répondants estiment que l’accompagnement est crucial pour la création d’entreprise. 57% des sondés pensent que l’accompagnement est essentiel pour réussir dans l’entrepreneuriat. Ce chiffre monte à 62% chez les femmes.  Ne pas rester isolé et savoir s’entourer participe à la construction d’un réseau pérenne et bénéfique pour la suite de l’aventure entrepreneuriale. A noter que la période la plus propice à l’accompagnement se situe après le lancement de l’activité pour 38% des entrepreneurs. 

Alors mettons tout en œuvre pour que les patrons de petites entreprises parviennent eux aussi à se faire accompagner. De nombreux projets locaux existent et fonctionnent, essayons de les étendre et de continuer à en faire profiter les dirigeants.

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